Identité culturelle du pays de Gex

Territoire situé au nord-est du département de l'Ain, le Pays de Gex occupe une position atypique au carrefour d’influences diverses. De cette situation particulière enclavée entre les montagnes du Jura au nord, celles du Bugey à l'ouest, et la frontière suisse à l'est, il reste un territoire singulier qui s’est construit une identité propre.

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Le lac Léman

Histoire et situation du pays de Gex

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Carte du Baillage de Gex. Jean de Beins.1606

Au Moyen-Age, l'État savoyard définit la région lémanique, incluant le Pays de Gex, comme une entité politique. Au fil de l'histoire, il est annexé successivement par les Bernois puis les Genevois pour être finalement rattaché à la France en 1601.

Au 18e siècle, Voltaire jouant de sa notoriété dans les milieux dirigeants œuvre pour le développement économique du Pays de Gex.

Situé entre la France et la Suisse, le Pays de Gex a été très marqué par les trois guerres contre l'Allemagne. La défaite de 1870 crée a tout d'abord un fort sentiment de revanche dans le camp français, suivie de près par la Première Guerre mondiale de 1914-1918, qui participe vivement à la construction du sentiment national. Les Gessiens partant au front redécouvrent pour beaucoup leur appartenance au territoire français. La Seconde Guerre mondiale apporte une fracture dans cette dynamique. La frontière entre la zone libre au sud et la zone occupée au nord est dessinée par la Valserine, isolant encore une fois le Pays de Gex du reste du département de l'Ain en zone libre. Territoire décrété ensuite zone interdite, vraisemblablement du fait de sa proximité avec la Suisse, il est entièrement coupé de tout lien avec la France d'un côté et la Suisse de l'autre, à cause de la fermeture de la frontière.

Le Pays de Gex s'est également trouvé séparé par des convictions religieuses différentes, le catholicisme en France et la réforme protestante en Suisse, situation qui créera des tensions palpables au 16e siècle.

 


Une identité marquée par la frontière

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Sur la ligne frontière sur le Rhône

La géographie de la région a naturellement influencé le développement de l'économie locale du Pays de Gex. Par ailleurs, évoquer son identité, c'est parler de la frontière, de la douane et du lien existant entre l'homme et le territoire.

La zone franche créée en 1814 pour le Pays de Gex facilite les échanges économiques entre les deux pays voisins. Les flux d'argent, de produits et même d'hommes dans la région, créent un grand marché économique centré sur Genève. De nombreux Gessiens profitaient du pôle commercial de la ville pour aller y vendre leur lait et autres productions locales, développant ainsi l'activité du territoire et faisant du Pays de Gex le grenier de Genève. Cette dernière quant à elle devient une intéressante source d'emplois. 

La communauté constituée du pays de Gex, du département de la Haute-Savoie et des cantons de Vaud, Valais et Genève, forme le bassin lémanique. Cette appartenance à une même matrice culturelle est une chance pour ce territoire et pose en même temps la question de l'utilité de la frontière nationale. Genève à elle seule représente un lieu d'ouverture sur la culture internationale et de développement économique qui attire de nombreux Gessiens. L'apparition après la Seconde Guerre mondiale de grandes organisations internationales à Genève ne fera que que renforcer le caractère déjà multiculturel du Pays de Gex. 


Quelle appartenance aujourd'hui ?

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Borne frontière 131 à Saint-Genis-Pouilly

Encore aujourd'hui, le Pays de Gex vit dans le souvenir de son histoire singulière. Ces siècles d'échanges et de culture commune au sein du bassin lémanique n'ont été effacés ni par la Seconde Guerre mondiale ni par le refus de la Suisse d'intégrer l'Union Européenne. La perception particulière des limites territoriales par les frontaliers qui l'habitent a effacé quelque peu le rôle de la frontière et, par les échanges et interrelations, a contribué au développement rural local.

La construction des frontières nationales a séparé le Pays de Gex de la communauté du bassin lémanique. La douane, dès le 16e siècle, témoigne de l'affirmation des États. Le Pays de Gex sait tirer parti de cette situation et crée notamment la notion de frontaliers. A la différence des voyageurs occasionnels, les Gessiens vivent avec la frontière. Défini à l'époque comme une personne travaillant à Genève et habitant sur le sol français, le frontalier illustre la situation économique et culturelle atypique qui se développe près de la frontière, ainsi que la réciprocité des deux territoires. Ces comportements dessinent de nouveaux contours du territoire et rendent la frontière presque paradoxale. Les relations économiques et sociales des Gessiens semblent plus tournées vers Genève ou la Haute-Savoie que vers l'Ain.

Entre appartenance nationale et lémanique, le Pays de Gex tire profit des liens tissé au fil du temps. L'adhésion de la Suisse à l'espace Schengen avec la libre circulation des marchandises, des capitaux et des hommes n'a pas plus développé les échanges existants depuis bien longtemps déja entre le Pays de Gex et la Suisse.



A lire sur le sujet

Qui sont ces frontaliers ? Musées des pays de l'Ain. Direction des musées départementaux, Bourg-en-Bresse 2001

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