Histoire des Soieries Bonnet

Fondation de la Maison Bonnet

Chronologie des Soieries Bonnet en 1810

Claude-Joseph Bonnet (1786 - 1867) quitte son village natal de Jujurieux, dans l'Ain, à 15 ans pour rejoindre Lyon où il s’initie aux métiers de la soierie. Il fonde sa propre maison en 1810 et devient fabricant à l’âge de 24 ans dans le quartier des Terreaux à Lyon.

Spécialisé dans les étoffes unies noires destinées à l’habillement, il se concentre sur la recherche de la qualité. En 1812, le fabricant occupe 70 canuts et en 1831 il donne de l’ouvrage à plus de 600 ouvriers et ouvrières, dont 400 à 500 tisseurs. La maison figure alors parmi les plus importantes sur la place de Lyon. 


Construction de l'usine-pensionnat

Chronologie des Soieries Bonnet en 1835

En vue de maîtriser la qualité du fil, Claude-Joseph Bonnet implante en 1835 à Jujurieux (01) une manufacture destinée aux opérations de préparation des soies, opérations pour lesquelles de toutes jeunes filles sont recrutées et logées à l’usine. Dès la fin des années 1840, la manufacture emploie 250 personnes dont 230 pensionnaires.

À partir de 1850, Claude-Joseph Bonnet favorise l’établissement d’ateliers de dévidage et de tissage à domicile à Jujurieux et dans les localités environnantes. En 1851, près de 100 personnes tissent et dévident à domicile. Durant les années qui suivent, l’activité se développe et de nouvelles constructions sont érigées.


Le temps des successeurs

Chronologie des Soieries Bonnet en 1867

À la mort de Claude-Joseph Bonnet en 1867, ses petits-fils Antoine Richard et Cyrille Cottin héritent de l’une des plus grandes maisons de soieries lyonnaises qui génère un chiffre d’affaires de 15 millions de francs.

Sont comptabilisés alors près de 560 pensionnaires et 600 personnes travaillant à domicile, soit un foyer sur trois à Jujurieux, alors que la maison emploie 1 400 personnes à Lyon parmi lesquelles 900 canuts (ouvrier qui travaille dans le tissage de la soie à Lyon).  


Le temps des nouveautés

Chronologie des Soieries Bonnet en 1880

Les années 1880 marquent un tournant dans la production avec l’introduction de la couleur et du motif et l’adoption du tissage mécanique. Du personnel externe investit alors l’enclos industriel.

En 1888, l’incendie du grand bâtiment d’origine accélère les transformations et modifie en profondeur l’agencement de la manufacture. Poursuivant ces développements, les petits-fils de Claude-Joseph Bonnet, le fondateur, diversifient les sources d’énergie et installent un terminus de tramway au sein de l’usine. 


Un siècle d'expansion

Chronologie des Soieries Bonnet en 1911

En 1911, tout juste cent ans après la création de l’entreprise à Lyon, la société en nom collectif évolue en société anonyme. Pour célébrer l’évènement, les dirigeants réalisent une brochure qui est adressée aux clients et amis.

À cette date, l’usine de Jujurieux est devenue l’un des maillons d’un véritable empire industriel qui franchit les limites de l’hexagone avec notamment une usine de tissage à Paesana en Italie, une concession séricicole (d'élevage de vers à soie) en Perse et des antennes commerciales à Londres et New York.

Les productions et l’organisation de la maison Bonnet sont primées lors des Expositions universelles et internationales. Entre 1844 et 1910, elle a été honorée à 45 reprises.


L'usine en temps de guerre

Chronologie des Soieries Bonnet de 1914 à 1918

Le conflit impacte directement l’organisation et le quotidien au sein de l’usine-pensionnat de Jujurieux : départ des hommes mobilisés, baisse des effectifs des ouvrières pensionnaires, problèmes d’acheminement des commandes et des matières premières, présence des blessés dans l’infirmerie de l’usine...

Dès l’été 1914, l’hôpital auxiliaire n° 17 de la Croix Rouge est installé dans l’infirmerie des Soieries Bonnet à Jujurieux. L’établissement, d’une capacité de 110 lits, est en partie administré et financé par le directeur de l’usine, Joseph Richard. Il est mis à la disposition de la Société de Secours aux Blessés Militaires du 7 août 1914 au 12 décembre 1918.

Découvrez l'exposition Au chevet des Poilus sur les Soieries Bonnet en temps de guerre


L'entre-deux-guerres

Chronologie des Soieries Bonnet en 1930

L’entre-deux-guerres constitue le point d’orgue du développement des services au personnel à Jujurieux. Les salaires sont bas, mais les avantages sociaux sont nombreux. La manufacture ressemble à un village avec ses logements spécifiques, sa caisse d’épargne, son service de transport, sa crèche, sa garderie, sa laiterie, son infirmerie... 

L’expansion de la maison se poursuit en France et à l’étranger avec l’établissement d’une usine de tissage en Pologne et du bureau de vente de Paris.


Un tournant après la Seconde Guerre mondiale

Chronologie des Soieries Bonnet en 1945

Après la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise s’essouffle et l’activité se recentre sur Lyon et Jujurieux. Les succursales échappent une à une à la main mise de la maison.

Avec la fermeture du pensionnat en 1945, une page de l’histoire des Soieries Bonnet est définitivement tournée. Inutilisé, le bâtiment du ménage est démonté. Vers 1950, les derniers métiers à domicile disparaissent et le transport des marchandises par le tramway est stoppé. 


Crise et restructuration

Chronologie des Soieries Bonnet en 1966

À partir des années 1960, l’organisation de type paternaliste de l’usine de Jujurieux s’étiole. Ces années sont marquées par de lourdes vagues de licenciements en raison d’une conjoncture défavorable. De nombreux bâtiments sont vendus et en 1979, la cheminée haute, emblème de la toute puissance industrielle est dynamitée.

Pour rebondir et faire face aux crises économiques, aux évolutions des tendances, la direction acquiert un parc de métiers de velours façonnés qui redonne une impulsion à la maison. Les effectifs du personnel remontent.


LA FAMILLE PASSE LA MAIN

Chronologie des Soieries Bonnet de 1986 à 2001

L’entreprise quitte le giron familial en 1986, cent soixante-seize ans après la création de la maison, vendue par les derniers actionnaires de la famille à un investisseur privé.

Dans les années 1990, le PDG parvient à redynamiser la société et lance en 1994 le musée d’entreprise. Toutefois, en 1998 les difficultés s’accumulent et s’accompagnent d’une nouvelle coupe de personnel. 

En 1999, c’est le dépôt de bilan, à la suite de quoi la Communauté de communes Bugey-Vallée de l’Ain se porte acquéreur des locaux industriels. Le sursis est de courte durée. Le 15 novembre 2001, les trois derniers employés ferment les portes de l’usine dont l’activité vient de cesser.


LA PATRIMONIALISATION

Chronologie des Soieries Bonnet en 2001

Quelques jours après la cessation d’activité en 2001, le Conseil départemental de l’Ain décide de sauvegarder - en intégralité - l’ensemble des actifs de la SETB (Société d'exploitation des textiles Bonnet).

La totalité du fonds, représentant 300 000 objets et documents, est acquis avec l’aide du Fonds régional d’acquisition des musées (Fram) et l’appui de l’État et de la Région Rhône-Alpes. Il intègre alors les collections « Musée de France » de la Direction des musées départementaux de l'Ain. Les bâtiments sont protégés au titre des Monuments historiques en janvier 2003.

En partenariat avec la Communauté de communes Rives de l’Ain – Pays du Cerdon pour l’ouverture du musée au public, le Conseil départemental de l'Ain s’attache depuis à valoriser ces collections et à faire revivre 200 ans d’épopée textile.


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