Vieilles forêts
Dans l’Ain, se trouvent encore des forêts dont les caractères se rapprochent des forêts anciennes avec des peuplements âgés, peu marqués par les interventions sylvicoles et offrant une biodiversité remarquable grâce, notamment, à la présence de bois mort et d’arbres à cavité.
Biodiversité des forêts anciennes
En Europe continentale, les vieilles forêts préservées de l’activité humaine ont quasiment disparu et l’on cite souvent la forêt de Białowieża, en Pologne, formée suite à la dernière glaciation (- 10 000 ans) comme l’une des dernières reliques de la forêt primaire sur le continent. En France, les vielles forêts représentent moins de 0,2 % de la surface forestière.
Les cartes d’Etat-major du XIXe siècle ou cartes de Cassini, nous permettent de localiser les forêts anciennes, dont la présence est attestée depuis au moins 150 ans. Sous réserve d’une gestion forestière peu intensive, ces forêts offrent une biodiversité remarquable.
Les forêts naturelles européennes peuvent accueillir plus de 10 000 espèces animales et végétales. Cette biodiversité est particulièrement intéressante car elle comprend des espèces rares, à faible capacité de dispersion (espèces, au déplacement très lent et colonisant très lentement les milieux) et affectionnant les espaces peu impactés par l’Homme.
Une grande partie de la biodiversité exceptionnelle des vieilles forêts est liée à la présence de bois morts ou de vieux arbres. En effet, près de 25% des espèces spécifiquement forestières (oiseaux, mammifères, amphibiens, mousses, lichens, insectes et champignons) ont besoin de bois mort ou périssant pour se nourrir ou s’abriter.
Les arbres vivants qu’ils sont porteurs de micro-habitats ou vieillissant sont particulièrement favorables à la biodiversité. Les singularités des arbres telles que les fentes, les cavités, les trous de pics ou les décollements d'écorces sont des endroits privilégiés pour la nidification des oiseaux (pics, chouettes…) et pour l’accueil des chauves-souris forestières ou de divers petits mammifères.
La diversité des milieux dans les espaces forestiers est un facteur important de biodiversité. Ainsi les milieux ouverts (clairière, trouée), les milieux aquatiques (cours d’eau, étangs, mares,…) et les milieux rocheux favorisent une diversité de milieux de vie de de ressources au sein d’un peuplement également appréciés par les espèces typiquement forestière et permettent d’accueillir des espèces aux exigences variées.
Préservation des veilles forêts
Rares et sources d’une biodiversité exceptionnelle, les forêts anciennes peuvent être préservées par plusieurs outils spécifiques à la gestion forestière. Les mesures de protection ou de gestion sont mises en œuvre à différentes échelles.
A l’échelle d’un massif forestier
Le classement d’une forêt en réserve biologique intégrale ou dirigée (RBI ou RBD) exclue toute exploitation forestière ou prévoit une gestion sylvicole adaptée. Ce classement concerne uniquement les forêts publiques relevant du régime forestier et gérées à ce titre par l’ONF (Office national des forêts).
En Rhône-Alpes, les forêts publiques et privées peuvent faire l’objet d’un rattachement volontaire au réseau FRENE (Forêts Rhônalpines en Evolution NaturellE) où le propriétaire s’engage à ne pratiquer aucune intervention sylvicole pendant la durée de contractualisation.
Dans l’Ain, Réserve Biologique Intégrale d’Arvière, située dans le Bugey sur les versants d’une combe du massif du Grand Colombier entre 700 et 1400 mètres, compte une centaine d’hectares. Elle est composée d’une sapinière riche en bois mort au sol, de hêtraies et inclue également des falaises, des rochers et des pelouses. La diversité des milieux, l’ancienneté de la forêt et le faible impact des activités humaines font de ce peuplement forestier un réservoir important pour la préservation des espèces forestières.
A l’échelle d’une parcelle forestière
A l’intérieur d’une parcelle forestière, il est possible d’instaurer des îlots de vieux bois soustraits à la gestion sylvicole appliquée à la parcelle. Ces îlots de vieillissement ou de sénescence permettent de laisser évoluer les arbres au-delà de la maturité de récolte pour atteindre des stades de vieillissement avancés et d’assurer la présence de bois mort sur le peuplement forestier en conservant l’objectif de production de bois.
Arbres par arbres
Les arbres remarquables pour la biodiversité (arbres à cavités, très gros bois, vieux arbres, arbres morts…) peuvent être conservés par un marquage spécifique lors des choix d’exploitation sylvicole. Ponctuellement, ces arbres sont ainsi exclus des coupes de bois et perdurent au sein du peuplement forestier. Ils augmentent la valeur écologique de la forêt. L’ONF recommande de conserver au minimum 2 à 3 arbres par hectare.
Dans les forêts à haute valeur écologique, présentes au sein de la Réserve naturelle de la Haute-Chaine du Jura, on dénombre entre 6 et 8 arbres « biologiques » par hectare.