Église Saint-Maurice de Neuville-les-Dames

Construite au 19e siècle pour remplacer l'ancienne église paroissiale devenue vétuste, l'église Saint-Maurice demeure aujourd’hui la plus vaste du secteur paroissial. La nouvelle église de Neuville-les-Dames est sortie de terre en 1889 et a été achevée en 1892. De style néo-roman, l’édifice conçu par l’architecte Tony Ferret s’inscrit dans la configuration de la place du Chapitre, dont l’histoire est liée à celles des chanoinesses, présentes des siècles durant à Neuville.

Vue de chevet de l'église de Neuville-les-Dames (jpg - 157 Ko)

Façade ouest de l'église Saint-Maurice

Église paroissiale et église des chanoinesses

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Place du chapitre et hôpital de Neuville-les-Dames

Deux églises précédent l’église Saint-Maurice actuelle : une église paroissiale Saint-Maurice, datant du 12e siècle, et une église Sainte-Catherine, celle des chanoinesses. Les deux églises sont accolées tête bêche, le chœur de l’église paroissiale est situé à l’Est de l’édifice, selon la tradition chrétienne ; celui de l’église Sainte Catherine à l’Ouest pour que l’entrée donne sur la place du Chapitre et soit accessible aux chanoinesses, par un sentier en brique reliant chaque demeure au lieu de culte.

L’ancienne église Saint-Maurice, de style roman, est bâtie selon les dispositions d’un plan en croix latine, avec une nef qui se termine par une abside unique. S’élève au-dessus du bâtiment un clocher lanterne. Assez sobre, elle ne posséde pas de vitraux. Des travaux de restauration sont entrepris en 1329, puis en 1592, et à de nombreuses reprises au cours du 18e siècle en raison de son état de délabrement avancé.

C’est finalement en raison de sa vétusté et du manque de place pour accueillir les paroissiens qu’il est décidé, en 1887, de faire construire, sur l’emplacement du bâtiment actuel, une nouvelle église. Plus grande et majestueuse, elle doit alors être susceptible de recevoir l’ensemble de la communauté des croyants en son sein.


Débats et déboires à l'occasion de la construction de la nouvelle église

Vue de clocher de l'église de Neuville-les-Dames (jpg - 75 Ko)

Façade sud-est de l'église Saint-Maurice

Les débats sont animés au sujet de la conception du projet de construction de cette nouvelle église Saint-Maurice. La commune doit acheter un emplacement de 280 m² venant s’ajouter au terrain qu’elle posséde dans le but d’y faire édifier le nouveau bâtiment. Ledit emplacement a pour avantage d’ouvrir et d’agrandir la place du chapitre et de jouxter le presbytère datant de 1845. La déclivité du terrain engendre une polémique car elle rend difficile l’orientation de l’édifice, dont le chœur doit se trouver à l’Est, selon la tradition chrétienne.

De nombreuses discussions se tiennent sur ce sujet sensible, entre la fabrique, la mairie et le comité diocésain. Monsieur Dugas, maire et président de la fabrique, souhaite installer l’église sur ce nouvel emplacement, alors que le comité diocésain s’y oppose, par peur des coûts supplémentaires occasionnés par une adaptation de la construction à la configuration du terrain. En outre, les Neuvillois, financeurs de la mise en œuvre du projet à hauteur d’un tiers du coût des travaux, menaçent de retirer leurs dons en cas de déplacement de quelques centaines de mètres par rapport aux dispositions initiales.

Tony Ferret, architecte diocésain, sait convaincre tous les protagonistes, en proposant les plans d’une église construite sur une crypte, permettant de surélever l’édifice et de s’adapter à la déclivité du terrain. Ce projet retient l’attention, et, après de longues discussions, la décision est enfin prise en 1888.

Les travaux s’échelonnent de 1889 à 1892. Tony Ferret est l’architecte du projet et André Antoine Mandy, entrepreneur domicilié à Ars, se voit confier la maitrise d’œuvre. Monsieur Mandy décéde le 17 octobre 1890 en tombant d’un échafaudage, ce qui interromp temporairement l’avancée des travaux du chantier. Son épouse accepte la responsabilité d’une reprise du cours de la construction, si bien que cette dernière est achevée en 1892.


un trio non-conventionnel pour allier classicisme néo-roman et originalité moderne

Vitrail de l'église de Neuville-les-Dames (jpg - 67 Ko)

Vitrail de l'église Saint-Maurice

Le soin apporté aux décors à l’intérieur de l’église est indéniable, et, si une partie de l’ornementation n'est jamais achevée, faute de moyens, il n’en demeure pas moins évident que les Neuvillois ont l’ambition que l’église Saint-Maurice soit un édifice religieux imposant et grandiose.
Le bâtiment de 40 mètres de long sur 15 mètres de large, dont le plan est en forme de croix latine, est pourvu d’un transept inscrit. Les contraintes inhérentes à l’étroitesse de la parcelle limitée par la présence de l’ancien presbytère accolé au terrain expliquent sans doute ce choix. La nef centrale est flanquée de collatéraux et se termine par une abside unique, avec une voûte en cul-de-four. Les voûtes d’arêtes des cinq travées, dont l’esthétique simple et épuré n’est pas sans rappeler l’art roman, sont soutenues par des arcs en plein-cintre et des arcs doubleaux, retombant sur des piliers et pilastres. L’église est pourvue également d’un clocher porche et d’une tourelle comprenant un escalier qui mène au clocher.
L’ensemble construit en pierres d’origines différentes, de Saint-Martin de Belleroche, Villebois, Ramasse, Fontvieille et Tournus a une silhouette homogène et harmonieuse.

À cette architecture d’inspiration romane viennent s’ajouter les vitraux du célèbre maître-verrier Lucien Bégule, artiste reconnu en France et à l’étranger. Son atelier lyonnais se voit confier la conception des vitraux de l’église Saint-Maurice de Neuville-les-Dames en 1891.
L’influence néo-romane des verrières de l’église est visible dans le dépouillement iconographique assumé, et dans le classicisme perceptible dans la représentation des personnages en pied, sur un soubassement de scènes historiées.
La thématique des vitraux est centrée sur la vie des saints, principalement celle des saints locaux tel que le Bienheureux-Pierre-Chanel et ceux vénérés au 19e siècle. La facture de ces vitraux est révélatrice de l’art du maître verrier, en ce qui concerne le rendu de la texture des étoffes et des modelés anatomiques.

À l’ornementation de l’église s’ajoute la présence de céramiques décoratives, rares dans la région et plus généralement dans les édifices religieux. Cette particularité inscrit l’église dans la fin de son siècle qui connait un fort engouement pour cet atour de terre cuite et d’émail.
L’église Saint-Maurice de Neuville-les-Dames renferme 96 céramiques décoratives réalisées dans l’atelier Perrusson & Desfontaines implanté à Ecuisse en Saône et Loire. Les motifs choisis sur catalogue apportent une touche de lumière qui réchauffe l’ensemble avec leurs couleurs chaudes et vives.

Si Tony Ferret et Jean-Marie Perrusson travaillent ensemble sur plusieurs chantiers, le trio formé avec Lucien Bégule est en revanche inédit. 
Le résultat de cette collaboration en faveur de l’église Saint-Maurice est matérialisé par la réalisation d’un ensemble qui mêle un classicisme volontaire et assumé par le biais d’une architecture d’inspiration néo-romane, rehaussée par les céramiques décoratives, originalité subtile et moderne, inscrivant l’édifice dans son époque.

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Céramiques décoratives : frise, métopes, horloge et rosace.


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Place du Chapitre
01400 Neuville-les-Dames
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Église ouverte tous les jours de 14h à 19h.
Visites libres possibles sauf pendant les offices

Plan et itinéraire

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