Fête de la Saint-Blaise
La vénération de saint Blaise, saint patron de la commune de Torcieu, se voudrait une réminiscence d'un rite païen de fécondité. Elle est mentionnée dans un acte de 1770 mais elle serait plus ancienne. Elle est avant tout une fête juvénile liée aux conscrits. Cela se passait ainsi.
Des préparatifs bien établis
Les préparatifs commencent dès le nouvel an passé. Chaque villageois a son rôle à tenir en vue des réjouissances.
Jusque dans les années 1920, les pompiers se chargent, musique en tête, chaque samedi d’effectuer le tour du village.
En vue de la procession, les conscrits élaborent le montage du Pain bénit dans une cambuse autour d’un ramequin. Sur un support en bois en forme de cône, s’étagent tous les 40 centimètres environ, des couronnes de brioches des plus grosses aux plus petites.
L’installation de fils électriques dans les rues a engendré la réduction de la hauteur de la pyramide… Le Pain béni n’atteint plus les 4,20 mètres ! Des fleurs en papier de différentes couleurs et des rubans retombants agrémentent l’ensemble. Une orange coiffe le tout. A noter qu’en 1919, ce sont les Anciens combattants qui ont réalisé le Pain Béni avec cette fois-ci des fleurs tricolores de circonstance.
Quant aux cuisinières, elles font frire en quantité des bugnes qui sont conservées dans des balles à lessives.
Arrive le grand jour… et la foule
Saint Blaise est fêté le 3 février, jour de congé pour tous. La date sera ensuite transférée au dimanche le plus proche.
Selon un itinéraire aller-retour immuable, la procession s’ébranle alors. Elle gagne la grande rue par la « cour à Chazelle » et poursuit jusqu’à la Croix de la Chapelle. En tête viennent les pompiers en tenue traditionnelle, tablier de cuir et bonnet à poils. Les enfants de chœur accompagnés du clergé environnant brandissent la croix de procession. Les enfants du village précèdent la statue de saint Blaise datant du 16e siècle qui quitte l’église pour être promenée sur son brancard. Puis vient le Pain béni. Le conscrit qui le porte sur sa tête doit avoir de solides épaules mais l’on tolère le changement de porteur ! Suivent ensuite les bannières de procession de saint Blaise (datant de 1911) et de la Vierge. Les chantres et la foule ferment la marche. Sans oublier le chant de saint Blaise retraçant sa vie qui a été modifié depuis.
Une fois le demi-tour effectué à la Croix de la chapelle où « pètent les boîtes », la procession se pimente. La statue de saint Blaise se met à « guigner » sans que sa tête soit articulée. Selon la tradition, si le Saint "guigne", cligne de l’œil ou baisse la tête devant une fille, celle-ci se marie dans l'année... Les porteurs de la statue, au demeurant bien informés, se chargent de faire guigner le saint en le penchant !
Le retour à l’église s’effectue par le « Pré à Denis ». La messe peut alors commencer. Au moment de l’élévation, à l’intérieur la « clique » sonne « Aux Champs » et à l’extérieur « trois boîtes pètent ». L’office se termine par la distribution de pain béni.
Et la fête continue…
Le joyeux cortège de conscrits sillonne ensuite les rues du village. Accompagnés de musiciens, ils s’arrêtent devant chaque maison. L’aubade donnée, ils distribuent les brioches du « Pain Béni » en échange d’une obole et ceci plusieurs jours durant.
L’après-midi est consacré au bal qui se déroule dans une grange. Un char décoré fait office de scène pour les musiciens. Il est déplacé plus tardivement dans la remise du restaurant Nambotin. Les jeunes gens sont en charge d’aller chercher les jeunes filles à leur domicile pour les conduire au bal. La fête se prolonge la nuit tombée voire au-delà ! Les jours suivants, les conscrits et les conscrites se retrouvent à nouveau.
Et aujourd’hui ?
Le Comité d’Animation et la Municipalité vous donnent rendez-vous pour cette fête devenue traditionnelle. Même si le déroulé a quelque peu été modifié, la procession et la messe sont toujours d’actualité. Mais une nouvelle bannière de saint Blaise a vu le jour en 2004 pour préserver l’ancienne bannière restaurée en 2002-2003. La statue de saint Blaise âgée d’au moins 5 siècles reste désormais dans l’église. Une nouvelle création a été réalisée en 2004 pour partir en procession. Le Pain béni est devenu une pyramide réalisée uniquement en fleurs multicolores. Il est désormais conservé à l’église d’une année sur l’autre. Et les conscrits ne sont plus les porteurs.