fouilles préventives récentes

Nécropole d'une agglomération antique à Saint-Vulbas (2015)

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Nécropole de Saint-Vulbas : inhumation en coffrage maintenu par les galets et les tuiles

En 2015, des fouilles préventives sur le site "En Pierre Blanche" sur la rive droite du Rhône à Saint-Vulbas (Ain) ont été prescrites par le service régional de l'archéologie. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement de l’extension du parc industriel de la plaine de l'Ain (PIPA). Une première phase de fouilles a été réalisée par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Tony Silvino. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour une partie d’une nécropole datant de l’Antiquité, au potentiel archéologique très riche et prometteur.

Cette partie de la Plaine de l'Ain a déjà livré de nombreux vestiges et cette fouille confirme la présence d'une agglomération antique secondaire située à un point de passage important du Rhône, à proximité de Lugdunum (Lyon). Cette position a sans doute contribué au développement de son économie.

La zone de fouilles d'environ 2000 m2 a livré une zone funéraire bordée à l'est et à l'ouest par deux fossés, attestant la présence d'un plus grand enclos funéraire se poursuivant hors de la zone de fouille.

Deux phases chronologiques principales se sont dégagées :

- une première nécropole datée des 1er et 2e siècles après J.-C. a révélé une série des structures liées à la pratique de la crémation, alors en usage dans le monde romain. De nombreux restes de mobilier d'accompagnement du défunt ont été retrouvés dans des fosses de rejets secondaires (vases, monnaies, éléments de parure et de toilette). Des sépultures sous forme d'ossuaires sont aussi attestées. La présence de petits enclos destinés aux sépultures de nourissons est à signaler. Dans l'Antiquité, les enfants décédés en période périnatale n'étaient pas incinérés mais inhumés dans des contenants remployant des tuiles ou des amphores.

- une seconde nécropole datée du 4e siècle succède à la première avec une centaine de tombes. La plupart présente une architecture soignée, les parois des fosses creusées dans le sable sont consolidées par des galets, qui calaient sans doute des planches de bois aujourd'hui disparues.

L'étude approfondie du site va permettre de mieux documenter les pratiques funéraires d'une population installée durant plusieurs siècles dans une zone charnière de la Gaule, entre l'extême nord de la province de la Narbonnaise et le sud-est de la Lyonnaise.


L'aqueduc romain de Divonne-les-Bains (2012)

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Relevé en coupe au 1/25 ème de l'aqueduc de Divonne-les-Bains

L’opération de fouille préventive menée au lieu-dit "Les Grands Champs » en septembre 2012 par une équipe d'Hades Archéologie a permis de mieux renseigner l’aqueduc romain entièrement souterrain qui alimentait la ville antique de Noviodunum (Nyon, Suisse). Une portion de 142,50 m de cet ouvrage a été mise au jour, plus long tronçon d'aqueduc jamais excavé (142 mètres). De nombreux regards ont pu être étudiés, régulièrement espacés avec un intervalle de 42 mètres entre eux. Il reste difficile de savoir si l’aqueduc était originellement dallé partout car les dalles ont par la suite fait l’objet d’une intense récupération.
Concernant la pente de l’aqueduc, la différence altimétrique entre le début et la fin de ce tronçon est d’environ 4 mètres. Sur sa dernière partie, la pente se radoucit. Du béton de tuileau est disposé au débouché d'une forte pente, permettant peut-être de renforcer localement le specus à un endroit où l’eau à grande vitesse était susceptible d’endommager rapidement la canalisation.


Un dépôt de 69 haches à Loyettes (2003, connu en 2012)

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Hache "brute de coulée" qui devait servir de lingot et non d'outil.

Cet ensemble a été découvert en 2003 par le propriétaire d'une parcelle agricole lors du dessouchage d'une haie. Ce n'est qu'en 2012, après avoir pris conscience de la valeur patrimoniale et scientifique de sa trouvaille, qu'il l'a déclarée officiellement aux services compétents.

Les 69 haches, dites "à rebord", semblent avoir été déposées peu de temps après avoir été coulées : aucune d'elles n'est ébarbée ou martelée. Plusieurs exemplaires possèdent encore une masselotte à l'extrémité du talon. Ce type de dépôt est assez répandu en Europe, notamment dans le secteur de la chaîne alpine. Ces haches composées de cuivre presque pur pourraient avoir une fonction de "lingots". Leur datation reste difficile à préciser mais il est possible de l'associer au Bronze final en Europe centrale, en Italie et dans le sud de la France (- 1400 à - 800 ans avant notre ère). Un programme collectif de recherche engagé sur 3 ans permettra de mieux comprendre ces objets d'un point de vue typologique, technologique et contextuel.

La découverte de Loyettes est à rapprocher du dépôt de 58 haches de Ternay (Rhône) trouvé en 1873 et peu étudié jusqu'ici : certaines traces laissent penser que les mêmes moules ont été utilisés lors de la coulée.


Une zone d'habitat protohistorique à Saint-Just (2009)

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Le site de Saint-Just en cours de fouille (2009)

Le site de Chantelarde, sur la commune de Saint-Just, est situé à proximité de Bourg-en-Bresse. Il surplombe de 20 mètres la plaine alluviale de la Reyssouze. Une fouille préventive prescrite par l’Etat a été réalisée par Archéodunum sous la responsabilité scientifique d’Audrey Pranyes, avant les travaux de la rocade nord-est de Bourg-en-Bresse aménagée par le Département.

Menée sur une superficie de 2,6 hectares, la fouille a révélé une occupation dense constituée de près de 1300 structures, vestiges d’une vaste installation à vocation domestique inédite dans ce secteur, composée, entre autres, de plus de 1000 trous de poteau, d’une centaine de fosses, d’une quinzaine de foyers en place, et d’un moins deux fours. L’essentiel de cette occupation concerne la période protohistorique. Un fossé et une fosse, datés du 1er siècle de notre ère constituent les seuls reliefs d’une occupation du site à la période antique. Quelques vestiges datés du Moyen Âge central ont également été mis en évidence. Il s’agit pour l’essentiel de quatre bâtiments sur poteaux, associés à trois silos et à deux fosses assimilables à des fonds des cabanes, qui caractérisent une petite occupation rurale, à vocation agricole.

Sur la base du mobilier céramique issu des fosses dépotoirs, deux horizons chronologiques distincts caractérisent les vestiges protohistoriques. Ils attestent une première installation au début de l'âge du Bronze final et une seconde, sans doute plus importante, au premier âge du fer. En raison de sa superficie, du nombre et de la qualité des structures ainsi que de la lisibilité des plans de bâtiments qui y ont été mis en évidence, le site de Saint-Just – Chantelarde offre un apport documentaire conséquent et revêt une importance notable à l’échelle locale et régionale, encore assez peu documentée pour ces périodes.

Consulter le rapport de fouilles de Saint-Just (Archéodunum)


Enclos et habitat néolithiques à Saint-Jean-le-Vieux (2008)

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Enclos néolithique de type "Passy" en cours de fouille

Une fouille préventive a été réalisée par l'Inrap de mars à juillet 2008. Le site se trouve sur l'une des terrasses alluviales de la rivière d'Ain. Les découvertes concernent les périodes du Néolithique moyen (4800-3500 avant notre ère) et récent (3500-2500 avant notre ère) et l'époque gallo-romaine.

Pour les périodes néolithiques, il s'agit de découvertes exceptionnelles en raison de l'absence d'éléments régionaux de comparaison. Trois enclos s'apparentant à des « monuments funéraires » ont été mis au jour mais ne sont associés à aucune tombe, ce qui impose d'être prudent quant à leur réelle destination. Le premier, presque circulaire, présente un diamètre de 15 mètres. Le deuxième consiste en deux fossés latéraux de 39,50 mètres de long et distants de 8,50 mètres, reliés par un fossé en arc. La forme de cet enclos rappelle des exemples de régions septentrionales, notamment sur la nécropole éponyme de la commune de Passy dans l'Yonne. Le troisième enclos, de forme oblongue, est aussi imposant : 23,50 mètres de long pour 8,50 mètres de large. 

Un vaste bâtiment de 33 mètre de long et 10 mètre de large a aussi été découvert. Ses extrémités sont formées de deux absides constituées d'une vingtaine de poteaux chacune. Les parois latérales s'appuyent sur des poteaux de gros diamètre profondément ancrés, et inclinés vers l'intérieur (25 degrés environ). Cette inclinaison trouve probablement son explication dans le fait que ces poteaux étaient destinés à la charpente.

Pour la période gallo-romaine, l'occupation s'étend des 1er siècle avant notre ère au 4e siècle de notre ère. Le site révèle des réseaux fossoyés et éventuellement viaires sur toute la longueur du site. Un enclos quadrangulaire a été observé. Pour le mobilier, on recense un certain nombre d'objets métalliques (monnaies, fibules, statuettes, outils...).



Les mots à comprendre

Aqueduc :  canal ou conduite en maçonnerie (visible quand elle est surélevée comme au Pont du Gard) destinée à apporter de l’eau potable dans une ville, malgré la distance et le dénivelé entre la source et la ville.

Specus : conduite d'eau, canal

Ebarber : action d'enlever, à l'aide d'un grattoir, les saillies inutiles d'une pièce métallique qui vient d'être fondue.

Masselotte : réserve de métal liquide devenant après refroidissement une masse métallique 

Âge du Bronze : période de la Protohistoire allant du 3e millénaire au 8e siècle avant J.-C. L'âge du Bronze final s'étend de 1200 à 860 avant J.-C.

Premier âge du Fer : période de la Protohistoire allant de 860 à 375 avant J.-C. Auusi nommée Hallstatt, du nom d'un site autrichien.

Inrap Institut national de recherches archéologiques préventives

Eponyme : qui donne son nom à quelque chose

Oblong(ue) : plus long que large et arrondi aux deux extrémités

Abside : extrémité d'un bâtiment, généralement arrondie, derrière le choeur dans une église

Viaire (du latin via) : ce qui a trait à voie publique