Flore exotique envahissante

Les espèces exotiques envahissantes sont un réel problème sur les sites naturels. Le Département de l'Ain ne fait pas exception en la matière. Les espèces invasives les plus suivies dans l'Ain sont celles que l'on retrouve dans les milieux humides, près de 80 % de nos espaces naturels remarquables.

De nombreuses mesures sont déployées afin de lutter contre leur développement et au moins de les contenir là où elles ont été observées.

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La Jussie

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La Jussie dans son milieu

Espèces exotiques envahissantes, la jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) et la jussie rampante (Ludwigia peploides), originaires d’Amérique du Sud posent de nombreux problèmes sur les milieux aquatiques qu’elles colonisent (plan d’eau ou cours d’eau lents). Apparues dans l’Ain en 1995, ces belles plantes aux fleurs jaunes ont trouvé en Dombes et dans certains secteurs de Bresse, un lieu propice pour s’installer et posent, depuis, de nombreux problèmes ayant conduit à la mise en place d’une lutte organisée sur le territoire.

Qui sont-elles et comment les reconnaître ?

Plantes aquatiques ayant la capacité de s’adapter en milieu terrestre, la jussie peut être un véritable fléau pour les milieux qu’elle colonise. Pour cela, il est important d’être en mesure de l’identifier pour ne pas la laisser prospérer, et ainsi engager des actions de lutte.

Elle est capable d’envahir totalement une zone aquatique et ainsi capter à son seul profit toute la lumière, consommer les ressources, et empêcher le déplacement des autres organismes (poissons, oiseaux etc.), au point d’éliminer totalement toute autre espèce de flore et une grande partie de la faune. Ainsi, elle altère la qualité de l’eau, et menace les activités humaines (pêche, navigation, baignade etc.).


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Dans l’Ain, les premières mentions de la présence de Jussie remontent à 1995, sur un étang de Saint-Paul de Varax. Depuis, de nouveaux sites sont régulièrement découverts, portant un total de 58 sites colonisés en 2021, en Dombes et en Bresse.

Face à ce constat, le Département de l’Ain s’est impliqué dans la lutte contre ces espèces dès 2012, en mettant en place un plan départemental de lutte contre les jussies, et en justifiant son action via une Déclaration d’Intérêt Général sur le territoire.

Le plan départemental de lutte contre les jussies

Pour mettre en œuvre ce plan départemental, et agir auprès des propriétaires et partenaires, le Département fait appel à la FREDON (Fédération Régionale de Défense des Organismes Nuisibles). Elle est le bras armé de cette lutte, et mène les actions du plan avec les financements départementaux. Son action consiste principalement à accompagner techniquement les propriétaires dans la lutte contre les jussies, à prospecter et cartographier les sites contaminés, à proposer des moyens de lutte, et à informer et sensibiliser sur la jussie.


l'Ambroisie

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Inflorescence d'Ambroisie

Importée d'Amérique du Nord, au 19e siècle, l'ambroisie à feuilles d'armoise (Ambroisia artemisiifolia) n'a cessé de s'étendre dans la seconde moitié du 20e siècle pour devenir, aujourd'hui, un véritable problème de santé publique et d'environnement.

L'ambroisie est une plante pionnière pouvant mesurer jusqu'à 2 mètres de hauteur. C'est une plante herbacée annuelle envahissante, introduite en Europe à partir de la fin du 19ème siècle. L'Ambroisie a la particularité d'être monoïque, ce qui signifie qu'elle porte les deux sexes sur un même plant sur des fleurs différentes. Cette spécificité explique la facilité avec laquelle la plante peut se reproduire.

Présente dans une grande partie de la région Rhône-Alpes, et notamment dans l'Ain, elle tend à se développer sur les terrains vagues, les bords de routes, les remblais, les chantiers de travaux publics... Elle est aussi une espèce invasive dans les productions agricoles.

Un véritable enjeu de santé publique

Sa période de pollinisation a lieu entre août et octobre. Au moment de la floraison, elle libère du pollen qui provoque chez les sujets sensibles de graves réactions allergiques. Environ 10% de la population est touchée, ce qui génère pour la région Rhône-Alpes des coûts de santé estimés entre 11 et 16 millions d’euros pour l’année 2012 (étude de l’Agence Régionale de Santé sur les coûts de l’ambroisie en région Rhône-Alpes).

Deux arrêtés préfectoraux ont été promulgués en 2013 dans l’Ain. Le premier stipule que dans le cadre de la conditionnalité des aides, la présence d’Ambroisie arrivée au stade de pollinisation dans les jachères ou sur les chaumes agricoles, est considérée comme un défaut d’entretien des terres susceptibles d’induire une réfaction des aides de 3% à minima. Le second (ARS) indique que tout propriétaire ou gestionnaire de terrain, qu’il soit privé ou public, est responsable et doit obligatoirement éliminer l’ambroisie qui s’y trouve avant le 15 août.

Un comité départemental de lutte contre l’Ambroisie

Le comité départemental de lutte contre l’Ambroisie a été installé le 15 octobre 2012 par le Préfet de l’Ain. L’objectif de ce comité piloté par l’Etat est de réduire l’exposition des populations aux pollens d’Ambroisie et pour cela un plan d’action de lutte contre l’Ambroisie, composé de 35 actions, a été mis en place.


Les actions de la direction des routes du Département

La Direction des Routes du Département est fortement impliquée dans la lutte contre l’Ambroisie. Dans le cadre du plan départemental de lutte contre l’Ambroisie, elle porte plusieurs actions complémentaires :

  • l’information auprès des particuliers via la production d’articles de sensibilisation
  • la formation du personnel des agences routières à la lutte contre l’ambroisie

l’entretien des dépendances routières, notamment en cartographiant l’ambroisie sur le domaine public départementale, l’ensemencement des accotements pour éviter de laisser un sol nu propice au développement de cette espèce, le fauchage avant pollinisation ainsi que sous les glissières de sécurité et re-fauchage en septembre pour éviter la production des graines


Myriophylle du Brésil

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myriophylle du brésil

Le myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum), originaire de l’Amérique du Sud, est une espèce amphibie, exotique envahissante, observable sur quelques foyers dans le Département de l’Ain. L’existence de myriophylles indigènes rend difficile son identification, et les confusions sont fréquentes. Cette EEE (Espèce Exotique Envahissante) colonise particulièrement les milieux d’eaux stagnantes ou à faible courant. En formant des tapis de végétation dense, elle bloque l’entrée de lumière et diminue la variété d’espèces présentes et la biodiversité.


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myriophylle du Bresil

Le Myriophylle du Brésil dans l’Ain

Divers sites de Myriophylle du Brésil ont pu être identifiés ces dernières années dans l’Ain. La FREDON (Fédération Régionale de Défense des Organismes Nuisibles) mène des actions de lutte contre les EEE aquatiques avec les financements du Département. D’autres démarches similaires locales ont pu émerger ces dernières années, et acteurs locaux ou propriétaires tentent d’agir contre cette espèce au caractère invasive.


la renouées asiaiques

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renouée du japon

Les renouées asiatiques (renouée du Japon, renouée Bohème, renouée de Sakhaline) sont des espèces exotiques envahissantes importées par l’Homme en Europe au 19ème siècle. Originaires d’Asie, elles sont importées comme plante d’ornement et fourragère, mais elles sont également mellifères et aident à fixer les sols. L’invasion par ces espèces s’est accélérée au cours du 20ème siècle avec la mécanisation et les grands travaux agricoles.

Les renouées sont des plantes herbacées et vivaces, à caractère buissonnant. Elles présentent une tige verte, rappelant celle du bambou, et des feuilles en forme de cœur. Jeune, la tige et les feuilles sont rouges. Au mois d’août, des fleurs blanches à jaunes se forment en grappe.

Les renouées ont besoin de milieux plutôt humides et bien éclairés pour se développer. Elles sont ainsi particulièrement présentes en bord de cours d’eau, ou sur des milieux perturbés (friches, bords de routes etc.), ce qui favorise leurs dispersions sur des axes continus.


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renouée du japon

La renouée se disperse rapidement avec un simple fragment de tige ou un rhizome. D’ailleurs son réseau de rhizome est très étendu et profond, ce qui rend difficile l’arrachage de l’espèce. Elle a aussi un fort pouvoir régénérant, si bien que même si la partie aérienne est détruite, la partie souterraine peut survivre. Pour finir, la renouée a un pouvoir allélopathique, tuant les racines des plantes voisines, et est une excellente compétitrice, privant la flore locale de lumière, et empêchant le développement d’autres plantes.

Malgré les nombreuses tentatives et expérimentations, il n’existe pas aujourd’hui de technique efficace de lutte contre les renouées asiatiques. Les gestionnaires de milieux naturels, et particulièrement de cours d’eau tentent de trouver des solutions et techniques de lutte, pour limiter la propagation, et restaurer en partie les espaces colonisés.



Rappel de la réglementation

 

Le règlement (UE) n°1143/2014 du Parlement européen relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes précise dans son article 7 que toute EEE inscrite dans la liste ne peut pas :

  • être conservées, y compris en détention confinée ;
  • être élevées ou cultivées, y compris en détention confinée ;
  • être transportées vers, hors de ou au sein de l'Union, à l'exclusion du transport d'espèces vers des installations dans le cadre de l'éradication ;
  • être mises sur le marché ;
  • être utilisées ou échangées ;
  • être mises en situation de se reproduire, de pousser ou d'être cultivées, y compris en détention confinée ;
  • être libérées dans l'environnement.

En droit français, l’arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain interdit « l’introduction sur le territoire, y compris le transit sous surveillance douanière, l’introduction dans le milieu naturel, la détention, le transport, le colportage, l’utilisation, l’échange, la mise en vente, la vente ou l’achat de spécimens vivants » de la jussie à grandes fleurs et de la jussie rampante.

Tout non-respect des dispositions portant sur ces végétaux, notamment leur libération dans la nature, peut donner lieu à une peine d’emprisonnement allant jusqu’à 3 ans et amende allant jusqu’à 150 000 euros.