Panneaux peints sur bois

Plus d’une vingtaine de panneaux et triptyques des 16e et 17e siècles conservés dans quinze églises du département de l’Ain sont répertoriés et protégés au titre des monuments historiques.

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Retables et triptyques

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Triptyque de saint Taurin et saint Nicolas de Tolentin, église de Verjon, chapelle sud.

Depuis l’époque gothique, sont placées sur les autels des "images" figurant des scènes de la vie du Christ ou des représentations de saints patrons. Elles pouvaient être réalisées en sculpture ou en peinture, mais aussi peintes directement sur le mur, formant un retable.
Les panneaux peints sur bois inventoriés dans le département appartiennent à cette catégorie et se présentent souvent sous forme de triptyques. La plupart du temps fermé, ils n’étaient ouverts que pour les offices ou les fêtes. Les miniatures les montrent souvent protégés par de grands rideaux. Des panneaux plus petits pouvaient orner aussi des oratoires particuliers. L’âge d’or des retables reste la première moitié du 16e siècle, puis la mode disparaît rapidement en application des directives du Concile de Trente. A partir du 17e siècle, d’importants tabernacles sont en effet posés sur les autels pour affirmer la prééminence du culte du saint Sacrement. Devenant de plus en plus volumineux, les retables sont alors déplacés dans les chapelles latérales marquant la fin de leurs créations. Le département de l’Ain n’échappe pas à cette règle.


Flamands, bourguignons ou bressans ?

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Église de Saint-Laurent-sur-Saône, Saint Jean-Baptiste, détail du panneau Saint Augustin

Quelques hypothèses peuvent être formulées quant à la provenance des œuvres conservées dans les églises de l’Ain. Un premier groupe révèle une nette influence des maîtres d’origine nordique travaillant en Bourgogne. Il n’est pas impossible que le chantier ouvert par Marguerite d’Autriche à Brou en 1506 ait contribué à les attirer. C’est le cas du Triptyque de La Lamentation  (1527) conservé à l’ancien hôpital de Chatillon-sur-Chalaronne, le panneau de Saint Augustin (vers 1520) de l’église de Saint-Laurent-sur-Saône. Le Triptyque de la vie Saint Jérôme (1518), provenant de l’église Notre-Dame à Bourg-en-Bresse conservé aujourd’hui au Musée de Brou, est attribué à Grégoire Guérard établi à Tournus. La découverte de la signature de Nicolas de Hoey (1547-1611)  au cours de la restauration de La Montée au Calvaire (Ceyzériat) et de La Flagellation (Hôtel-Dieu de Bourg-en-Bresse), révèle d’autres œuvres réalisées par un peintre flamand établi en France et travaillant entre Fontainebleau et la Bourgogne. Les panneaux de l’Ascension et de la Transfiguration, non signés, portent au dos la marque d’Anvers.
Un second ensemble réunit des œuvres d’inspiration méridionale, où l’on reconnaît les influences de Savoie, Dauphiné, Provence ou Italie, qui peut être illustré par le Triptyque du Christ aux cinq plaies de l’église de Champagne-en-Valromey.
Enfin, certaines œuvres plus locales sont à attribuer à l’école bressane représentée par le peintre Benoît Alhoste ; le Triptyque de saint Taurin et saint Nicolas de Tolentin de Verjon montre son style caractérisé par ses arrières plans réduits à des ciels jaunes entourés de nuages sombres, les couleurs vives des vêtements ou les visages clairs entourés de cheveux sombres de ses personnages.

Voir "Panneaux peints sur bois des églises de l'Ain"



Les mots à comprendre

Retable : construction verticale qui porte des décors sculptés et/ou peints. Mot provenant du latin retro tabula altaris signifiant planche en arrière d'un autel.

Triptyque : oeuvre peinte ou sculptée en trois panneaux, dont les deux volets extérieurs peuvent se refermer sur celui du milieu.

Benoît Alhoste : peintre bressan né vers 1620, fils de Jean Alhoste, peintre de Bourg. On lui attribue une quinzaine de tableaux dans le département de l'Ain.

Editions à découvrir

Ain Sacré, Trésors peints sur bois,

catalogue d'exposition, Palais épiscopal de Belley, 1999

 

Trésors de l'Ain, Objets d'art du Moyen Âge au 20e siècle,

Magali Briat-Philippe, Catherine Penez, 2011

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