Faune exotique envahissante

Le département de l’Ain compte de nombreuses zones humides : cours d’eau, étangs, marais… Elles possèdent des rôles fonctionnels très importants tout en abritant une faune et une flore riche et diversifiée. Mais parmi les espèces des zones humides, certaines posent parfois quelques soucis et dégâts à l’écosystème et aux activités humaines.

 (jpg - 409 Ko)

Le ragondin

Ragondin (jpg - 947 Ko)

Ragondin

Le Ragondin (Myocastor coypus) est un mammifère originaire d’Amérique du Sud. Ce gros rongeur, qui peut atteindre une bonne dizaine de kg, a été introduit en Europe au XIXème siècle pour sa fourrure. Il est désormais considéré comme l’une des espèces invasives les plus problématiques d’Europe. Le premier ragondin de l’Ain aurait été observé en 1985.

Les populations prolifèrent rapidement, le ragondin atteint sa maturité sexuelle vers 6 mois, et une femelle peut faire deux à trois portées par an de 5 à 7 petits chacune. Il n’a aucun prédateur naturel sur le territoire. Son habitat de prédilection reste les milieux aquatiques d’eau douce, notamment ceux qui intègrent des réseaux hydrauliques comme les canaux et fossés. Il trouve dans ces milieux ses mets favoris : racines, herbes et feuillages des végétations aquatiques, créant de nombreux dégâts sur les habitats naturels.

Selon une étude publiée en 2009 dans l'Ecological Society of America, le ragondin a été classé en tête des 10 espèces exotiques les plus nuisibles d'Europe. Par son mode de vie et sa qualité d’espèce invasive, il est en partie responsable :

  • De la dégradation des berges et digues d’étangs, en creusant des galeries, il favorise leurs érosions
  •  De dégâts sur les végétations aquatiques, pouvant consommer parfois jusqu’à la disparition des espèces végétales telles que les roseaux
  • De transmettre potentiellement des maladies à l’Homme, comme la leptospirose via son urine
  • De dégâts sur les cultures et le maraîchage, ainsi que de l’écorçage des peupleraies

Le rat musqué

Christelle Sénéchal (jpg - 6877 Ko)

Rat musqué

Le Rat musqué (Ondatra zibethicus) est un rongeur beaucoup plus petit que le ragondin, avec un poids maximal d’1,5 kg. Tout comme le ragondin, il est originaire d’Amérique et a été introduit en Europe sa fourrure. De nombreux échappés d’élevages ont alors colonisé les milieux naturels et agricoles.

Ils posent des problèmes similaires au ragondin, entrainant des dégâts sur les digues et ouvrages hydrauliques et fragilisant l’enracinement des arbres sur les berges.


le frelon asiatique

Frelon asiatique (png - 176 Ko)

Frelon asiatique

Depuis plusieurs années, sévies dans notre Département une nouvelle espèce exotique envahissante : le frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax). Chaque année plus abondant, il a un impact fort sur la biodiversité, et exerce une importante prédation sur de nombreux insectes, principalement les abeilles domestiques.

Qui est-il ?

De couleur foncée, presque noire, il ne doit pas être confondu avec son voisin Européen (frelon d’Europe), aux couleurs noires et jaunes.

Signalez sa présence

Une plateforme de signalement, dédié à la surveillance du frelon asiatique en Rhône-Alpes est disponible : www.frelonsasiatiques.fr  - Vous suspectez la présence d’individus ou d’un nid de frelons asiatiques ? Prenez une photo et signalez votre suspicion !


nid frelon asiatique (jpg - 25 Ko)

nid frelon asiatique

Le frelon asiatique vit au sein d’une colonie, composée d’une femelle reproductrice. Chaque année, de nouvelles colonies se construisent, généralement à la cime des arbres, et en fin d’automne, de nombreuses futures reines quittent le nid, pour en construire un nouveau. La lutte est alors particulièrement difficile, car la découverte d’un nid, suggère, la création de nombreux autres.

Le frelon asiatique n’est pas agressif envers l’homme, sauf quand la colonie est dérangée. Il est alors particulièrement dangereux. C’est pourquoi les nids doivent être détruits par des spécialistes.

Une pression sur les abeilles et une lutte organisée

Redoutable prédateur, le frelon asiatique attaque les ruchers d’abeilles domestiques et provoque d’importants dégâts. Mais il exerce également une pression sur une importante diversité d’insectes tels que les papillons, les mouches ou encore les araignées.

 


 (png - 66 Ko)

En Auvergne Rhône-Alpes, un dispositif régional de surveillance et de lutte est mis en œuvre par le Groupement Rhône-Alpes de Défense Sanitaire (GDS AURA), décliné au niveau départemental. Une plateforme de signalement a été créée, et un réseau de référents s’occupe de la coordination. Ils s’occupent notamment du repérage et de la destruction de nids.


Ecrevisses américaines

écrevisses invasives (jpg - 30 Ko)

écrevisses invasives

En seulement quelques années, de nombreux cours d’eau de l’Ain, et plus généralement de France, ont été colonisés par diverses espèces d’écrevisses exotiques, exerçant une pression importante pour les populations d’écrevisses autochtones comme l’écrevisse à pieds blancs.

L’apparition de la peste de l’écrevisse à la fin du XIXème siècle suite à l’introduction d’écrevisses américaines fait décliner rapidement toutes les populations d’écrevisses autochtones à travers toute l’Europe. Cependant, l’apparition de cette maladie encourage également l’introduction d’autres espèces (exotiques) résistantes à la peste et destinées à compenser la disparition des écrevisses européennes.

Ecrevisse américaine, écrevisse de Californie et Ecrevisse de Louisiane ont donc été introduites à différentes périodes et ont colonisé de nombreux milieux. Plus fécondes, plus agressives, plus résistantes, elles se comportent en vecteurs potentiels de la peste, ravageant les espèces autochtones des biotopes dans lesquels elles pénètrent.


Tortue de Floride

tortue de floride  (jpg - 122 Ko)

tortue de floride

Il est estimé que plus de 4 millions de Tortues de Floride (Trachémyde à tempes rouges – Trachemys scripta elegans) ont été importées en France, en provenance des Etats-Unis dans les années 80 – 90, comme animal de compagnie (Dupré et al., 2006). Nombres d’entre elles ont été relâchées en milieu naturel après être devenues trop encombrantes ou nécessitant trop d’entretiens. Reconnaissable par ses tempes rouges, cette espèce a su s’adapter facilement sur nos milieux naturels.


Tortue Cistude d'Europe  (jpg - 5388 Ko)

Tortue Cistude d'Europe

Une compétition avec la Cistude d’Europe

Les études sur l’impact de la tortue de Floride sur les milieux aquatiques sont peu nombreuses, mais il semblerait que sa présence n’entraîne pas forcément une diminution généralisée des espèces locales (bien qu’ayant des effets négatifs sur certains groupes faunistiques et floristiques).

Cependant, la tortue de Floride entre en compétition avec la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), espèce autochtone de tortue, en se disputant les sites d’exposition au soleil par exemple, ou en lui transmettant certains parasites.

Aujourd’hui la cistude d’Europe n’est quasiment plus présente dans le Département de l’Ain (raisons multiples), mais la présence de la tortue de Floride sur des sites où la cistude d’Europe est potentiellement observable encourage à se montrer vigilant.

Rappel de la réglementation

La Trachémyde à tempes rouges est interdite d’introduction dans le milieu naturel par l’arrêté ministériel du 30 juillet 2010. Son importation est interdite dans la communauté européenne (CE 349 25/02/2003) et elle est inscrite sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne (règlement européen n°1143/2014).