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Fiche édifice : 118
Commune : Neuville-les-Dames (Ain, France)
Rédacteur de la notice : vigier thierry
Type : Maison canoniale
Architecte : Pierre Langrené, Damboy
Autres intervenants : Pierre Chabert (charpentier), Jean Lamy (entrepreneur) , Michel Nain (tailleur de pierres)
Fonction : Depuis la Révolution, elle sert d'habitation familiale.
Datation : 2e quart 18e siècle
Modifications : Construction d'une tour accolée à la façade sud-ouest du bâtiment principal.
Description : Il s'agit d'un bâtiment trapézoïdal élevé sur trois niveaux. La façade sud donnant sur la place du Chapitre a une prestance identique aux hôtels particuliers de l'époque. Un escalier en pierre, à volée double et à montée convergente, avec une rampe en fer forgé, permet d’accéder à la belle porte d'entrée cintrée en chêne, munie d'un heurtoir. Sous la clé de voûte passante sans doute autrefois armoriée, la flèche de l'arc est comblée par une imposte. Cette ouverture se situe sur un avant-corps central surmonté d'un fronton triangulaire et classique, lui-même agrémenté d'un œil-de-bœuf en son centre. De plus, un balcon en fer forgé surplombe cette porte d'entrée. La majorité des fenêtres et des lucarnes en façade sont réalisées en petits bois et fermées par des persiennes de bois. La toiture à la mansarde est soulignée par une corniche qui se poursuit sur la tour de 1900 construite à l'angle de la façade sud-ouest. Au-dessus de la baie supérieure de cette tour, trois corbeaux sculptés soutiennent le fronton en plein cintre, le tout décoré de modillons. A l'arrière, un balcon identique à celui de la face sud se trouve au-dessus d'un escalier de quatre marches en pierre. Cette façade nord donnant sur un parc est moins prestigieuse.
Matériaux gros oeuvre : Galet,Brique (carron),Pisé,Pierre taillée
Matériaux ouvertures : Pierre taillée
Matériaux couvertures : Tuile en écaille,Tuile plate,Ardoise
Particularités : À l'intérieur du bâtiment se trouvent un escalier de service en chêne chevillé et un escalier en pierre avec une rampe en fer forgé qui donne sur le vestibule.
Historique : Les archives concernant le chapitre de Neuville-les-Dames nous apprennent que Louise Barbe de Brosses (1710/1758), originaire de Dijon entre au prieuré en 1729. Sa sœur Charlotte (1717/1776) la rejoint ainsi que sa mère Pierrette née Févret de la Fondette (1681/1771), veuve de Charles de Brosses (1677/1723) conseiller au parlement de Bourgogne. Les registres capitulaires de 1734 et 1735 citent la maison de Madame de Brosses et ses filles. Ils précisent qu’elle peut construire un perron de quatre pieds et demi face à la cour du Chapitre et que le mur de façade doit être en alignement avec la maison mitoyenne de Madame de Vallins. Des minutes notariales de 1735 citent les prix faits pour les différents entrepreneurs : charpentiers et tailleurs de pierre. En 1739, leur frère Charles (1709/1777) également conseiller (1741) puis président (1775) au parlement de Bourgogne relate dans un de ses courriers qu’il passe voir sa mère et ses sœurs dans leur nouvelle maison : « la plus belle sans contredit et la plus vaste du chapitre ». Suite à un exil en 1776, il passe du temps avec sa famille et est apprécié pour sa culture et son humour. L’entretien de cette demeure coûte cher et la famille de Brosses se résout à partager cette bâtisse avec la famille voisine de Vallins dès 1750. Pour ces mêmes raisons, de nouvelles "nièces" sont adoptées (ce principe d'adoption étant accompagné de subsides) : Hyacinthe Pierrette en 1758, Catherine et Constance en 1761, Agathe et Augustine en 1769 (filles de Charles issues de ses 2 mariages). Olympiade et Elisabeth Pauline, membre de la famille de Brosses, obtiennent à leur naissance, un brevet de fraternité en 1773 et 1775. Des demoiselles de la famille de Legouz de Saint-Seine (seconde épouse de Charles) et de Fondette se joignent pour garder ce bien dans la famille. En 1780, une partie est vendue aux demoiselles de Monestay de Chazeron pour 45 000 livres. Ces dernières adoptent Mesdemoiselles de Neuville de l’Arboulerie (1781) et Madame de Chevigné, veuve du comte de Bar, qui seront les dernières chanoinesses à avoir vécu dans cette maison jusqu'à la Révolution. Avant cet événement, des réunions capitulaires, des réceptions et des bals s’organisent dans les magnifiques salons aux boiseries Louis XVI, avec un parquet en étoile et vue sur les jardins. Adélaïde de Berbis (1768/1848), est reçue au prieuré en novembre 1787 et habite dans une maison au fond de la place du Chapitre. A la Révolution, elle est emprisonnée à Chatillon-sur-Chalaronne puis à Bourg-en-Bresse en 1793. A sa sortie, elle épouse Charles Aimé Jussieu de Saint Julien et revient vivre à Neuville. Elle vend sa propre demeure canoniale et achète en 1811 cette bâtisse à un descendant de la famille de Bar pour la somme de 4800 francs auprès du notaire Despiney de Neuville-les-Dames. Elle y meurt en 1848. La famille de Gevigney acquière cette demeure en 1879. Au début du 20e siècle, un pavillon tourelle est construit en façade sud-ouest. L’architecte bressan Abel Rochet, qui a épousé une femme vivant dans une autre maison du Chapitre, en est le concepteur. Les descendants actuels de la famille de Gevigney y vivent toujours et entretiennent cette magnifique bâtisse qui fait la fierté du village de Neuville-les-Dames car elle évoque le passé prestigieux de ce prieuré.
Geolocalisation WGS84 : 46.162873223502224 - 5.003159463405609
Protection : Inscrit ISMH (inventaire supplémentaire des MH) 18-12-1980
Documentation : A. Gourmand, Notice sur l'ancien chapitre noble de Neuville-les-Dames, imprimerie Milliet Bottier, 1865, Archives départementales de l'Ain / BIB D 875; Lucien Charrin, Neuville les Dames Des origines à nos jours, Regain, 1993, Archives départementales de l'Ain / BIB TU 281; Base Mérimée Ministère de la culture,
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/dapamer_fr?ACTION=NOUVEAU&, Base Mérimée; Hippolyte Babou, Lettres familières d'Italie à quelques amis en 1739 1740 par Charles de Brosses, 21, 22, Poulet Malassis et de Broise, 1858,
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k39895g/f65.item; CH Foisset, Le Président de Brosses Histoire des lettres et Parlement au 18ème siècle, 86,87,89,142,322,346,522,527, Olivier-Fulgence, 1842,
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9725787z/f94.image.r=Neuville; Albert Bouchet, Histoire des prieurs de l'ancien chapitre noble de Neuville-les-Dames, 1889, Archives départementales de l'Ain / BIB E 45; Octave Morel, Le prieuré de filles nobles de Neuville-les-Dames 1158-1755, Archives Départementales de l'Ain / BIB TU 43; Minutes notarales Maitre Reffay, Archives Départementales de l'Ain / 3E 20 605