Virieu-le-Grand

Organisateur de l'action de commémoration du centenaire 14-18 : les Association "Chapelle de Saint-Claude" et "Sous les Lauzes" ainsi que l'École Sorémont

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Exposition commémorative

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Carton d'invitation de l'exposition

Dès 2016, « Sous les Lauzes » s'est fixé pour objectif la recherche de renseignements sur la vie militaire et les conditions du décès de chaque soldat dont le nom figure sur le Monument aux Morts.

La réalisation de panneaux d'exposition est entreprise pour chacune des 13 communes de l'ancien canton de Virieu-le-Grand. Chaque panneau retrace l'histoire du village au début du 20e siècle, la construction du Monument et évoque les soldats morts pour la France.

C'est aussi un hommage à ces jeunes bugistes dont la vie fut courte (les plus jeunes étaient âgés de 19 ans, la moyenne d'âge de 28 ans ; qu'ils soient tués à l'ennemi, morts des suites de leurs blessures, morts de maladie, empoisonnés par les gaz de combat ou encore disparus.

L'attribution de la mention « mort pour la France est une récompense morale visant à honorer le sacrifice des combattants morts aux Champs d'honneur, en service commandé et des victimes civiles de la guerre. Elle est instituée par la loi du 2 juillet 1915. Elle confère aux victimes une reconnaissance et un statut individuel dont elles ne disposaient pas jusque-là comme le droit à une sépulture individuelle et perpétuelle dans un cimetière militaire aux frais de l'État, ou encore la création d'associations de veuves et d'orphelins. 

En effet, la première guerre mondiale a laissé derrière elle 600 000 veuves et 986 000 orphelins. C’est dans ce contexte que naît en 1917 le statut de pupille de la Nation. Cette loi stipule que « la France adopte les orphelins dont le père, la mère ou le soutien de famille a péri, au cours de la guerre de 1914, victime militaire ou civile de l’ennemi ».
De nombreux hommes d’État s’investissent dans la conception de cette loi, et notamment le député Édouard Vaillant ou encore Georges Clémenceau, qui déclarera au sujet de ces orphelins :
« Ils ont des droits sur nous »
Cent ans après sa création, le statut de pupille de la Nation est toujours d'actualité.
Quant aux morts pour la France, dès 1919, des souscriptions sont lancées, partout en France dans le moindre village, pour récolter des fonds pour la construction d'un monument aux morts.
Chacun des morts a droit à son nom gravé publiquement dans sa commune, là où il vivait, là où ils travaillait.
Les inscriptions les plus nombreuses marquent la reconnaissance pour l’énorme sacrifice : "À nos héros" ne proclame pas la même chose que "À nos martyrs".

Les noms rappellent les individus, leur redonnent existence, alors que la disparition sur le champ de bataille les vouait au néant.
Inscrire et lire les noms : « l'appel aux morts » c’est sortir ces hommes de l'anonymat avec le souci de leur témoigner sa reconnaissance et d'affirmer la solidarité entre les générations.

Aucune des 13 communes objet de nos recherches n'a été épargnée.
Le nombre de morts plus ou moins proportionnel à la population varie de 2 à Armix à 43 à Ceyzérieu, soit un total de 234 jeunes gens fauchés, pour certains tout juste sortis de l'adolescence.
Les premiers mois, les courriers des soldats étaient optimistes et laissaient entendre que la guerre serait de courte durée ; Je défendrai le drapeau Français jusqu’à la dernière goutte de sang, car je pars avec un courage formidable ; Je suis content de servir ma patrie » Joseph Lordat.
Or plus le temps passait, plus les propos devenaient interrogateurs et le doute s'installait :
« Comme souvenir vous aurez soin de ma montre et d’une touffe de mes derniers cheveux qui sont dans une boîte dans la garde robe. Chers parents espérons que l’on se reverra tous un jour ainsi que les amis. Adieu. Mille baisers et Adieu »

Dans la plupart des communes, des fratries ont été décimées : imaginez des parents qui perdent deux de leurs enfants à quelques mois d'intervalle !
Ainsi sur le monument de Rossillon : Tony et Georges Bouvier étaient frères.
Fils de Marin Bouvier (cultivateur) et de Françoise (repasseuse)
Tony a été tué en 1915 d'une balle de fusil allemand
Georges est décédé en 1920 des suites de ses blessures :
les deux frères sont morts à l'âge de 23 ans.

Martial et Louis Bayle étaient frères 
Fils de Denis Bayle Cordonnier et de Marie Ménagère
Martial est mort en 1915 à l'âge de 23 ans ; Louis en 1918 à l'âge de 25 ans.

A Pugieu : Joseph et Jean-Louis NEYROD étaient frères.
Fils de Marie Rivière et de François Neyrod, meunier au moulin du Martinet.
Joseph est décédé des suites de ses blessures en septembre 1915, il avait 28 ans, Jean-Louis a été tué à l'ennemi en juin 1918, il avait 22 ans.

On trouve aussi des fratries à Virieu :
Louis et Benjamin CORTINOVIS étaient frères 
Benjamin a été tué à l'ennemi en 1915, il avait 22 ans,
Louis a été tué à l'ennemi en 1918, il avait 29 ans.

Elysée et Anthelme CARTET étaient frères:
Elysée a été tué à l'ennemi en 1915, il avait 27 ans,
Anthelme est décédé des suites de ses blessures en 1918, il avait 23 ans.

A l'époque on ne se posait pas la question de savoir s'il fallait ou non sauver le soldat Ryan !
A Vongnes, Germain Rosset et son épouse Jacqueline avaient trois garçons.
Deux sont morts pour la France, Charles et Louis, tandis que Marcel, le troisième, a vécu jusqu'au bout cette guerre pour revenir vivre au pays. C'est Gilbert Rosset, l'un des petits-fils de Marcel, qui nous a confié une copie des correspondances retrouvées dans les papiers familiaux.

Certains camarades auront la chance de revenir en vie, mais peut-on parler de chance avec une intégrité physique anéantie : ceux qu'on dénommera les gueules cassées ou encore amputés: Julien Storhaye de Flaxieu est de ceux-là mais c'est une belle l'histoire.
Au cours du combat de la Marne Julien dégage un corps laissé enterré dans la tranchée et ainsi sauve la vie de Joseph Chatillon. Lors d'une permission à Flaxieu, Joseph avec sa soeur Thérèse invite celui qui l'a sauvé.
Thérèse promet à Julien, le sauveur de son frère, qu'elle se mariera avec lui par reconnaissance. Mais Julien repart sur le front et au cours d'un combat perd le bras droit au Chemin des Dames; il reviendra à Flaxieu, décoré de la légion d’honneur et épousera effectivement Thérèse.

A Ceyzérieu, le soldat Anthelme MAYER est papa d'un petit Marius âgé de 7 ans lorsqu'il part à la guerre. Du jour de sa mobilisation jusqu'en août 1918, chaque semaine, sans relâche, Anthelme adresse une carte à son fils. Dans ces lettres, jamais la moindre récrimination, ni la moindre doléance, ni la moindre plainte exprimées, seulement une abnégation dans une apparente sérénité, malgré des souffrances, loin des siens dans un milieu hostile : combats sanglants, détonations et déflagrations assourdissantes dans des conditions climatiques extrêmes. Le soldat écrivait à son fils à l'adresse :
« Monsieur Marius Mayer, chez sa Maman à Ceyzérieu Ain »

Mon petit Marius
Tes petits lapins se portent-ils toujours bien ?
Dis moi voir ce que tu fais ?
En attendant de te voir, un gros mimi . Ton papa.

Mon petit Marius
Je pense que tu es toujours bien gentil et que tu fais toujours bien les commissions à la grand-mère
En attendant le plaisir de te voir, reçois de ton papa un gros mimi.

De réguliers échanges pour dire à un fils, je suis toujours là et rendre cette terrible séparation un peu plus supportable : ne pas voir grandir son fils ! Puis une ultime carte, suivie d'un long silence, Marius venait d'avoir 14 ans.


D'autres découvertes inattendues, des histoires méconnues, des stèles retrouvées grâce aux recherches :
Un déserteur à Virieu :
Tous ces jeunes n'avaient pas le doigt sur la couture du pantalon rouge garance dont ils étaient affublés et qui faisait d'eux une cible idéale pour la mitraille allemande.
Ainsi à défaut de gilet jaune, un dénommé Louis Marie Miguet, né à Virieu-le-Grand en 1873 coincé dans sa Vareuse grise ras de cul manifeste une opposition aux ordres de l'armée : comme il ne répond pas à une convocation pour une période d'exercices, il est déclaré «insoumis».
Il est arrêté à Lyon et condamné par le Conseil de guerre à un mois de prison. Puis réintégré au 133e régiment d'infanterie de Belley, il est à nouveau condamné à 15 jours de prison pour outrages. A peine sorti de prison, manquant à l'appel, il est déclaré «déserteur» . Il est arrêté par la gendarmerie de Virieu-le-Grand en prévention de Conseil de guerre. On le condamne à 3 ans de travaux publics pour désertion. Il ne sera libéré que le 28 janvier 1919 et renvoyé dans ses foyers.
Après le chevaux, les bovins :
Si les chevaux étaient régulièrement réquisitionnés (1 140 000 chevaux tués) ; en 1918, l'Intendance militaire avise officiellement que les communes sont tenues de fournir à la réquisition deux bovins.
Le Maire de St Martin fait remarquer que les prix proposés par l'Intendance sont bien inférieurs aux prix du commerce et que bien souvent les principaux propriétaires ne peuvent rien fournir.
Le Conseil Municipal, après en avoir délibéré, décide que le bétail qui sera fourni par les propriétaires sera estimé par le Conseil Municipal et la différence entre les prix de l'Intendance et les prix commerciaux sera supportée par la commune.

La plaque de l'école a disparu :
Nos recherches nous ont aussi permis de percer certains mystères, c'est ainsi qu'en consultant les archives municipales de Pugieu, on peut lire dans le compte rendu de la séance du 4 décembre 1914 :
« Le maire a la douloureuse mission de porter officiellement à la connaissance de ses parents habitant Chavillieu, la mort glorieuse à l'ennemi de leur fils Marius César Ravet.
Marius était instituteur à Tenay, il est décidé qu'une plaque commémorative serait fixée dans la salle de classe de Pugieu. »

En fait, aucune trace ni souvenir d'une telle plaque à Pugieu. Les plus anciens qui ont fréquenté l'école primaire ne s'en souviennent pas, et pour cause : nous l'avons dénichée à l'école de Tenay où Marius était instituteur.

Le curé ne repose pas dans son église :
Grâce aux divers sites dédiés aux faits de guerre, on apprend que le défunt n'a pas été rapatrié dans sa propre paroisse et on peut même mettre un visage sur son nom. C'est le cas de l'abbé François Comte curé de la paroisse de Rossillon.
Il fut mobilisé comme brancardier au 43e régiment d'infanterie.
Le 20 mars dans la furie de la bataille de Verdun, il fut blessé et décédera trois jours plus tard à l'hôpital.
Bien qu'une plaque commémorait son âme dans l'ancien cimetière autour de l'église, on retrouve trace de sa sépulture dans la nécropole nationale de Révigny sur Ornain qui abrite 1238 soldats.

Une urne secrète :
Lors de la construction du monument de St Martin selon les plans dressés par l'architecte Léon Girerd, une urne contenant des pièces de monnaie et les noms des conseillers municipaux de l'époque y a été scellée, ainsi qu'un document commémoratif dont un double est archivé en mairie.


Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie,
Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie.
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau
Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère.
Et comme ferait une mère,
La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau.
Victor Hugo

 


Exposition "Il y a cent ans … la Première Guerre mondiale"

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Les élèves de l’école Sorémont commémorent le Centenaire de la « Grande Guerre » de 1914-18


A l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, l’école Sorémont de Virieu le Grand participe au projet élaboré par l’association Chapelle Saint Claude avec pour objectifs :

  • Transmettre aux plus jeunes la mémoire des combattants de la Grande Guerre dans le cadre des commémorations du Centenaire, 
  • Sensibiliser les élèves à l’héritage contemporain de ce conflit européen et mondial.

C’est à partir de cartes postales et de cartes de correspondance militaires d’époque que les élèves ont pu entrer dans la Première Guerre mondiale et travailler dans le cadre d’un projet interdisciplinaire.
Les enseignantes ont associé leurs élèves à ce projet sur lequel ils ont travaillé notamment durant le 3e trimestre de l’année scolaire 2013-2014. Ils se sont interrogés sur ce qu’évoquent pour eux ces faits lointains et ont traduit leurs émotions et impressions à travers des réalisations artistiques sous la conduite d’une artiste peintre-sculpteur-graveur-mosaïste, Colette Sonzogni, résidant à Belley.


Ce travail a donné lieu à la création de cinq panneaux d'exposition qui peuvent être empruntés gratuitement auprès de l'Association Chapelle Saint-Claude.