Le jour du souvenir

Signé le 11 novembre 1918 près de Rethondes, l'armistice met un terme à la Première Guerre mondiale qui a fait plus d'un million de morts et presque six fois plus de blessés et de mutilés parmi les troupes françaises. Malgré l’étendue des destructions, le soulagement est immense et la joie s’empare de chaque commune. 

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Monument aux morts de Pont-de-Vaux

Plus jamais ça !

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Monument aux morts de Pont-de-Vaux

La Grande Guerre, par sa durée insupportable, l’extension et la multiplication de ses fronts, l’expérience des tranchées et la mobilisation sans répit de l’arrière, a profondément marqué les populations européennes. En grande majorité, le monument aux morts est un lieu de justification du sacrifice, il exprime fierté et reconnaissance "aux morts pour la France". Toutefois, certains monuments instillent le pacifisme en dénoncant la guerre et le bellicisme, ils contrastent avec les monuments centrés sur la glorification des héros tombés au champ d'honneur.

Le monument dessiné par Edouard Givord et sculpté par Alphonse Muscat à Pont de Vaux participe à ce mouvement. Il représente un poilu, sans casque, sans armes, dégrafant sa ceinture, chaînes cassées à ses pieds comme si il refusait la guerre pour regarder
fièrement l’avenir ; La mention PAX est inscrite sur un phylactère. Alphonse Muscat mène toute sa carrière de sculpteur dans l'Ain où il bénéficie de nombreuses commandes publiques dès 1906.
Réformé après quelques mois de front, il abandonne la sculpture qu’il reprendra dès 1919 pour réaliser 20 monuments aux morts en 5 ans, part importante de son œuvre. Muscat travaille le plâtre, la terre ou le bronze, mais la pierre qu'il taille directement est son matériau de prédilection. Ses personnages présentent une stature héroïque et réaliste à la fois. Il s'affranchit peu à peu de l'académisme de ses débuts pour créer des volumes épurés leur conférant un ton de modernité.


Mémoire de pierre

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Monument aux morts de Lavours.

La commémoration des soldats morts pour la Patrie commence avec la guerre de 1870. Mais avec les 1,4 million de morts à la fin de guerre de 14-18, elle prend une ampleur sans précédent. La loi du 25 octobre 1919 « relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre » instaure la mise en place d’un livre d’or placé en mairie sur lequel sont inscrits les noms des combattants décédés. Il n’y a pas d’obligation légale à faire ériger un monument, mais des comités se constituent et rassemblent des fonds dans pratiquement tous les villages de France pour pouvoir inscrire à jamais dans la pierre les noms des
soldats.
De grandes nécropoles nationales sont créées près des champs de bataille. Les soldats morts restent « mobilisés » aux côtés de ceux avec lesquels ils ont combattu. Ils sont assurés d’une égalité de traitement et de la permanence du souvenir par la Nation qui les prend en charge. Le monument aux morts apporte une réponse à l’absence des corps. C’est une manière de supporter le deuil et la disparition en communauté à travers l’inscription du nom du disparu dans l’espace public.


Mobiliser les fonds

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Monument aux morts de Sutrieu

La loi du 25 octobre 1919 établit le principe d’une subvention accordée par l'Etat aux
communes, en proportion de l'effort et des sacrifices qu'elles feront en vue de glorifier
les héros morts pour la patrie. La résolution d'édifier un monument est un acte spontané de la part d’une commune. Souvent un comité local se met en place parallèlement pour mobiliser plus largement les fonds nécessaires. Trois sources principales de financement existent : le budget municipal, la subvention du Département et la souscription. Il existe parfois aussi des dons. C'est le conseil municipal qui traite, souvent de gré à gré, avec les entrepreneurs locaux en discutant les plans et les devis.

La commune de Sutrieu est un bon exemple de financement multiple. Pour atteindre
le montant du devis, le conseil municipal a voté un budget de 1100 F ; une souscription publique a été levée à hauteur de 2585 F ; une vente de sapins et noyers a été organisée ; elle a rapporté 1800 F. Cela ne suffisant pas, le conseil décida d’emprunter la somme manquante et de solliciter l’aide de l’Etat. Une subvention d’un montant de 1276 F sera accordée.


Le jour du souvenir

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Carte postale "Inauguration du monument aux morts"

Le 11 novembre 1920, date du second anniversaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale, la République institue une commémoration à dimension nationale. Pour la première fois une cérémonie solennelle célèbre le soldat inconnu, héros anonyme de la Nation, représentant du peuple des soldats, « le fils de toutes les mères qui n’ont pas retrouvé leur fils… » comme l’affirme le général Weygand.
En 1920, le 11 novembre n’est pas encore un jour férié. Les anciens combattants réclament un jour de deuil civique uniquement dédié à cette guerre. Mais l’Etat ne souhaite pas créer un nouveau jour férié. Le souhait officiel est d’honorer la République victorieuse le 14 juillet et les morts au combat, en famille, le jour de la Toussaint. Le 1er nov 1920 est la date retenue pour inaugurer le monument aux morts de la Burbanche.

Ce n’est qu’en 1922 que le 11 novembre devient une journée chômée, les communes de Montréal La cluse, Chazey sur Ain, Bolozon, Boyeux St Jerôme, Tallissieu profiteront de cette première journée du souvenir pour inaugurer leur monument aux morts.

Aujourd'hui, le 11 novembre célèbre à la fois l'Armistice du 11 novembre 1918, la Commémoration de la Victoire et de la Paix et l'Hommage à tous les morts pour la France.