La Nativité
Rien de plus adapté que la période hivernale où l'allégresse autour de Noël est omniprésente, pour évoquer cette fête qui commémore pour les chrétiens la naissance de Jésus de Nazareth. Le thème de la Nativité représenté indifféremment dans les épisodes de la vie de la Vierge et dans les épisodes de la vie du Christ figure dans bon nombre d'oeuvres d'art de l'Ain.
Un peu d'histoire...
Par décret de l'Empereur Auguste, le recensement de la population de l'empire romain est lancé. Un denier sera également prélevé à cette occasion pour paiement de l'impôt au gouverneur. La province de Judée est la première à être évaluée.
Selon les récits des évangélistes Luc et Matthieu, tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d'origine. Joseph, de la lignée de David, entame ainsi un voyage depuis Nazareth en Galilée jusqu'à Bethléem, ville dont il est originaire. Il est accompagné de sa femme Marie enceinte."Et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune" Luc. II,7
La première mention du Noël chrétien n'apparaît qu'en 354, date tardive suite aux hésitations des historiens sur le jour précis de l'événement. Initialement fixée au 6 janvier, la fête sera avancée au 25 décembre, date à laquelle les jours ne raccourcissent plus et où la lumière l'emporte sur les ténèbres. L'étymologie du mot Noël provient de natalis, qui signifie naissance. La messe de minuit, quant à elle, ne sera introduite qu'au 5e siècle après la fondation de la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome.
La représentation de la Nativité dans l'art
Toute œuvre figurant la naissance du Christ appartient au thème de la Nativité, l'un des plus fréquemment évoqué dans la peinture occidentale, mais il a beaucoup évolué au fil des siècles. Les apôtres Matthieu et Luc chapitrent cet événement en cinq grandes scènes : l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, l'Adoration des bergers et l'Adoration des mages. Parmi les plus anciennes représentations connues figurent une Adoration des Mages et une Vierge à l'Enfant sur une fresque de la catacombe de Priscille à Rome (première moitié du 3e siècle).
Simple scène d'accouchement à l'époque byzantine, elle devient le symbole du dénuement et de la pauvreté de Jésus au Moyen Âge, avant de se transformer en reconnaissance et adoration du fils de Dieu à partir du 14e siècle.
Dans l'art paléochrétien, la scène se passe dans une grotte qui, comme c'était l'usage en Palestine, servait à la fois d'habitation et d'étable. La Vierge est étendue sur un lit à côté du nouveau-né couché dans une crèche. Joseph, témoin consciencieux et gardien vigilant, se tient à l'écart et ne joue qu'un rôle de second plan.
Dans la tradition occidentale, Marie est figurée assise, portant l’Enfant Jésus sur ses genoux. A partir du 14e siècle sous l'influence des Nativités italiennes, la Vierge est agenouillée, les mains jointes, en adoration devant l'Enfant nu étendu sur une botte de paille ou sur un pan de son manteau.
Outre l'Enfant Jésus, la Vierge et Joseph, des anges adorateurs ou musiciens sont très souvent figurés. Ils apparaissent tard dans l'iconographie. Au 15e siècle, ce sont des anges enfants qui descendent du ciel par nuées, s'agenouillent devant l'Enfant ou font des rondes. Le bœuf et l'âne ne sont mentionnés nulle part dans les évangiles canoniques. Les Pères de l'Eglise considèrent qu'ils symbolisent le peuple juif et le peuple païen. Consignées dans les évangiles apocryphes à compter du 6e siècle, les légendes populaires racontent que Joseph aurait emmené l'âne pour servir de monture à la Vierge, et le bœuf pour payer l'impôt au gouverneur. Les deux bêtes ayant reconnu la divinité de l'Enfant, le réchauffe de leur haleine.
Voir les représentations de la Nativité sur les panneaux peints sur bois des églises de l'Ain
Une représentation originale dans l'Ain mêlant Nativité et Passion
Selon Michèle Astier-Duflot, dans l'ouvrage "Trésors de l'Ain, objets d'art du Moyen Age au 20e siècle », catalogue de l'exposition 2011 au monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse, p44 :
« Ce petit tableau est remarquable à plus d'un titre : peint sur cuivre – support rare et coûteux – il offre une iconographie à la fois curieuse et complexe, mêlant Nativité et Passion du Christ.
Dès la fin du 16e siècle, les artistes italiens – et principalement bolonais – ont représenté Jésus enfant, endormi sur sa croix. Ici, il la tient serrée contre son cœur tandis que des putti, au-dessus de sa couche, brandissent lance, clous et tenailles. On aime alors multiplier les signes qui préfigurent le martyre du Christ. Une oreille coupée au pied du berceau, un sabre recourbé et une lanterne renversée rappellent que l'apôtre Pierre, pour défendre son maître, a tranché l'oreille du valet du Grand Prêtre Malchus dans une bagarre. Les anges font cercle autour de l'Enfant : celui de droite porte l'échelle, un deuxième l'éponge que l'on imbibera de vinaigre pour abreuver le crucifié, un troisième un roseau dans la main, allusion au couronnement dérisoire du Christ par Pilate. A l'extrême gauche, un ange retient une colonne faisant allusion à une anecdote racontée par la Légende Dorée : un oracle avait prédit la destruction du temple de la Paix si une vierge enfantait. Croyant le fait impossible, les romains avaient inscrit au fronton : « Temple éternel de la Paix ». La nuit-même de la naissance de Jésus, l'édifice s'écroula et sur ses ruines, on bâtit l'église Sainte-Marie-la-Nouvelle.
La Vierge tendrement penchée sur son enfant, la présence de saint Joseph derrière elle, sont les seuls éléments qui parlent de la nativité du Christ, ainsi qu'à l'arrière-plan les bergers réveillés par l'étoile qui doit les guider jusqu'à Bethléem. »