Premiers habitants

La révolution néolithique

Traces de l'occupation préhistorique de 5700 avant J.-C. à 2400 avant J.-C.

Le Néolithique, qui voit l’homme passer du statut de nomade chasseur-cueilleur à celui de sédentaire producteur, est l’une des étapes les plus importantes de l’histoire de l’humanité. Le nouveau mode de subsistance, basé sur l’agriculture et l’élevage, entraîne de profonds changements : défrichages à grande échelle, sédentarisation des populations, invention de la poterie, utilisation des premières meules de pierre.

Apparue au Proche-Orient vers 9 000 ans avant notre ère, la « révolution néolithique » atteint la France vers 5 700 dans le sud de la France (courant méditerranéen)  et vers 5 000 en Alsace et en Lorraine  (courant danubien). 

Dans l’Ain, les premiers témoins de cette époque ont été découverts dans la grotte du Gardon à Ambérieu-en-Bugey, où des groupes d’éleveurs fréquentent le site en alternance avec les derniers chasseurs-cueilleurs entre 5 300 et 4800 avant notre ère.

Le Néolithique reste mal connu dans la région. Les vestiges de cette période ont surtout été découverts en grotte ou en abri-sous-roche. L’archéologie préventive a mis au jour des habitats de plein air et des bâtiments, notamment à Géovreissiat et à Saint-Jean-le-Vieux. Sur le plateau de la Michaille, la prospection a révélé des ateliers de taille, à proximité de gisements naturels de silex. Quelques rares vestiges comme le menhir de Simandre-sur-Suran ou les   pierres à cupules de la région de Belley attestent l’existence du  mégalithisme dans l’Ain.


Au temps d'Homo erectus

Traces de l'occupation préhistorique du 200000-00-00 avant J.-C. au 120000-00-00 avant J.-C.

Paléolithique inférieur et moyen

Des pierres taillées récoltées en surface depuis la fin du 19e siècle témoignent d’une présence ancienne de l’Homme dans notre région. Certains outils datés du Paléolithique inférieur seraient l’œuvre de Homo erectus.

Un galet aménagé retrouvé à Poncin fait figure de plus vieil outil de notre département. Cet outil rudimentaire au premier abord, est le témoin d'une révolution des comùportements et des techniques. Plusieurs bifaces, dont ceux mis au jour à Ambérieu-en-Bugey et à Douvres, témoignent de techniques de taille assez évoluées. Ils pourraient être la signature soit de Homo erectus, soit des ancêtres de Homo neanderthalensis.

Ces espèces ayant partagé certains traits culturels, il est difficile d'attribuer à l'une ou l'autre des trouvailles isolées. Ces vestiges ne sont pas datés précisément et ont parfois laissé planer le doute quant à leur authenticité, notamment certains bifaces découverts au col de Thur (Hautecourt) en 1882.


Le savoir-faire des magdaléniens

Traces de l'occupation préhistorique du 17000-00-00 avant J.-C. au 10000-00-00 avant J.-C.

Paléolithique supérieur

Toutes ces occupations du Paléolithique supérieur sont attribuées à deux périodes successives : le Magdalénien (-17 000 à -12 000 ans avant le présent) et à l’Azilien (-12 000 à -10 000 ans avant le présent). Les fouilles ont livré de nombreux indices sur le quotidien de ces groupes de chasseurs-cueilleurs vivant dans une société complexe, rythmée par les migrations saisonnières et les déplacements des grands troupeaux (renne, cheval…).

Cette période est marquée par un savoir-faire technique élaboré (travail du silex et de l’os sur le site de La Croze à Saint-Martin-du-Mont), des pratiques spirituelles évoluées (sépulture des Hoteaux à Rossillon) et une habileté artistique exceptionnelle (galets gravés de La Colombière).

A la grotte des Romains à Virignin, des milliers d’éclats de silex et de restes de faune, associés à une riche industrie osseuse (aiguilles à chas, poinçons, sagaies, harpon) et de nombreux éléments de parures (dents animales et coquillages marins perforés) témoignent de la richesse de ce quotidien et de séjours répétés d’une importante communauté d’individus.


L'âge de Neandertal

Traces de l'occupation préhistorique du 120000-00-00 avant J.-C. au 33000-00-00 avant J.-C.

Paléolithique moyen

Cette période marque la fréquentation de l’Europe par l’homme de Neandertal, il y a environ 120 000 ans. Plusieurs découvertes montrent son passage dans l’Ain, mais les témoignages matériels restent rares. Des silex taillés et façonnés, essentiellement des éclats retouchés, ont été retrouvés à l’est du département, dans la grotte de La Tessonnière à Ramasse et la petite cavité de La Chênelaz à Hostias, à 900 m d’altitude.


L’homme de Neandertal est à l’origine d’une riche culture, le Moustérien, qui se manifeste par une technique particulière de taille de la pierre et par de nouvelles considérations symboliques (premières sépultures, préoccupations esthétiques…).

Coïncidant avec l’apparition des premiers hommes modernes, sa disparition il y a 35 000 ans reste un mystère et suscite encore de nombreux débats au sein de la communauté scientifique. Les grottes de l’Ain ne permettent malheureusement pas d’argumenter cet épisode car seules des informations partielles renseignent sur la vie de notre plus proche cousin.


L'avènement d'Homo sapiens

Traces de l'occupation préhistorique du 33000-00-00 avant J.-C. au 13000-00-00 avant J.-C.

Paléolithique supérieur

Présent en Europe depuis 35 000 ans, Homo sapiens n’apparaît que tardivement dans l’Ain, à la fin du Paléolithique supérieur. Ce peuplement tardif est lié à la succession de plusieurs épisodes glaciaires qui ont longtemps rendu inhospitalière une partie de la région et limité l’accès aux grottes et abris du Jura méridional.

A la faveur d’un réchauffement climatique, les premières pénétrations s’observent il y a 15 000 ans le long de la rivière d’Ain et du Suran, avec les sites de La Colombière et à La Croze. Ces gisements abritent les plus anciens témoignages de l’homme moderne dans le département de l’Ain. L’occupation s’étendra par la suite à l’intérieur des massifs, en empruntant la cluse des Hôpitaux (grottes des Hoteaux et de La Chênelaz), et concernera plusieurs cavités du sud du Bugey (grotte de l’Abbaye, abris de Thuys) et des bords du Rhône (grottes des Romains, de La Raillarde et de La Bonne Femme). On recense ainsi 13 sites ayant livré des vestiges des derniers peuples de chasseurs-cueilleurs.

La carte de répartition des sites montrent que, hormis la grotte de La Chênelaz (Hostias), localisée à 900 mètres d’altitude, tous les gisements se situent dans des zones de passages naturels, au contact des cours d’eau, à des altitudes variant entre 250 m et 350 mètres.


Un art mobilier exceptionnel

Traces de l'occupation préhistorique du 12000-00-00 avant J.-C. au 10000-00-00 avant J.-C.

Paléolithique supérieur

Fréquentés au sortir de la dernière grande glaciation, les grottes et abris de la région ont livré des œuvres d’art exceptionnelles. Cet art ne s’exprime, par opposition à l’art des cavernes connu à la grotte de Lascaux, que sur des objets manipulables et transportables. On parle dès lors d’art mobilier.

Les supports utilisés sont en matérieux divers : os, bois de renne, ivoire ou pierre. Des armes et objets de la vie quotidienne sont décorés de motifs géométriques ou figuratifs. Plusieurs pointes de sagaies et harpons portent des tracés parallèles ou entrecroisés. Bien que les manifestations artistiques restent encore difficiles à déchiffrer pour les archéologues, elles témoignent d’une vie sociale et spirituelle complexe. L'art transmet des informations importantes sur le quotidien et l’environnement des chasseurs-cueilleurs. permettant de dresser un panorama des espèces animales de cette époque.

Sur les galets gravés de La Colombière (Neuville-sur-Ain) cohabitent le mammouth, le renne, l’ours, le rhinocéros laineux, le bœuf musqué, le cheval, le bouquetin, le chamois et plusieurs félins. Une gravure figurant un homme les bras entrouverts sur un fragment d’omoplate de mammouth est le seul exemplaire connu dans la région.

A l’extrême fin du Paléolithique supérieur, dans un contexte climatique, végétal et animal en constante évolution, un style radicalement différent s’exprime. Ce changement s’observe sur une série de galets peints et gravés découverts à l’abri Gay à Poncin, où l’art abstrait et schématique remplace dorénavant le style animalier.


Pour en savoir plus

Traces de l'occupation préhistorique en 2020

Retrouvez plus de ressources sur l'archéologie sur le site de Archéologie préhistorique entre Saône et Rhône

À lire sur le sujet : 

Mottes castrales de Dombes : éléments pour un atlas, André Bazzana, G. David, A. Gonnet, Jean-Michel Poisson. Direction des Antiquités Historiques, Lyon, 1986, 106 p.

Carte archéologique de la Gaule. L’Ain, A. Buisson. Académie de Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1990, 192 p.

Pré proto gallo méro : Histoire de l’Ain en archéo, M.-C. Frère-Sautot (dir.). Catalogue d’exposition, musée de Brou, Bourg-en-Bresse, 1998, 143 p.

Archéologie en Rhône-Alpes, Protohistoire et monde gallo-romain, dix ans de recherches, J. Lasfargues (dir.). Catalogue d’exposition, Musée de la Civilisation gallo-Romaine, Lyon, 1984, 176 p.

Naissance de l’archéologie préventive en Rhône-Alpes dans La fabrique de l’archéologie en France, J. Lasfargues, J.-P. Demoule, C. Landes (dir.). La Découverte, Paris, 2009, pp. 178-188.

La villa des Grandes Terres à Beynost (Ain)organisation spatiale et techniques de construction, Sylvain Motte, Georges Vicherd. Revue Archéologique de l’Est, tome 57, 2008, pp. 267-288.
Ain autoroute archéologie, M.-F. Poiret, Georges Vicherd (dir.). Catalogue d’exposition, musée de Brou, Bourg-en-Bresse, 1982, 176 p.

La villa des « Vernes » à La Boisse (Ain), T. Silvino, F. Blaizot, G. Maza. Revue Archéologique de l’Est, tome 60, 2011, pp. 217-290.
Des premiers paysans à la conquête de la

aule. Néolithique et Protohistoire dans l’Ain, Jean-Michel Treffort. Collection Patrimoine des Pays de l’Ain, n° 3, Bourg-en-Bresse, 2007, 108 p.

Fouilles dans la vallée du Formans (Ain) en 1862. Documents pour servir à l’histoire de la campagne de Jules César contre les Helvètes, J.-E. Valentin-Smith. Librairie ancienne d’Auguste Brun, Lyon, 1888, 153 p.

Un vaste établissement de type « ferme indigène » à Béligneux, Georges Vicherd. Revue Archéologique de l’Est, tome 35, 1984, pp. 366-367.

Château Gaillard, dans Vivre à la campagne au Moyen Âge. L’habitat rural du Ve au XIIe siècle (Bresse, Lyonnais, Dauphiné) d’après les données archéologiques, Georges Vicherd, C. Duvette, E. Faure-Boucharlat (dir), M. Paulin, V. Forest, J.-L. Gisclon. Le Recourbe. Documents d’Archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne, 21, ALPARA, Lyon, 2001, pp. 177-224.

La grotte du Gardon (Ain). Le site et la séquence néolithique des couches 60 à 47, Jean-Louis Voruz (dir.). Archives d’Ecologie Préhistorique, Toulouse, 2009, 564 p.

 

 La préhistoire dans l'Ain - au temps des chasseurs-cueilleurs, Patrimoine des Pays de l'Ain, 2017.

Cet ouvrage constitue le n°16 de la collection thématique consacrée au département de l’Ain et intitulée Patrimoines des Pays de l’Ain.

Même si depuis plus d’une centaine de milliers d’années, la présence de l’homme est attestée sur notre territoire, les témoignages les plus tangibles remontent à il y a 15 000 ans environ. Ces groupes de chasseurs-cueilleurs ont laissé des traces dans de nombreuses grottes et abris sous roche, dont certaines revêtent un caractère exceptionnel comme les galets gravés de multiples représentations animalières de La Colombière et de La Croze, les sépultures des Hoteaux et de Sous Balme ou les éléments de parure, coquillages et dents perforés, de la Grotte des Romains.

Au travers de 108 pages illustrées, Gérald Béreiziat, enseignant et Docteur en Préhistoire, et Marc Cartonnet, préhistorien indépendant, nous emmènent à la rencontre de nos ancêtres et nous plongent dans leur vie quotidienne.

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