Filières en diamant de Trévoux

Or, diamant, Trévoux a un passé précieux ! La ville se spécialisa dans la fabrication de fils d’argent et de fils dorés produits par étirement à travers l’orifice d’une filière. Cette activité cesse par décision royale à la fin du 18e siècle, les ouvriers chargés de l’entretien des filières se reconvertissent dans la fabrication de ces outils. Au début du 20e siècle, Trévoux devient le centre mondial de production de filières en diamant.

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Filière en diamant

Les tireurs d'argent

Ces artisans fabriquent des fils de métal très fin, utilisés pour la broderie et la passementerie. Probablement installés à Trévoux depuis le 16e siècle, ils connaissent le point culminant de leur activité au 18e siècle. Grâce aux privilèges accordés à la principauté de Dombes, ils échappent à la réglementation sévère du royaume ; n'étant pas assujettis à l'impôt sur l'argue royale, ils affinent, forgent, tirent l'argent librement. Les tireurs de métaux de Trévoux proposent ainsi des prix très abordables à proximité d'un marché lyonnais très demandeur.

 


L'argue royale

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Médaille commémorative 1766

Après le rattachement de la Dombes à la France, le Roi va peu à peu supprimer la situation de privilège dans laquelle se trouvait cette Principauté. Ainsi, l'édit du 14 août 1766, stipule qu'une argue royale est créée dans la ville de Trévoux pour affiner, forger et tirer l'argent, ceci pour supprimer toutes argues à domicile et limiter la contrebande dans la fabrication des fils d'argent.

Pour commémorer l'événement une médaille est frappée, en 1766, représentant sur le revers une vue de Trévoux et la maison de l'affinage. Barthélémy Gabet, régisseur de l'argue royale, l'installe près de la porte de Lyon, dans des locaux qu'il achète le 4 mai 1766, 12 rue du Palais (les vestiges du portail sont toujours visibles). En 1781, l'argue est supprimée, puis rétablie en 1798 (sous le Directoire). Elle est définitivement fermée en 1864. Le tirage perdure néanmoins jusqu'à la moitié du 20e siècle.


Trévoux, capitale mondiale de la filière en diamant

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Sortie des établissements Vianney à Trévoux

Deux techniques sont utilisées pour produire les fils de métal : le martelage (façonnage des métaux au marteau) ou le  tréfilage (étirement du métal en le faisant passer à travers le trou d’une filière). Le cœur de la filière est constitué d'un orifice plus large d'un côté que de l'autre, une sorte d'entonnoir par où l'on tire et fait passer le métal pour le réduire en fil. Cependant ces filières sont en métal et s’usent très vite.

C'est à Trévoux  que nait l'invention du perçage du diamant, matériau le plus dur au monde quasiment inusable. Dès 1856, le registre de recensement fait état de la profession de"perceur de diamants" de Antoine Millan. Très vite, la ville devient la capitale mondiale de la production de filières en diamant, 80 % de celle-ci étant exportée à l’étranger au début du 20e siècle. Le développement de l’électricité, avec son besoin en fil de tungstène pour les ampoules et de cuivre pour les bobinages, favorise son extension.

Après la Seconde guerre mondiale les pays étrangers développent leur propre production, la filière se modernise faisant appel à de nouvelles techniques de perçage ou à des matériaux synthétiques remplaçant le diamant. Seule l’entreprise Brussin, fondée en 1892, est encore en activité à Trévoux en 2015.

 




Mots à comprendre :

Passementerie : fabrication et commerce des productions en fil de toute nature utilisées en décoration vestimentaire ou architecture intérieure

Argue : atelier de tireur d’or ou d'argent

A voir aussi dans ce site :

A lire sur le sujet

Le travail des métaux précieux et des filières en diamant à Trévoux, PRIVALS. 2015

ouvrage en consultation au 
Centre de documentation - Service Patrimoine culturel