Des céramiques décoratives uniques dans l'Ain !
L’église Saint-Maurice de Neuville-les-Dames, construite à la fin du 19e siècle, possède plus de 65 céramiques décoratives, spécificité architecturale qui lui donne une singularité toute particulière. Sur les façades extérieures comme à l’intérieur de l’église, le bâtiment se pare de bandeaux, rosaces, et autres métopes, qui habille l’architecture de couleurs chaudes et vives.
Une église bien dans son époque
La fin du 19e siècle en France voit naître un engouement nouveau pour les céramiques décoratives. Ces pièces en terre cuite, jusqu’alors délaissées en France, deviennent un moyen moderne, esthétique, et économique, de décorer les façades extérieures des bâtiments publics et privés.
Construite entre 1889 et 1892, l’église de Neuville-les-Dames sort de terre en pleine période d’âge d’or de l’argile, et les commanditaires de l’église semblent avoir voulu prendre part à cette frénésie.
Cet engouement nouveau pour les céramiques s’explique de plusieurs manières. En premier lieu, par les progrès techniques et industriels : dans les années 1830, est inventée une nouvelle faïence dite « ingerçable », c’est-à-dire ne se gerçant pas à la chaleur ni au froid, et résistantes aux intempéries, parfaite donc, pour les décorations extérieures.
L’industrialisation de la production, dans un second temps, permet une production de masse des céramiques à faible coût, et le chemin de fer permet leur large diffusion. C’est ainsi que la fabrique Perrusson et Desfontaines, chargée de la production de céramiques pour l’église Saint-Maurice, fait envoyer les céramiques par le train depuis la Saône-et-Loire où l’usine est située, jusqu’à la gare de Vonnas avant d’être acheminées jusqu’à Neuville-les-Dames en charrette !
Comme ses concurrents, Perrusson et Desfontaines s’adapte à cette nouvelle production de masse, et s’assure une clientèle en faisant la promotion de ses créations à travers sa villa, qui, chargée d’éléments décoratifs issus de la production de l’entreprise, sert à exposer le catalogue de l’usine. C’est d’ailleurs très certainement sur catalogue que les céramiques décoratives de l’église Saint-Maurice ont été commandées, puisque l’on retrouve dans les catalogues de l’entreprise des modèles identiques à ceux que l’on peut observer en façade et à l’intérieur de l’église, comme par exemple les deux cadrans des horloges du clocher (céramique n° 215 du catalogue) ou encore les dix-huit métopes (n° 82 du catalogue).
Outre les facteurs technique, l’intérêt porté aux céramiques à cette époque s’explique aussi par un attrait pour l’Orient suscité par les campagnes de Napoléon et les nouvelles découvertes archéologiques, ainsi que la redécouverte de la polychromie de l’architecture antique et médiévale qui insufflent chez les architectes une envie nouvelle de couleur. Dans le même ordre d’idée, de grandes figures telles qu’Eugène Viollet-le-Duc, préconisent l’usage des matériaux céramiques, influençant grandement les jeunes générations d’architectes.
Enfin, le rôle capital des expositions universelles est à souligner : les céramiques font leur apparition dès la première exposition universelle de Paris en 1855 et ne cesse de gagner en importance lors des éditions suivantes de 1867 et 1878. L’année 1889 marque l’apogée de la céramique décorative en France, avec l’une des plus importantes présentations de modèles de céramiques architecturales produites par les plus célèbres manufactures de toute l’Europe. Cette même année, Perrusson présente ses céramiques dans un pavillon au pied de la Tour Eiffel.
Ce nouvel attrait pour les céramiques décoratives en fait un matériau de prédilection dans la décoration des très nombreux bâtiments publics et privés construit à la fin du siècle, et de nombreuses communes se dotent des armes de la ville, de médaillons et blasons portant la dénomination du lieu, ou encore de la mention RF pour République Française. La bourgeoisie quant à elle, est en plein essor et commande une architecture qui la distingue. Il n’est pas étonnant alors, que Monsieur Dugas, maire de la ville et principal donateur pour les travaux de construction de l’église Saint-Maurice, ait voulu souligner son rang en offrant à l’église des céramiques décoratives, marqueur social par excellence. Son blason est d’ailleurs bien visible sur les céramiques du balcon de la tribune, ne manquant pas de souligner son édilité.
Il ne fait aucun doute alors, que cette volonté d’inclure des céramiques dans la décoration de l’église permettait de faire passer un message fort : celui d’un bienfaiteur moderne, à la pointe de la mode en termes d’architecture, et dont le statut social n’était plus à démontrer. Pourtant, si ce parti pris esthétique inscrit l’église dans son époque, ce choix est loin d’être une généralité dans l’architecture aindinoise et dans l’architecture religieuse.
Particularités des céramiques de l’église Saint-Maurice de Neuville-les-Dames
Si l’église Saint-Maurice de Neuville-les-Dames s’inscrit dans son temps, elle n’en reste pas moins exceptionnelle. Si le goût pour les céramiques se répend dans le bassin parisien, le Creusot, le Limousin ou encore le Beauvaisis, toutes les régions de France ne sont pas touchées par cette déferlante d’argile, et les aindinois ne montrent que peu d’intérêt pour cet élément décoratif.
Si l’on en retrouve quelques exemples sur des bâtiments signés Tony Ferret, grand ami de Perrusson et Desfontaines et architecte de la région, le Pays de l’Ain reste relativement insensible aux charmes de la terre cuite. Des céramiques étaient visibles sur la façade du lycée de jeunes filles Marcelle Pardé de Bourg-en-Bresse (anciennement Edgar Quinet, elles ont été retirées par la suite), sur la maison de Tony Ferret à Bourg-en-Bresse également, ou encore sur quelques maisons bourgeoises de la ville de Trévoux, mais les exemples restent rares.
En ce qui concerne les édifices religieux, il existe des exemples d’églises décorées grâce à des céramiques, mais celles-ci sont principalement localisées en région parisienne ou dans des régions où la céramique connu un plus grand succès comme l’église de Saint-Leu-Saint-Gilles à Saint-Leu-la-Forêt dans le Val-d’Oise dont les trois médaillons pour les tympans sont réalisés en 1849 par les Giuseppe Devers, ou l’église Saint-Pierre de Limoge, dans laquelle des chapiteaux de style corinthien sont fabriqués en porcelaine. Les exemples restent malgré tout relativement peu nombreux.
Comment expliquer alors, ce choix des commanditaires, de décorer l’église Saint-Maurice de céramiques ? Il faut très certainement chercher du côté de Tony Ferret, architecte de l’église de Neuville-les-Dames. Sa bonne entente avec Perrusson n’est plus à démontrer, et c’est le trio formé avec Lucien Bégule, qui fut chargé de la construction de l’église Saint-Maurice : Ferret pour l’architecture, Bégule aux vitraux, et Perrusson aux céramiques. Il est donc fort probable que Tony Ferret ait réussi à convaincre Dugas et la Fabrique de Neuville-les-Dames de faire réaliser les décors et les vitraux par ses collègues et amis.
Les céramiques décoratives apportent aux décors de l'église Saint-Maurice une touche de lumière et de couleur, qui réhausse et réchauffe l’ensemble de l’architecture. Cette spécificité Neuvilloise donne à l’église une grande singularité dans une région où cet esthétique reste méconnu, tout en affirmant son appartenance au siècle d’Eiffel et de Zola. L’un dans l’autre, l’église Saint-Maurice de Neuville-les-Dames est donc une rareté, en France, et dans le Pays de l’Ain.
Consulter d'autres ressources sur Tony Ferret
Légende inscrite sur la carte postale : Eglise Notre-Dame de Bourg réédification du clocher -Tony Ferret, architecte
Cote archives départementales : 5 Fi 53-177
Commune : Bourg-en-Bresse (Ain, France)
Lien ark de la notice : Consulter
Légende inscrite sur la carte postale : Eglise Notre-Dame De Bourg - Réédification du Clocher - Tony, Ferret, Architecte
Cote archives départementales : 5 Fi 53-1427
Commune : Bourg-en-Bresse (Ain, France)
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[Maison Tony Ferret au Bastion]
Cote archives départementales : 5 Fi 53-1200
Commune : Bourg-en-Bresse (Ain, France)
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Vue générale depuis l'entrée
Fiche photothèque/audio/vidéo : 8746
Lieu ou édifice : Eglise Saint-Joseph
Commune : Oncieu (Ain, France)
Description : L'église Saint-Joseph d'Oncieu a été reconstruite entièrement au 19e siècle, avec une consécration le 3 août 1842. En 1895 l’église fut restaurée par l’architecte Tony Ferret. Elle occuperait peut-être l'emplacement de l'ancienne chapelle du château. L’église comporte une nef de trois travées voûtées en berceau, séparées par des arcs doubleaux reposant sur des piliers cylindriques séparées des murs. Sur la travée la plus proche du chœur, s’ouvrent les deux oratoires aveugles, en cul-de-four (chapelle Saint-Laurent et chapelle de la Vierge). Vient ensuite une travée de chœur et une abside en cul de four aveugle, mais percée d’une porte donnant accès à la sacristie au dessus de laquelle s’élève le clocher. Dans le portail, on a remployé deux chapiteaux romans provenant peut-être du portail de l’ancienne église.
Type de support : photo
Taille ou durée : 3000 x 2000 px 3 Mo
Format : Jpeg 350 dpi, Couleur
Date de prise de vue : 2022-03-31
Auteur : Département de l'Ain / N. Prost
Vue générale depuis le choeur
Fiche photothèque/audio/vidéo : 8747
Lieu ou édifice : Eglise Saint-Joseph
Commune : Oncieu (Ain, France)
Description : L'église Saint-Joseph d'Oncieu a été reconstruite entièrement au 19e siècle, avec une consécration le 3 août 1842. En 1895 l’église fut restaurée par l’architecte Tony Ferret. Elle occuperait peut-être l'emplacement de l'ancienne chapelle du château. L’église comporte une nef de trois travées voûtées en berceau, séparées par des arcs doubleaux reposant sur des piliers cylindriques séparées des murs. Sur la travée la plus proche du chœur, s’ouvrent les deux oratoires aveugles, en cul-de-four (chapelle Saint-Laurent et chapelle de la Vierge). Vient ensuite une travée de chœur et une abside en cul de four aveugle, mais percée d’une porte donnant accès à la sacristie au dessus de laquelle s’élève le clocher. Dans le portail, on a remployé deux chapiteaux romans provenant peut-être du portail de l’ancienne église.
Type de support : photo
Taille ou durée : 3000 x 1909 px 3 Mo
Format : Jpeg 350 dpi, Couleur
Date de prise de vue : 2022-03-31
Auteur : Département de l'Ain / N. Prost
Vue générale de la chapelle de la Vierge
Fiche photothèque/audio/vidéo : 8748
Lieu ou édifice : Eglise Saint-Joseph
Commune : Oncieu (Ain, France)
Description : L'église Saint-Joseph d'Oncieu a été reconstruite entièrement au 19e siècle, avec une consécration le 3 août 1842. En 1895 l’église fut restaurée par l’architecte Tony Ferret. Elle occuperait peut-être l'emplacement de l'ancienne chapelle du château. L’église comporte une nef de trois travées voûtées en berceau, séparées par des arcs doubleaux reposant sur des piliers cylindriques séparées des murs. Sur la travée la plus proche du chœur, s’ouvrent les deux oratoires aveugles, en cul-de-four (chapelle Saint-Laurent et chapelle de la Vierge). Vient ensuite une travée de chœur et une abside en cul de four aveugle, mais percée d’une porte donnant accès à la sacristie au dessus de laquelle s’élève le clocher. Dans le portail, on a remployé deux chapiteaux romans provenant peut-être du portail de l’ancienne église.
Type de support : photo
Taille ou durée : 2263 x 3000 px 3 Mo
Format : Jpeg 350 dpi, Couleur
Date de prise de vue : 2022-03-31
Auteur : Département de l'Ain / N. Prost
Décor en céramique
Fiche photothèque/audio/vidéo : 7098
Lieu ou édifice : Eglise Saint-Maurice
Complément :
en savoir plus sur l'église de Neuville-les-Dames
Commune : Neuville-les-Dames (Ain, France)
Description : L'église a été terminée en 1892 selon les plans de l'architecte Tony Ferret. Décors en céramique des Ateliers Perrusson et Desfontaines, implantés à Ecuisses en Saône-et-Loire entre 1860-1960.
Type de support : photo
Taille ou durée : 2000 x 1907 px 2 Mo
Format : Jpeg 350 dpi, Couleur
Date de prise de vue : 2019-02-28
Auteur : Département de l'Ain / N. Prost
Tribune à décor de céramiques
Fiche photothèque/audio/vidéo : 7096
Lieu ou édifice : Eglise Saint-Maurice
Complément :
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Commune : Neuville-les-Dames (Ain, France)
Description : L'église a été terminée en 1892 selon les plans de l'architecte Tony Ferret. Décors en céramique des Ateliers Perrusson et Desfontaines, implantés à Ecuisses en Saône-et-Loire entre 1860-1960.
Type de support : photo
Taille ou durée : 2000x1455 px 1 Mo
Format : Jpeg 350 dpi, Couleur
Date de prise de vue : 2019-02-28
Auteur : Département de l'Ain / N. Prost