Meillonnas

A 15 kilomètres au nord de Bourg-en-Bresse, niché au pied du Revermont, Meillonnas, au-delà du charme de son coeur de village, offre aux regards curieux quelques monuments remarquables et une église qui a conservé son superbe décor peint du 14e siècle. Meillonnas est aussi réputé pour ses potiers, sa terre argileuse étant exploitée depuis des siècles. Dans les années 1950, l'écrivain Roger Vailland et son épouse Elisabeth avaient choisi d'élire domicile dans l'une des ruelles étroites et paisibles du bourg.

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Château de Meillonnas

Un bourg niché autour de l'église

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Eglise Saint-Oyen

La commune de Meillonnas, traversée par le Sevron, s'étend sur 1774 hectares situés en partie dans la plaine de Bresse et en partie sur le versant occidental du Revermont. Elle comprend le bourg et six hameaux. L'orthographe du village a connu de nombreuses variantes au cours des siècles, que l'on retrouve dans les documents d'archives depuis le Moyen Âge.

La paroisse et la seigneurie appartiennent respectivement à l'évêque de Mâcon et aux sires de Coligny depuis le 11e siècle. Elles passent à la Savoie en 1289, et deviennent françaises avec le traité de Lyon en 1601. Le bourg est clos de murailles à partir du 14e siècle, dont il subsiste quelques tours.

C'est le long du rempart nord de la ville que l'église Saint-Oyen est reconstruite au 14e siècle. En 1382, Jean II de Corgenon, alors seigneur de Meillonnas, fonde la chapelle Notre-Dame à la base d’une tour de l’enceinte qui fut ouverte sur l’église, sa femme Jeanne de Saint-Trivier fait également construire une chapelle. Ayant souffert des guerres du 16e siècle, l'église est reconstruite au début du 17e siècle. Après la Révolution, elle doit être remise en état et de nouveaux aménagements lui sont apportés entre 1830 et 1840. Elle présente une toiture à la bourguignonne coiffée d'un clocher massif à l'impérialeDes peintures monumentales de la seconde moitié du 14e siècle, récemment restaurées, ornent les chapelles latérales ; la nef est pourvue d'une litre funéraire. Dans le choeur, d'autres peintures marouflées du 19e siècle représentent des saints personnages. L'église est classée au titre de monuments historiques depuis le 7 novembre 2002.

Au hameau de Sanciat, une petite chapelle gothique dite "aux moutons" était un lieu de pèlerinage où l'on venait prier la Vierge de miséricorde. 

Aux 17e et 18e siècles, le village vit surtout de la culture des céréales et de la vigne qui couvre d'importantes surfaces. Mais c'est surtout sa prééminence dans la production de céramiques qui permet à sa population de s'accroître jusqu'à atteindre 1700 habitants vers 1785, avant une forte décroissance au siècle suivant. 


Des argiles réputées pour la poterie

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Argile de Meillonnas

Les argiles du secteur de Meillonnas et Treffort sont d'une excellente qualité. De nombreuses productions en ont fait la réputation. Des recherches historiques et archéologiques sur les céramiques médiévales et modernes engagées en Rhône-Alpes à la fin des années 1980 ont permis de mieux connaître les ateliers et d'isoler une zone à vocation potière de forte densité, dont l'activité s'étend de la fin du Moyen Âge à la fin de l'époque moderne. La présence importante des "tupiniers", producteurs de pots en terre et de "carronniers", fabricants de tuiles et de briques, a laissé des traces dans les patronymes et les noms de lieux, comme au hameau des "Tupinières".

Les archives montrent que des installations de potiers existent déjà à Meillonnas en 1416, et que des tuileries-briquetteries (nommées "carronnières") ont produit des carreaux de pavage vernissés, avec ou sans décor, dès le 14e siècle.

A la fin du 16e siècle, Meillonnas est surtout connu pour ses poteries vernissées, notamment le « service vert » diffusé dans toute la région de Lyon à Genève et de Chalon-sur-Saône à Valence jusqu'au début du 18e siècle. 


Le château, siège de la faïencerie

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Restitution hypothétique du château de Meillonnas au Moyen-Age

C'est Humbert de Corgenon le Jeune, fils de Jean I de Corgenon, bailli de Bresse, qui fait construire le château de Meillonnas vers 1350. Contrairement aux châteaux de Treffort ou Jasseron bâtis en position dominante, celui-ci est installé au fond d'une vallée. Il n'est pas destiné à asseoir la puissance d'un seigneur mais plutôt à protéger un petit fief. Il contrôle néanmoins la vallée du Sevron, principale voie d'accès depuis la Bresse. Le château possédait neuf tours dont trois petites tours flanquantes. A la Révolution, celles qui subsistaient sont abaissées sur ordre du préfet Albitte car elles incarnaient la noblesse. De cette origine bouleversée, il ne reste aujourd'hui que trois tours imposantes, d'un style austère, reliées par des corps de logis où subsistent encore, entre autres, meurtrières, créneaux, fenêtres à meneaux, cour intérieure, caves voûtées, latrines. Du 15e au 18e siècle, le château appartient à la famille de Seyssel qui le vend en 1740 à Nicolas de Marron.

Son neveu, Gaspard de Marron épouse en 1752 à Dijon, Anne Marie Carrelet de Loisy, fille du receveur général des Finances de Bourgogne. En 1755, le couple hérite du château. Animés par l’esprit d’entreprise des nobles provinciaux, ils fondent en 1760 une "fabrique en fayance". Rapidement, la production prend un essor considérable sous la direction de Claude Gautherot. On lui doit le célèbre motif de la "rose manganèse". L’arrivée de Protais Pidoux ouvre une période prestigieuse. Figure célèbre de l’histoire de la faïencerie française, il porte le titre fort rare de "maître peintre" soulignant son talent exceptionnel. A l'aube de la révolution industrielle, la manufacture de Meillonnas s'inscrit dans la tradition de dynamisme économique de la région. La faïence blanche ou décorée figure alors sur les meilleures tables de France et rivalise, un temps, avec celles de Luneville, Strasbourg ou Moustiers.

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Plan et itinéraire

Les mots à comprendre

A l'impériale : Se dit d'un clocher rappelant par sa forme une couronne d'empereur. On en retrouve sur de nombreuses églises de l'Ain comme à Pérouges, Viriat, Saint-Etienne-du-Bois, mais aussi sur des édifices civils comme le château de Fléchères à Fareins.

Litre funéraire : bande noire peinte à l'intérieur et parfois même à l'extérieur d'une église pour honorer un défunt (sous l'Ancien Régime). Elle portait parfois les armoiries du seigneur.

Bailli : sous l'ancien Régime, officier de justice représentant de l'autorité du roi ou du prince dans la circonscription (le bailliage), chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l'administration. Il s'apparente à un préfet actuel.

Flanquant : se dit d'un organe de fortification qui est situé de manière à appuyer par des tirs de flanquement la défense d'un autre ouvrage.

A lire sur le sujet

Meillonnas à la recherche de son passé, équipe animée par S. Soret, Bourg-en-Bresse, 1989.

Tupins et carrons, sous la direction d'A. Bruno, catalogue d'exposition, musée des pays de l'Ain, 1994

Pots et potiers en Rhône-Alpes, époque médiévale, époque moderne., Boucharlat E., Savay-Guerraz S., Vicard T., Documents d'Archéologie Rhône-Alpes n°12, 1996

La manufacture de Meillonnas (Ain) 1760-1870, catalogue typologique des céramiques, J. Rosen, Documents d'Archéologie Rhône-Alpes n°19, 2000