Nous avions 52 soldats tués, dont 17 classés disparus. Les archives communales, militaires ou de nécropoles et les sites internet spécialisés ont permis de faire aboutir de nouvelles recherches. Au final, nous avons fait inscrire un 53e nom de soldat sur le monument, oublié, car sa transcription était arrivée en 1923, et nous n’avons plus que 8 disparus. Nous avons retrouvé 4 soldats dans des nécropoles et 5 soldats enterrés au cimetière de Cras, dont les messes de sépulture apparaissaient bien dans les archives paroissiales. La suppression des tombes nous avait empêché de les tracer.

Nos recherches ont permis de comptabiliser 87 départs de soldats le 3 Août 1914, de trouver 265 mobilisés sur la période sur une population de 996 et de pouvoir lister les noms des décorés, des soldats par régiment et leurs parcours.

L’exposition, créée avec la participation de la bibliothèque et enrichie par l’exposition du collectionneur Jean-Claude Zagonel, présentait :

• 53 fiches couleur détaillées de nos soldats tués, ainsi que 16 soldats « disparus » transcrits ailleurs,
• 265 fiches des mobilisés de Cras,
• Différents panneaux sur « Prosper Convert, sa plume au service de la Nation », le rôle des femmes à l’arrière à travers leurs lettres, les « choses vues » par un trappiste sur la ligne de front, le voyage mémoriel de juin 2014 sur les tombes, les statistiques présentées en tableaux et expliquées.

Elle a été visitée par 6 classes élémentaires et complétée par une conférence de Rémi Riche, président de l’association « En Bresse d’hier et d’aujourd’hui ». Chacun a pu apprendre sur sa propre famille, sur sa commune et sur l’histoire de cette guerre. Merci à tous ceux qui ont œuvré pour ce devoir de mémoire.

La richesse de la documentation locale rassemblée par l’association a imposé très rapidement l’idée d’un ouvrage synthétique. Au départ, il s’agissait essentiellement de rendre hommage aux soldats crassois morts pour la France. Mais la grande diversité des éléments réunis dépassait ce cadre. Le chemin de fer mis en place, c’est-à-dire le plan du cheminement rédactionnel, a reposé sur des choix :

• suivre la chronologie des années 14-18 à travers les nombreux courriers rassemblés, témoignage « vivant » de premier ordre.
• mixer une rédaction linéaire –sur le contexte historique– avec de nombreux hors-textes illustrant le propos, multipliant ainsi les entrées de lecture dans chacune des pages, de surcroît avec des photos soigneusement légendées.
• dédier un cahier central aux soldats tués en les présentant individuellement si possible avec photo.
• placer le voyage mémoriel en fin d’ouvrage afin de boucler la boucle entre hier et aujourd’hui.

La rédaction s’est ainsi littéralement « déroulée » sur une soixantaine de pages.

L’association a organisé un voyage mémoriel sur toute la ligne de front, des Vosges au Pas de Calais, en passant par la Marne, la Champagne, la Somme et l’Aisne, avec deux adhérents, notre maire et deux anciens combattants. Il a permis, 100 ans après, d’approcher au plus près les lieux de combat, de comprendre la désolation causée par cette guerre et de transmettre cette mémoire à la collectivité par un diaporama qui a été apprécié.

19 nécropoles, 26 tombes de nos soldats et 5 sites remarquables ont été visités. Grâce à l’accueil de l’ancien maire de Souain dans la Marne, nous avons marché dans les terres crayeuses, où l’un de nos soldats a été porté disparu, puis visité le monument Navarin, à la mémoire des 30 000 morts, et découvert les tranchées de la main de Massiges. Notre plus forte émotion s’est produite dans la nécropole de Ban de Sapt (Vosges) : 960 croix, tombes de soldats français tombés ici, 860 en ossuaires et surtout de nombreux soldats bressans du 23e RI de Bourg, dont nos 5 crassois : Giroud, Bonhomme, Bourcet, Charnay P. Michon.