Ragondins et rats musqués

Le département de l’Ain compte de nombreuses zones humides : cours d’eau, étangs, marais… Elles possèdent des rôles fonctionnels très importants tout en abritant une faune et une flore riche et diversifiée. Mais parmi les espèces des zones humides, certaines posent parfois quelques soucis à l’écosystème et aux activités humaines…

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Le ragondin

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Ragondin

Le Ragondin est un mammifère originaire d’Amérique du sud. Ce gros rongeur, qui peut atteindre une bonne dizaine de kg, a été introduit en Europe au XIXème siècle pour sa fourrure. Il est désormais présent dans près de 70 département français et est considéré comme l’une des espèces invasives les plus problématiques d’Europe.

Plutôt nocturne et crépusculaire, il peut cependant être observé en pleine journée. Son habitat de prédilection reste les milieux aquatiques d’eau douce, notamment ceux qui intègrent des réseaux hydrauliques comme les canaux et fossés. Il est présent sur l’ensemble des cours d’eau de l’ouest de l’Ain, ainsi que dans la Dombes. Le premier ragondin de l’Ain a été observé en 1985.

Son régime alimentaire est herbivore, constitué de céréales, de racines ou encore d’herbe et de feuillages. Le ragondin atteint sa maturité sexuelle vers 6 mois, et la femelle a deux à trois portées par ans de cinq à sept petits chacun. Les populations peuvent donc rapidement proliférer, d’autant plus que ses prédateurs naturels (notamment puma et caïman) ne sont pas présents dans l’Ain…

 

Par son mode de vie et sa qualité d’espèce invasive, le ragondin est en particulier responsable de :

-          dégrader les bergers et digues d’étangs en favorisant leur érosion et déstabilisation via le réseau de galeries qu’il creuse

-          consommer parfois jusqu’à leur disparation des espèces végétales tel que les roseaux

-          perpétrer des dégâts sur les cultures de céréales et de maraichage ainsi que l’écorçage des peupleraies

-          transmettre potentiellement des maladies à l’homme, notamment la leptospirose, qu’il peut contenir dans son urine.

Selon une étude publiée en 2009 dans l'Ecological Society of America, le ragondin a été classé en tête des 10 espèces exotiques les plus nuisibles d'Europe.


le rat musqué

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Rat musqué

Le Rat musqué est un rongeur beaucoup plus petit que le ragondin, qui mesure trente à quarante centimètre de long pour un poids maximal d’1,5 kg. Originaire d’Amérique du Nord, il a été introduit en Europe au début du XXème siècle pour sa fourrure. De nombreux échappés d’élevages ont alors colonisés les milieux naturels et agricoles.

Il possède une tête massive avec des incisives jaunes puissantes. Sa fourrure est foncée sur le dos et plus claire sur le ventre. Ses pattes avant sont beaucoup plus courtes que les arrières. Son régime alimentaire est essentiellement composé de végétaux qu’il peut parfois compléter en basse saison avec quelques animaux aquatiques.
Il vit dans les zones humides, et se satisfait notamment des berges abruptes des étangs et fossés qui lui permettent de creuser son terrier qui débouche sous l’eau. Dans l’Ain, il occupe à peu près les mêmes territoires que le ragondin, soit la partie ouest du département.

Espèces invasive en France, la présence du rat musqué en grand nombre entraine des dégâts physiques aux digues et ouvrages hydrauliques, et peut fragiliser l’enracinement des arbres des berges, ce qui entraine parfois une érosion de celles-ci. Il a également un impact significatif sur les cultures et les roselières situées à proximité des zones qu’il fréquente.

Enfin, il peut véhiculer certaines maladies transmissibles à l’homme.


Politique Départementale de lutte

Le Département de l’Ain mène une politique d’accompagnement de la régulation de ces deux espèces. Deux méthodes sont utilisées : le piégeage et la destruction à tir ou à flèches. Les piégeurs sont dédommagés par le Département de l’Ain en fonction du nombre d’individus tué, sous le contrôle de la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Ain

De plus en plus, les acteurs concernés doivent s’organiser et coordonner leurs efforts sur des territoires délimités. Il est également nécessaire de sensibiliser les élus et le grand public, qui peut parfois trouver ces espèces « mignonnes » et ne pas comprendre que leur régulation est nécessaire.