En Europe occidentale, le mégalithisme apparait sur la façade atlantique. Le phénomène se diffuse entre la Bretagne et le Portugal vers 5000 ans avant notre ère durant le Néolithique. Les formes les plus caractéristiques du mégalithisme sont l’implantation de sépultures individuelles ou collectives monumentales (dolmens) et de menhirs.

Le terme « menhir » apparait au 18^e siècle, construit à partir du breton maen = pierre et hir = longue. Il s’agit d’une pierre dressée, plantée verticalement dans le sol. Les menhirs se rencontrent de façon générale un peu partout en Afrique, Asie et Europe, mais c'est en Europe de l’ouest qu'ils sont le plus répandus. Ils peuvent être implantés de façon isolée ou en alignement, et plus rarement en cercle. La pierre peut être taillée ou avoir été plantée telle quelle, plus ou moins brute. Tous ces monuments sont investis d’une forte valeur symbolique et ont été à l’origine de nombreux cultes et légendes.

Les régions voisines de Franche-Comté et Bourgogne, ainsi que l’est de la Suisse, possèdent de nombreux mégalithes érigés dès le 4e millénaire avant notre ère. Pourtant, très rares sont les témoins du mégalithisme dans l’Ain : aucun dolmen n’y est attesté avec certitude et seule le menhir de Simandre-sur-Suran est connu. Mais il fait peu de doute que d’autres mégalithes ont existé sur le territoire, disparus très tôt, récupérés, réutilisés ou simplement recouverts ou enfouis lors de mouvements topographiques.

Situé au hameau de Thioles, à proximité de cette rivière, le menhir a généré le toponyme de  « Pierre fiche », sans ambigüité. Ce nom, courant partout en France, est à rapprocher de « Pierrefitte » ou d’autres locutions telles que pierre fichée, pierre plantée, pierre levée, pierre longue…

Dressé en bordure d’un champ de maïs, le menhir mesure 3,80 m de hauteur, environ 0,50 m d’épaisseur et 1,30 m dans sa plus grande largeur. La pierre serait enfoncée de plusieurs mètres dans le sol. Rien ne permet d’affirmer la datation du menhir de Simandre, mais sa forme le rapproche d’exemplaires bourguignons datés du Néolithique moyen (4200 à 3600 ans avant Jésus-Christ).

Des mentions anciennes du 12^e siècle révèlent l’existence de deux autres menhirs, voisines de Pierre Fiche mais qui auraient été arrachés au 18^e siècle. Il pourrait donc s’agir non pas d’un monument isolé, mais faisant partie d’un alignement ou d’un ensemble plus complexe. On parle aussi d'un troisième menhir près du moulin tout proche. Et aussi d'un dolmen disparu depuis longtemps, près du village de Chavannes-sur-Suran, et dont la couverture de tuiles aurait donné son nom au hameau de Thioles…

A Simandre, on raconte que des fées de passage auraient planté dans un champ trois quenouilles qui se seraient transformés en énormes pierres… Le menhir est aussi devenu un lieu de croyance populaire liée à la fécondité : les époux désireux d'avoir un enfant venaient se frictionner sur la pierre et des pèlerins la creusaient pour en avaler la poussière.

Plus ancien monument classé au titre de monuments historiques dans le département (6 mars 1888), le mégalithe est une propriété privée mais reste facilement visible depuis un sentier de randonnée.