Maisons bugistes

L'habitat bugiste présente une harmonie de formes et de matériaux adaptés au relief et au climat du Bugey. Il constitue un ensemble de traits caractéristiques de l'architecture ancienne et traditionnelle.

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Izieu, maison rurale bâtie en pierres, à la toiture couverte de tuiles plates bordée par des pignons à redents.

Les maisons de village

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Mur pignon à redents ou « à pas d’oiseaux »

Forêts et agriculture, ressources principales du Bugey, ont conditionné l’habitat depuis les débuts de son occupation. Du Moyen-Age à la Révolution, les villages étaient constitués d’habitations groupées. Seules les « granges », propriétés des seigneuries ou abbayes, ainsi que les moulins étaient construits à l’écart des villages.
Le paysage bugiste présente trois types d’habitat traditionnel : l’habitat groupé, l’habitat de hameaux et l’habitat dispersé.
La disposition de ces maisons est sensiblement toujours la même. Dans le Haut-Bugey les maisons sont soit contigües dans un village groupé (maisons-blocs à terres en profondeurs) soit séparées du village (maisons-blocs en profondeur). Les maisons isolées étaient autrefois habitées de façon permanente dans le nord-est du Bugey, ou juste pour l'été dans l'est du Haut-Bugey.
En basse montagne ou en lisière viticole, les agglomérations présentent des maisons à hauteur et des maisons de vignerons.  
Comme dans les environs de Belley, les maisons présentent de hauts murs pignons, dépassant légèrement. L’escalier de façade des maisons de vignerons donne accès à l’étage d’habitation, en surmontant la cave du rez-de-chaussée.
Dans le Valromey, ils sont souvent plus longs par rapport aux murs latéraux, comme dans le Haut-Bugey. Mais les maisons sont plus petites et moins profondes. Leur partie sommitale est décorée de redents, lui donnant cet aspect caractéristique d’escalier, nommé parfois « pas d’oiseaux ».

Les épis de faîtage de la maison bugiste sont un des traits caractéristiques de l'architecture bugiste. Haut perchés, ils renforcent le pignon de la toiture.

Voir Epis de faîtage


L’habitat dispersé du Bugey

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Ferme isolée à Brenaz

A partir du 19e siècle, le centre du Bugey voit la multiplication des constructions de fermes isolées à l’entrée ou à la sortie des villages préexistants. Ces fermes imposantes sont entourées d’un grand espace de verdure encadrant les quatre pans de murs.
Ces fermes séparées étaient bâties le plus souvent sur un plan carré. Plusieurs dominantes les caractérisaient : la prédominance et simplicité du toit avec un faible débord de toiture, les petites et nombreuses ouvertures de l'habitation en pignon sont toujours plus hautes que larges ; les ouvertures larges de la grange et des écuries sont protégées par un important décroché de façade avec un ou plusieurs dreffias. Il constitue ainsi un véritable vestibule.
La nef du logement de ces grosses maisons carrées de 15 x 15 m ou rectangulaires de 18 x 12 m, se prolonge sur l’un des murs pignons. Ce sont les maisons-blocs en profondeur.
L’habitat dispersé en maisons isolées varie selon son implantation géographique.  Dans le Bugey du Nord-Est se trouvent les maisons isolées et habitées de manière permanente. De grandes dimensions, elles sont comme tapies dans le sol. Sa réserve de bois est fermée par des planches. Plus au nord, les maisons isolées, orientées Nord-Sud,  sont plus petites. Pour protéger leur façade des intempéries, le mur pignon est entièrement recouvert de tavaillon ou de zinc.
L’Est du Haut-Bugey présente un habitat temporaire de maisons isolées. La vaste étendue de pâturages de ces alpages de sommet est parsemée de construction dite « pâturage » ou « alpage ».


L’organisation extérieure des maisons

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Façade principale d’une ferme avec dreffia à Hauteville

Deux tiers de la surface des fermes étaient réservés, avec la grange et l’écurie, à l’exploitation agricole. Accolées les unes aux autres par des pignons mitoyens, les fermes de village ont été construites sur un plan rectangulaire, dont le petit côté donnait sur la rue principale. Le bâtiment était d'une grande profondeur pour compenser l'étroitesse de la façade sur rue.
L’extérieur était tout aussi fonctionnel que l’intérieur. La porte du logement s’ouvrait sous l’avant-toit, permettant un accès facile à chaque partie du bâtiment lors des intempéries et des chutes de neige. En effet, grange et écurie étaient en retrait par rapport à l’appartement.
L’espace couvert, au-dessus de la porte de l’écurie, était occupé par un séchoir à bois caractéristique appelé en patois valromeysan ou hautevillois « dreffia », qui signifie « dresser » le bois. Ce « dreffia » était toujours situé sur la façade principale et servait à entreposer le bois de chauffage, le banc ou autre.
La toiture était couverte de tavaillons, de lauzes ou plus rarement de chaume jusqu’à la première moitié du 19e siècle. Le toit à deux pans, de pente moyenne, possédait à chaque extrémité une demi-croupe. La charpente, soit à ferme, soit sur colonnes, ne reposait pas sur les murs mais sur des poteaux.
Pour renforcer le pignon de la toiture, les épis de faîtage sont très utiles. En plus de leur aspect fonctionnel, leur esthétisme parfois très poussé et leur diversité de forme et de matériaux en font une des particularités de l’habitat bugiste.

Voir Epis de faîtage


L'organisation intérieure des maisons

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Entrée de la maison par la cuisine - Musée du Bugey-Valromey à Lochieu

Les fermes comprenaient trois travées perpendiculaires au faîtage. La grange, partie centrale, séparait le logis de l’étable, appelée « écurie » dans la région. La grange et l’étable, parties réservées à l’exploitation agricole, communiquaient entre elles par une simple cloison de planches, à travers laquelle on nourrissait le bétail, tourné vers la grange.
Cette « nef » que formait la grange était éclairée par un vaste portail, laissant passer un char à foin. Ce portail était composé de deux vantaux renforcés par des écharpes. L’ajustage de sa fermeture, dans la partie haute, était assuré par une découpe en “ S ”. Au centre des deux vantaux, s’ouvrait une porte de service en deux parties : le haut était presque toujours ouvert pour l’aération.
Le logement était composé de trois pièces. On pénétrait directement dans la cuisine. En face de l’entrée, l’escalier menait à l’étage. Sous ce même escalier, se trouvait l’évier. Sous la fenêtre, se trouvait généralement un potager. Il s’agissait d’une sorte de cube de pierre avec de face, un vaste orifice appelé « cendrier ». Ce dernier était surmonté de deux à quatre orifices carrés sur lesquels étaient posés des grilles. On mettait des braises prises dans la cheminée voisine pour réchauffer des plats placés sur les grilles. De la cuisine, on passait dans le « poêle », pièce chauffée de l’extérieur par la grande cheminée de la cuisine. A la suite du « poêle », on arrivait à la cave. A l’étage, deux chambres se succédaient en enfilade.



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Les mots à comprendre

Redents : Ornement de pierre en forme de dents, que l'on peut trouver au sommet des murs porteurs des maisons traditionnelles du Bugey-Valromey.

 

Dreffia : Terme local désignant cette sorte de séchoir à bois sous l'avant toit des maisons à l’architecture traditionnelle du Bugey.

A lire sur le sujet

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Coqs, girouettes, épis de faîtage, Marcel Monnier, 2002, consultable aux Archives départementales de l'Ain.

 

 

Recueil des fiches conseils en architecture, urbanisme et environnement du  Bugey, CAUE

 

La vie rurale dans les montagnes – Etude de géographie humaine, René Lebeau, 1955 (consultable  aux Archives départementales de l’Ain cote : BIB 160)