Patrimoines de la Saône
La rivière Saône s’étire sur 482 km depuis sa source à Vioménil dans les Vosges jusqu’à sa confluence avec le fleuve Rhône à Lyon. Jouant un rôle de frontière naturelle et politique, elle est aussi un trait d’union entre nord et sud. Caractérisée par son débit tranquille, la Saône est un axe d’échanges majeur qui supporte depuis des siècles un abondant trafic commercial. Des prairies inondables qui longent la Bresse jusqu'aux berges aménagées de Trévoux, de nombreux patrimoines se révèlent au fil de l’eau…
La Saône livre ses vestiges engloutis !
Dès le milieu du 19e siècle, des travaux de dragage ont permis de remonter à la surface quantité d'objets archéologiques divers : armes, vaisselle en bronze ou en argent... Bénéficiant d'un suivi régulier et scientifique à partir des années 1960, les dragages révèlent de véritables gisements immergés au fond de la Saône. Certains sites ont été fouillés et de nombreuses campagnes de prospection subaquatique se sont succédées. Ces études révèlent la présence de nombreux passages à gué, vestiges de ponts, épaves de bateaux, sites portuaires, pêcheries... qui font de la Saône l'un des grands sites archéologiques européens.
Les découvertes sont souvent spectaculaires car l’eau douce et les sédiments argileux conservent très bien les objets en métal et préservent les matières organiques comme le bois, le cuir ou les végétaux, rarement découverts en contexte terrestre. Ces trouvailles vont très tôt attirer l’attention des archéologues ; en 1861, Napoléon III fit même draguer la Saône au Gué de Grelonges afin de rechercher des traces du passage des Helvètes, lié à l’un des épisodes fondateurs de la Guerre des Gaules.
Les maisons sur pilotis de l'âge du Bronze
A la fin de l’âge du Bronze, il y a environ 3 000 ans, des villages palafittiques sont construits sur des îles ou des hauts-fonds de la vallée de la Saône. A Chalon-sur-Saône, la fouille du site du Gué des Piles a permis à l'archéologue Louis Bonnamour de restituer le plan précis d’une agglomération de ce type, comparable à celles qui existaient à la même époque sur les bords des lacs savoyards.
Dans l’Ain, de tels vestiges, aujourd’hui détruits, ont été mis au jour à Grelonges (entre Messimy-sur-Saône et Fareins) lors des dragages à la fin du 19e siècle.
Aux environs de 1 200 à 900 avant notre ère, les implantations humaines ont été particulièrement denses dans la vallée de la Saône au sud de Chalon-sur-Saône. Sur 15 km, une vingtaine de sites d'habitat ont été repérés par les archéologues, tant sur les berges que dans le lit de la rivière.
Le barrage à aiguilles de Port Bernalin à Parcieux
En bord de Saône, les maisons éclusières se perchent sur des buttes, au-dessus du niveau de la crue de 1840. Celle de Port Bernalin à Parcieux témoigne d'aménagements importants entrepris dés le début du 19e siècle pour rendre la Saône navigable toute l’année jusqu’à Lyon. Ces travaux coïncident avec l’apparition des bateaux à vapeur qui transportent marchandises et passagers jusqu’à la Première Guerre mondiale.
Les premiers aménagements consistent en la construction de clayonnages et d’épis afin de canaliser son cours. Mais ce système est insuffisant pour rendre la navigation possible en période de basses eaux. On utilise alors le principe du barrage à aiguilles, assemblage de milliers de pièces en bois de sapin de quatre mètres de longueur fixées côte à côte. Selon le débit, ces aiguilles sont activées manuellement par les éclusiers depuis une passerelle amovible. Cette manipulation est dangereuse et nécessite la participation d’une dizaine d’hommes.
Le barrage à aiguilles de Port Bernalin est construit vers 1875, son activité perdure jusqu’en 1960. Le passage de la navigation au « gabarit européen » avec de très gros bateaux nécessite des barrages modernisés, tels que celui de Couzon-au-Mont-d’Or. La passe navigable a aujourd'hui été transformée en port de plaisance. La maison éclusière abrite un espace d’exposition ouvert de mai à octobre.
La Saône photographiée par Tournassoud
Originaire de l'Ain, né à Montmerle-sur-Saône, Jean-Baptiste Tournassoud (1866-1951) fut photographe des Armées et s'est illustré notamment par ses clichés du front et portraits de soldats de la Grande Guerre. Après le conflit, il s'est aussi révélé être un remarquable photographe du quotidien et de l'intime, accumulant les portraits et les paysages.
La Saône et ses prairies inondables sont parmi ses sujets préférés. Il capte dans son objectif les multiples activités humaines en lien avec le cours d'eau, qu'elles relèvent du transport, de la pêche ou du loisir. Ces nombreux clichés en noir et blanc, sur plaques de verre photographique, illustrent l'attachement de Tournassoud à sa terre natale et révèle la dimension artistique de ses prises de vue.
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La Direction des musées départementaux conserve un fonds important et représentatif de l'oeuvre de Tournassoud. A partir de juin 2016, le musée de la Bresse-Domaine des Planons lui consacre une exposition, dévoilant le regard porté par le photographe sur son siècle bouleversé par la guerre et dévoilant la richesse de sa création.
A l'affiche au musée départemental de la Bresse-Domaine des Planons, saisons 2016-2017
"Tournassoud, un commandant-photographe (1866-1951)"