Les prédateurs des prairies

Les prairies sont très présentes dans l’Ain. Quelles soient de fauche ou de pâture, l’équilibre et la productivité de ces prairies peuvent parfois être remis en cause par un tout petit animal : le campagnol. Mais la nature est bien faite, tout un cortège de prédateurs participe à la régulation de ces rongeurs.

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Des rongeurs à l'appétit féroce

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Campagnol des champs

Ils sont petits, invisibles et discrets, et pourtant ils peuvent remettre en cause toute une récolte de fourrage dans une prairie. Les rongeurs, aux premiers rangs desquels les campagnols terrestres, peuvent causer des dégâts irrémédiables aux prairies, notamment de moyenne montagne.

En effet, les pullulations de campagnols sur les prairies ont des conséquences directes sur la quantité et la qualité des fourrages qui seront récoltés. La présence de terre issue des galeries qu’ils creusent à la surface des sols « contamine » le fourrage, ce qui est préjudiciable à leur consommation par les animaux et à leur conservation. Le manque à gagner pour les éleveurs se traduit alors par une augmentation des achats d’aliments complémentaires, qui pour certains ne sont pas compatibles avec les normes de certaines Appellations d’Origine Contrôlée.

Les pertes économiques peuvent devenir extrêmement lourdes lors des pics de pullulation. Certains territoires utilisent la lutte chimique pour réduire les pullulations de campagnols. Des contaminations d’autres espèces peuvent dès lors survenir. D’autres mettent en place des pièges. Ces actions curatives sont parfois nécessaires mais n’auront qu’un effet temporaire.

Sur le long terme, les prédateurs « naturels » des rongeurs peuvent devenir de véritables alliés.


Le Renard Roux

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Renard roux sur la commune de Saint-Martin-du-Mont

Le renard roux, Vulpes vulpes, est un canidé de taille moyenne, d’environ 35 cm au garrot et jusqu’à 1,50 m de long avec la queue pour un poids moyen de 7 kg. Sa couleur rousse est plus ou moins prononcée selon les individus. La mue a lieu  tout au long de l’année, sa fourrure étant la plus fournie au plus fort de l’hiver.


Le renard roux peut former des groupes sociaux, mais il est plutôt solitaire dans l’Ain, vivant en couple uniquement pendant la période de reproduction. La mise bas a lieu de mars à mai, après une cinquantaine de jours de gestation, dans une cavité naturelle ou un terrier creusé par d’autres espèces comme des blaireaux. Au mois de juillet, la famille déménage vers ses quartiers d’été et quitte le terrier. Environ 80 % des renardeaux périssent avant d’arriver à l’âge d’un an.


Le Renard roux est l’un des mammifères les plus répandus de la planète. Ses capacités d’adaptation lui ont permis de coloniser des milieux extrêmement diversifiés, de la plaine de Bresse aux crêtes du massif du Jura.


 Son régime alimentaire est également particulièrement diversifié puisqu’il se nourrit de petites proies (lapins, campagnols…), d’invertébrés (insectes, vers de terre…) et de végétaux (fruits et baies notamment).
On considère qu’un renard adulte consomme environ 5 000 campagnols et autres petits rongeurs par an, qu’il chasse surtout en milieu ouvert, notamment les prairies.


Malgré ce rôle de régulateur des micromammifères, son goût parfois prononcé pour les volailles lui a valu une mauvaise réputation, notamment en Bresse où il cause de temps en temps des dégâts importants dans les élevages de plein air.


L'hermine

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Hermine dans le Bugey



L’hermine mesure de 30 à 45  cm de long queue-comprise et pèse entre 125 et 440 g. Son corps est allongé, fin et souple. En hiver, elle possède un pelage blanc qui lui permet de passer inaperçue dans la neige, en été il devient brun dessus et blanchâtre en dessous, les deux couleurs sont nettement délimités. L’extrémité de la queue reste de couleur noire toute l’année.

L’hermine apprécie particulièrement de vivre dans les forêts claires, les rives des lacs, des marais et des ruisseaux et les bocages, les champs mais aussi dans des milieux plutôt montagneux ( jusqu'à 3000 m d’altitude). On la trouve quelque fois près des habitations rurales comme les chalets ou les cabanes d’altitudes.

L’hermine se nourrit essentiellement de petits rongeurs, d’oiseaux, de reptiles, de grenouilles et d’insectes.


L’hermine est menacée par l’utilisation de poison anticoagulant généralement utilisés pour lutter contre les petits rongeurs qui sont sa principales source d’alimentation. La modification et la destruction de ces milieux joue aussi un rôle important dans la diminution de leur population, elle est très sensible aux transformations de ces habitats. L’hermine n’a aucun impact sur la flore ou la faune, elle est au contraire utile comme auxiliaire aux agriculteurs pour lutter contre les micro-mammifères tels que les campagnols.


Les rapaces

En compléments des mammifères carnivores, tout un cortège de volatiles se nourrit de campagnols. Les premiers à venir à l’esprit sont les buses, faucons et autres busards, que l’on voit la journée perchés sur  la cime d’arbres ou le long des clôtures. Pourtant, ceux qui ont un impact encore plus important sont les plus discrets : il s’agit des rapaces nocturnes, comme les hiboux et les chouettes.


Ces oiseaux, pour se nourrir sur un secteur, doivent pouvoir se poser et nicher. Les arbres étant de moins en moins présent dans certains secteurs de culture, il est parfois nécessaire de leur donner un coup de pouce en installant des mâts qui permettront aux buses de se poser la journée et aux chouettes la nuit, ainsi que des nichoirs à proximité des prairies concernées par les dégâts des rongeurs.


On estime qu’un couple de chouettes effraie, de chouettes hulotte ou encore de hiboux Moyen-Duc élevant 4 jeunes élimine environ 6 000 proies par an, qui sont à 80 % des rongeurs.


Certes, les rapaces nocturnes ne peuvent empêcher à eux seuls les pullulations cycliques des campagnols, mais leurs actions de chasses combinés aux mammifères tempèrent et régulent les populations de rongeurs sur le long terme.