Fort l'Ecluse à Léaz

Simple maison fortifiée au 13e siècle, le fort l'Ecluse a connu un développement important entre 1834 et 1848 avec la construction d’un fort supérieur. Une galerie souterraine taillée dans la roche relie les forts inférieur et supérieur. Près de 500 hommes et 35 pièces d'artillerie pouvaient prendre place dans la forteresse.

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Le défilé de la Cluse un passage stratégique

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Carte du Baillage de Gez, Jean de Beins, ingénieur, 1604.

Le Fort l'Ecluse s'accroche aux pentes de la rive nord-ouest de la gorge creusée par le Rhône à travers les roches calcaires du Jura. Par-là s'écoulent les eaux du Léman vers la Méditerranée. Axe de communication naturel entre la France et le plateau helvétique, le défilé de la Cluse a de tous temps joué un rôle essentiel.

A l'origine, le Pas de la Cluse est déjà un passage stratégique...Redoutant que les Helvètes ne pénètrent en terre romaine, Jules César fait construire un remblai de terre de 28 km de long, défendu par un profond fossé. Cette fortification linéaire appelée "le mur de César" s'étire au long du Rhône, de Genève à la montagne du Vuache, en face du site actuel du fort. Une maison forte est construite par le sire de Gex au 13e siècle sur la rive nord du Pas de la Cluse. D'importants travaux sont entrepris pour la renforcer à la fin du 15e siècle.

Après les sièges successifs des Bernois et des Genevois au 16e siècle, le fort s'agrandit au 17e siècle. Une première enceinte, puis une tour sont construites sur les principes de la fortification bastionnée issus de la Renaissance italienne et commandés par les perfectionnements de l'artillerie.

Au cours du 18e siècle, les ingénieurs du génie formés aux théories de Vauban s'activent au chevet du fort. Ils en reconnaissent tous les faiblesses. La falaise à laquelle il s'accroche empêche tout agrandissement. "Ce n'est qu'un nid d'hirondelle appliqué contre le rocher" conclut l'ingénieur d'Arçon…Les combats entre Français et Autrichiens en 1814 prouvent le bien-fondé d'une protection sur les hauteurs. Une caserne défensive au-dessus du vieux fort est décidée en 1832. Plus de dix ans sont nécessaires pour couronner la montagne de cet imposant ouvrage…

Vidéo Fort l'Ecluse, forteresse imprenable


Le fort inférieur : un ouvrage d'interdiction

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La porte de France

Malgré une longue histoire, le Fort l’Ecluse montre essentiellement une forteresse de la première moitié du 19e siècle. Détruit par les autrichiens en 1815, sa reconstruction de 1820 à 1828, reprend l'essentiel du plan originel en intégrant ce qui a pu être récupéré de l'édifice précédent. Ce dernier était lui-même issu des campagnes de restructuration menées entre 1690 et 1720, au moment de son intégration au grand système de défense des frontières réalisé par Louvois et Vauban sous l'autorité de Louis XIV.

Lors de la reconstruction, on supprime deux des quatre portes. Les portes dites "de France" et de "Genève", sont munies de ponts levis équipés de systèmes de contrepoids "à la Bélidor" dont les rampes courbes sont encore visibles. On établit plusieurs bâtiments pour la garnison et on améliore la protection verticale, le cloisonnement intérieur et le défilement des emplacements des pièces tirant toutes à embrasure. Le fort est ainsi l'archétype de ce que les professionnels appellent un ouvrage « d'interdiction », dont il n'existe en France que quatre ou cinq exemplaires.


Le fort supérieur : un ouvrage de protection

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Il est construit entre 1834 et 1848, 200 mètres au-dessus du fort inférieur, comme ouvrage de "protection". En plus des vues lointaines que son altitude lui donne sur toute la région, son rôle est d'empêcher le renouvellement des événements de 1814 et 1815, c'est-à-dire l'écrasement des défenseurs du fort du bas par des projectiles jetés du haut de la falaise. On y remarque, en particulier, un formidable fossé creusé en plein roc, face à la montagne, devant une très belle caserne de siège à deux niveaux, prolongée aux deux ailes par des casemates à canon.

A l'entrée de l'ouvrage, au bout de la longue route militaire venant de Longeray, la porte, très simple, est datée de 1834. Elle possède encore ses vantaux qui sont plus récents, mais surtout un des derniers mécanismes survivants de pont-levis inventé en 1822 par le capitaine Derché "à contrepoids constant et moment variable".

En avant, une galerie de fusillade desservie par une très curieuse tourelle d'escalier de vingt mètres de haut et plaquée à la contrescarpe mène à un groupe de casemates « à feux de revers » tirant sur le glacis à contrepente.


Un labyrinthe de galeries entre les deux forts

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Les deux forts

Les deux ouvrages ne sont que les parties émergentes d'un triptyque dont le troisième volet est constitué par le labyrinthe de galeries abritant les 1165 marches de l'escalier reliant les deux niveaux. Sur la communication sont greffés magasins, abris et casemates pour quatorze pièces de canon, doublées, en surface, par des positions de batteries à air libre disposées en gradins. Toute cette artillerie, quasi invisible parce que placée sous roc ou bien se confondant avec le terrain, est orientée pour défendre le défilé tant en amont qu'en aval, mais aussi la rive gauche du Rhône et les replats dangereux du mont Vuache qui ne devinrent français qu'en 1860 (enlevant tout intérêt stratégique au Fort l’Ecluse).


Le fort aujourd'hui

Le Fort l’Ecluse, désarmé depuis 1952 et vendu par l’Armée française pour le franc symbolique en 1981, fait l’objet depuis plusieurs années d’une attention particulière des collectivités territoriales et du milieu associatif gessien.

Elément remarquable du paysage, le site du Fort l’Ecluse domine la gorge du Pas de la Cluse qui sépare la cuvette lémanique des plateaux de la Sémine. Accrochée à flanc de montagne tel un gigantesque « nid d’hirondelle », cette architecture militaire marque le passage entre deux régions naturelles liées par le Rhône qui serpente en contrebas. De par sa qualité environnementale, le défilé de l’Ecluse sur le Rhône est un site protégé.

 

 


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Vue de côté du Fort l'Écluse à Léaz



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Les mots à comprendre

Casemates : chambres voûtées à l’épreuve de l’artillerie. Soit elles sont actives, c’est à dire qu’elles servent d’emplacement de tir. Soit elles sont passives, elles ont alors pour fonction principale le logement des troupes.

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