Pérouges

Pérouges, riche cité commerçante du Moyen-Age, figure parmi les villages pittoresques du département. « Ville imprenable », comme inscrit au fronton de la porte haute, assise sur une éminence du plateau de Dombes, elle abrite derrière ses remparts un dédale de rues et ruelles pavées. Ancienne ville de riches marchands, de tisserands du chanvre et de cultivateurs, elle se développe grâce aux privilèges accordés par les chartes de franchises sous la domination des dauphins du Viennois, puis de la maison de Savoie à l'origine de son apogée.



Vue panoramique de la cité de Pérouges (jpg - 77 Ko)

Un bourg castral médiéval traverse le temps

Plan d'archives en couleur de la cité de Pérouges (jpg - 283 Ko)

Plan castral de Pérouges dressé par M. Sathonière en avril 1830

La cité de Pérouges est un "burgus" ou "hauteur fortifiée" qui présente un plan arrondi où les rues s’organisent en suivant le chemin de ronde. La rue des Rondes permet d’en faire tout le tour. Ses remparts protecteurs épousent le relief et assure l'affirmation de la cité. Ses systèmes de défense, mur d'enceinte, tours et portes fortifiées, mâchicoulis, encore visibles aujourd’hui, étaient percés de meurtrières. Au 15e siècle, une barbacane vient renforcer le dispositif pour protéger la porte principale de l’église. Un ensemble de ruelles converge vers la place centrale rebaptisée à la Révolution "Place du Tilleul". Il met à l'honneur la troisième génération de tilleuls de la liberté planté en 1792. Les maisons disposées concentriquement autour de la place sont de simples maisons de vignerons, à escalier en façade. Elles côtoient des maisons plus cossues à encorbellement et pans de bois. Toutes utilisent des matériaux divers de pierre calcaire, tuf, galets, carrons, brique, de terre et de bois. Cette variété n’a d’égale que celle des ouvertures : fenêtres à meneaux, arc brisés ou en plein cintre se succèdent. La révolution industrielle et la situation de la cité à l’écart des voies de communication, auront raison de la prospérité de la cité. Abandonnée par ses habitants, Pérouges tombe en ruines au début du 20e siècle. Elle renait de ses cendres grâce à l’action du Comité de sauvegarde et de conservation du Vieux Pérouges fondé en 1911 avec le concours de personnalités lyonnaises comme Edouard Herriot ou l’architecte Tony Garnier. Plus de 90 maisons seront protégées au titre des monuments historiques entre 1921 et 1941.


L'église-forteresse de Pérouges, unique dans l'Ain

Entrée et église de Pérouges (jpg - 66 Ko)

L'église de Pérouges intégrée au rempart

Construite durant le deuxième tiers du 15e siècle en remplacement de la petite église Saint-Georges hors les murs, l'église de style gothique flamboyant est placée sous le vocable de sainte Marie-Madeleine. Intégrée au système défensif, son chœur est tourné vers le nord et non pas vers l'est, comme le veut la tradition. Le mur extérieur, percé de deux rangs de meurtrières, sert de rempart à la cité, et porte, dans sa partie supérieure, le chemin de ronde qui permettait aux défenseurs de faire le tour de l’enceinte.


Pour les mêmes raisons militaires, l'édifice est dépourvu de transept complet ; il se compose d’une nef et de deux bas-côtés séparés par des piliers octogonaux sur lesquels retombent des arcs brisés. Le même plan se retrouve dans l'église défensive de Crémieu en Isère. Les murs intérieurs étaient probablement recouverts d'un enduit polychrome. Certaines croisées d’ogives comportent des clefs de voûte où les maîtres d’œuvres et sculpteurs se sont exprimés avec finesse et élégance.


L’église abrite un ensemble de sculptures remarquables dont une originale Vierge de miséricorde qui étend largement son manteau protecteur, et un monumental Saint Georges terrassant le dragon provenant de l’ancienne église éponyme détruite au 18e siècle.


La maison du Prince, résidence des Comtes de Savoie

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Maison du Prince à Pérouges

La Maison du Prince qui abrite le musée du Vieux Pérouges date du 15e siècle. Ancienne habitation des châtelains de Pérouges, elle est la résidence privilégiée des comtes de Savoie depuis la destruction de leur château de Saint-Georges-d'Espéranche situé en Isère. Ses vastes pièces comportent des cheminées et des fenêtres à coussiège aux vitres colorées. Le bâtiment, classé monument historique en 1921, présente une riche façade de boutiques aux ouvertures en anse de panier. Il est éclairé à l'étage par des fenêtres à meneaux et traverses. Les appartements sont aujourd'hui transformés en salles d'exposition.


C'est par le musée que l'on accède à la haute tour ronde, d’où l’on peut voir les toitures de la ville et l'hortulus, petit jardin médiéval créé pour présenter 32 plantes "médicinales, potagères et d'amour". Au rez-de-chaussée du musée, une exposition permanente retrace l'histoire de la cité. Des objets mis au jour lors de fouilles archéologiques s'accompagnent de plans, de maquettes et de la présentation d'une tombe mérovingienne. A l'étage sont exposés des meubles anciens régionaux ; des peintures d'artistes locaux décorent les pièces au sol de terre cuite. Une vitrine met en valeur la pierre locale dite "tuf de Meximieux", révélant l’empreinte de végétaux fossiles, feuilles de tilleul ou de laurier comme imprimées dans la roche. Des outils du 19e siècle côtoient des arbalètes, sabres et casques du 15e siècle.


L'Hostellerie, de génération en génération

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Hostellerie de Pérouges, oeuvre de Maurice Utrillo.

Au centre de la cité, sur l’ancienne place de la Halle, baptisée place du Tilleul depuis la Révolution, se trouve l'Hostellerie et sa façade à colombages ou à pans de bois. Construite au 12e siècle, elle est l'une des plus anciennes maisons de Pérouges, celle d’un riche marchand. Classée au titre des monuments historiques, cette maison figure parmi les plus belles de Pérouges. Celles qui avaient perdu leur encorbellement ont été restaurées au début du 20e siècle. Leur façade est constituée d'un ensemble de pièces de charpente assemblées dans un même plan. Hourdés de brique, les encorbellements sont enduits de torchis ou de plâtre. Celui de l'Hostellerie datant du 16e siècle présente deux étages de pans de bois reposant sur les assises de pierre du rez-de-chaussée. Le deuxième étage, simplement percé de deux fenêtres, fait saillie sur le premier. Célèbre aujourd'hui pour abriter la fameuse "Hostellerie du vieux Pérouges", l’établissement est réputé pour son accueil. Depuis 1912, il est tenu par la famille Thibaud, à l'origine de la sauvegarde de la cité avec la création du Comité du vieux Pérouges soutenu par Edouard Herriot, maire de Lyon. Son ambiance chaleureuse et pittoresque a été appréciée par les plus grands noms comme Aragon, Le Corbusier, Claude Nougaro, Pierre Cardin ou Bill Clinton, et tant d'autres.
La cité et la place du Tilleul ont servi de décor au tournage de bon nombre de films depuis Les Trois mousquetaires et Mandrin dans les années 1920, jusqu’au téléfilm Isabelle disparue en 2010. La place a également inspiré le peintre Maurice Utrillo qui séjourna épisodiquement dans l’Ain au château de Saint-Bernard entre 1924 et 1945.


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Plan et itinéraire

Les mots à comprendre

barbacane : dans l'architecture médiévale, ouvrage extérieur placé devant une porte pour défendre l'entrée.

polychrome : qui se compose de plusieurs couleurs

fenêtre à coussiège : banc de pierre couramment aménagé dans les constructions médiévales dans l’embrasure d’une  fenêtre. Intégré à la maçonnerie, il était recouvert de bois ou de coussins. Il permettait de s’asseoir en profitant de la lumière naturelle et de surveiller l’extérieur.

Maurice Utrillo (1883-1955) : artiste représentatif de l’Ecole de Paris, connu pour ses paysages parisiens, il a aussi peint dans l’Ain au moment où il séjourne au château de Saint-Bernard en compagnie de sa mère Suzanne Valadon et de son beau-père et ami André Utter entre 1923 et 1945. Le château et la région proche l’inspire. Il donne à la Place du tilleul du bourg médiéval de Pérouges une vision naïve et colorée animée de personnages féminins à la silhouette rebondie. Il meurt le 5 novembre 1955.
Biographie de Maurice Utrillo

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A lire sur le sujet

Guide de Pérouges, Anne-Siegrid Adamowicz, Annick Puvilland, M&G Éditions 2004

Pérouges Pérouges Chroniques de la rénovation d'un village médiéval  Guy Leduc, Italiq 2002