Vestiges de chartreuses

Suite à la dispersion des Chartreux à la Révolution, cinq des huit chartreuses fondées dans l'Ain sont abandonnées. Il n'en reste aujourd'hui que des vestiges de bâtiments épars ou pour certaines seulement quelques pierres, et des éléments mobiliers conservés dans les églises des alentours.

 (jpg - 461 Ko)

Chartreuse de Meyriat

 (jpg - 7839 Ko)

Chartreuse de Meyriat - Rares éléments encore visibles sur le site

En 1116, Ponce de Balmey, chanoine de l'église de Lyon, fait don de tout ce qu'il possède dans la vallée de Meyriat à condition qu'un monastère y soit bâti. Peu de temps après, il formule ses vœux et entre à la Grande Chartreuse. A la mort d'Etienne, premier prieur de Meyriat, Ponce lui succède pour trois ans avant d'être appelé à devenir évêque de Belley pendant treize ans. Il reviendra à Meyriat comme simple moine pour y mourir.
Sixième chartreuse de l’ordre, Meyriat s’enrichit et agrandit son domaine qui atteint plus de 1800 hectares en 1790. Bien dotée, elle dispose alors de vastes propriétés s’étendant d’Izenave à Saint-Martin-du-Fresne, et de Vieu-d’Izenave à Brénod. Dans la forêt de Vieu-d’Izenave, la Révolution n’a laissé de l’édifice que des ruines dont un mur d’enceinte au nord, quelques marches d’escalier et une pierre gravée d’une fleur de lys qui disparaissent peu à peu... Une grande toile conservée au Musée de la Grande Chartreuse montre en perspective cavalière les bâtiments de la chartreuse avant sa destruction
Le long de la rivière de la Morenaz au hameau d’Epierre à Cerdon est encore visible une grande bâtisse qui abrite l’ancien cellier voûté de la chartreuse (30 m de long).


Chartreuse d'Arvière

 (jpg - 125 Ko)

Cathédrale de Belley - Portrait de saint Arthaud

En 1132, Humbert de Grammont, évêque de Genève, souhaite voir des chartreux s'implanter dans son diocèse. Grâce à la générosité d'Amédée III, comte de Savoie, Arthaud, premier prieur de la chartreuse d'Arvière, commence par bâtir de petits ermitages de bois dans un site isolé sur les pentes du Colombier ; il y vit une dizaine d'années avec ses compagnons. Mais, un incendie ayant tout détruit, le nouvel évêque de Genève les incite à construire un autre monastère plus spacieux dans un endroit plus accessible. Arthaud se décide pour un rocher à 1166 mètres d'altitude, surplombant le torrent d'Arvière d'où la chartreuse tire son nom. La nouvelle chartreuse, bâtie en quatre années, bénéficie de nombreux dons : vastes forêts de sapins, droits de parcours étendus et dîmes. Arthaud meurt à l'âge de 105 ans en 1206.
Arvière souffre beaucoup des guerres et de plusieurs incendies dont le dernier en juin 1750 détruit une partie du monastère et des titres anciens.
Aujourd’hui, il ne subsiste dans ce site grandiose entretenu par l'Office national des forêts, que quelques ruines des anciens bâtiments monastiques, protégées au titre des monuments historiques, et un jardin ethnobotanique établi par l’association « Les amis du jardin d'Arvière ».

Chartreuse Sainte-Marie de Portes


Chartreuse de Seillon

 (jpg - 151 Ko)

Péronnas - Chartreuse de Seillon - Façade modifiée de l'ancienne entrée

La chartreuse de Seillon est fondée vers 1178 au nord de la Dombes à partir d'un prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye de Joug-Dieu en Beaujolais. Attirés par un mode de vie plus austère, les moines décident d’y suivre la règle de saint Bruno. Les donations des sires de Bâgé, des seigneurs du Saix et des sires de Coligny leur permettent de disposer de forêts alentours tenant lieu de « désert ». Après de nombreuses difficultés liées à la proximité de la cité de Bourg, les chartreux sont également confrontés à la peste et aux aléas des guerres de la fin du 16e siècle.
Les bâtiments sont presque entièrement reconstruits au 17e siècle et la chapelle connait sans doute le même sort. De la chartreuse dépendaient la correrie, une carronnière, des moulins, la grande grange de Versaillat, le vignoble de Grillerin à Revonnas et bien d'autres domaines, étangs et forêts. La chartreuse, supprimée en 1792, est quasiment rasée en 1794. Il n'en demeure aujourd'hui que le pignon de la façade du bâtiment d'entrée. Le reste du domaine présente un vaste ensemble de constructions du 19e siècle destinées à accueillir un orphelinat.


Chartreuse de Montmerle

 (jpg - 413 Ko)

Chartreuse de Montmerle - Vestiges de l'ancienne entrée

La chartreuse de Montmerle à Lescheroux était à l’origine un prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye de Joug-Dieu dans le Beaujolais, dont les moines adopteront en 1210 la règle de Saint Bruno plus conforme à leurs aspirations. Parmi les nombreux bienfaiteurs figurent les sires de Bâgé et de Coligny, ainsi que l'évêque de Mâcon. En l'an 1280, par concession du comte Amédée V de Savoie et de son épouse Sibylle de Bâgé, la chartreuse devient une seigneurie puissante avec justice haute, moyenne et basse sur les hommes et fiefs qui dépendent d'elle. Au milieu du 17e siècle, le monastère est reconstruit à La Teppe, un lieu moins malsain de Bresse. La chartreuse de Montmerle était réputée pour être la plus belle et la plus étendue des huit maisons que comptaient la Bresse et le Bugey. Sa puissance et sa richesse étaient considérables. Vendue comme bien national à la Révolution, elle sera entièrement détruite.
Seul demeure la partie basse de l’ancienne façade à bossages de l'entrée et ses deux ailes. On laboure à l'emplacement de l'église. Plusieurs objets mobiliers témoins de la splendeur passée (tableaux, stalles, maître-autel) sont visibles aujourd'hui dans les églises voisines de Pont-de-Vaux et Saint-Bénigne.


Chartreuse de Poleteins

 (jpg - 139 Ko)

Statue de saint Léonard, bois polychrome, 17e siècle, classée MH, provenant de Poleteins

La chartreuse de Poleteins, seul établissement féminin de l’ordre dans l'Ain, est fondée en 1238 par Marguerite de Bâgé, épouse d'Humbert de Beaujeu, qui établit en Dombes des religieuses venues d'un couvent du Dauphiné, et qui y sera inhumée. Le 15e siècle finissant marque le début de la décadence de l’établissement. Accueillant des religieuses issues de grandes familles aristocratiques, la discipline laisse parfois à désirer. Les moniales chassées en 1562 par les Huguenots maîtres de Lyon se réfugient à Salette. Le relâchement conduit à la suppression de la communauté en 1605. L’ensemble revient alors à la Chartreuse de Lyon, et les bâtiments se dégradent petit à petit.
La chapelle qui existait encore après la Révolution au milieu du monastère transformé en écuries et en fenil, est démolie en 1870 pour faire place à une résidence encore visible dans les années 1980. Une partie des dépendances constitue l'essentiel de la ferme de Poleteins sur un monticule dominant la gare de Mionnay. Quelques éléments de mobilier sont conservés dans l'église.



Envie de visiter ?

La Chartreuse de Meyriat : contacter l'office de tourisme du Pays de Nantua - Haut Bugey
info@hautbugey-tourisme.com

La Chartreuse d'Arvière : contacter l'association des amis du Jardin d'Arvières 
arvieres2010@yahoo.fr

Ailleurs sur le web

En savoir plus sur le sujet

Les fonds d'archives des chartreuses sont conservés pour partie aux Archives départementales de l'Ain (série H)

Chartreuses de l'Ain, ouvrage sous la direction de Paul Cattin, collection Patrimoines des Pays de l'Ain, 2011
Ouvrage en consultation au
Centre de documentation - Service Patrimoine culturel