Destructions, ruines de guerre dans l'Ain

De 1940 à 1944, les destructions liées à la guerre dans l’Ain, bien que non comparables à celles constatées dans le nord-ouest ou l’est de la France, n’en demeurent pas moins présentes. Au même moment, la Résistance s’organise, mais entraîne de nombreuses représailles. Dans l’Ain, 3 600 immeubles sont détruits ou endommagés. 

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Photographie - Bâtiment d'usine électrique détruit au Point B à Arbent, juillet 1944

Les premières répressions

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Photographie - Viaduc de Cize saboté par le maquis, 12 juillet 1944

Les bombardements à Pont-de-Vaux et à Bourg-en-Bresse le 16 juin 1940 occasionnent les premiers dégâts et victimes civiles. Plusieurs immeubles sont touchés dans le secteur de la gare et de la Tréfilerie à Bourg. Pour tenter de stopper l’avancée des Allemands, l’Armée française sabote entre le 15 et le 22 juin les ponts le long du Rhône, engendrant de sérieux dommages dans certains quartiers de la ville de Bellegarde.

La signature de l’Armistice le 22 juin 1940 permet un retour au calme temporaire. En novembre 1942, l’invasion de la zone sud par les Allemands, la réquisition de jeunes français pour le service du travail obligatoire marquent un tournant dans la guerre et dans l’opinion. Certains, refusant de travailler pour l’ennemi, gagnent les montagnes du Bugey et forment les premiers maquis début 1943. Ces combattants de l’ombre s’organisent progressivement. Ils pratiquent la guérilla et le sabotage. L’occupant allemand ne peut tolérer les perturbations quotidiennes de ses déplacements engendrées par l’activité des maquis. Aussi, la rafle de près de 150 hommes de Nantua, perpétrée le 14 décembre 1943, est le prélude de trois contre-attaques allemandes ciblées contre les maquis de l’Ain et du Jura. L’incendie précédé du pillage des maisons d’habitants soupçonnés d’avoir aidé la résistance, font partie, avec les exécutions et les déportations vers les camps de concentration, des stratégies de terreur pour tenter de couper le lien entre les villageois et les clandestins. En répression, plus de 600 personnes sont exécutées par les Allemands dans l’Ain, plus de 1 000 déportées.


1944 : l'année des destructions massives

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Photographie - Destruction de l'hôtel du Lion d'or lors de la bataille de Meximieux, 1er-2 septembre 1944

Lors de l’opération Korporal (5-13 février 1944), 99 maisons sont pillées et incendiées dans les communes de Brénod, Evosges, Aranc, le Grand Abergement, Nantua et Montréal. Lors de l’opération Frühling (7-17 avril 1944), le secteur du Haut-Bugey et du Jura est visé. 70 maisons sont détruites sur les communes de Corveissiat, Montanges, Belleydoux, Chavannes, Simandre-sur-Suran, Oyonnax, Matafelon. Le hameau de Chougeat est entièrement incendié.

L’opération Treffenfeld du 10 au 21 juillet 1944 est beaucoup plus dévastatrice. La résistance sabote le pont de Cize le 12 juillet pour tenter de retarder la progression de l’ennemi, en vain.  

Les Allemands considèrent le Revermont comme un « centre terroriste particulièrement bien organisé » devant être détruit une fois pour toutes avec en préambule à l’incendie, des pillages et exactions systématiques. Ainsi, dans ce secteur, le 18 juillet 1944, les villages de Cuisiat, Pressiat, Chevignat, Roissiat, Verjon et Poisoux sont incendiés. 278 bâtiments sont anéantis par le « Grand Brûle ». Le 21 juillet, la ville de Dortan est entièrement détruite par les flammes à l’exception de son château épargné par les Allemands pour « sa valeur culturelle considérable ». Au total, 1 225 maisons sont réduites à l’état de ruines ou gravement endommagées dont 242 partiellement, 983 totalement.

Plusieurs villes sont aussi sinistrées lors des combats de la Libération. À Pont-d’Ain, entre le 31 août et le 1er septembre, le pont routier est coupé, 48 maisons sont entièrement détruites. Au cours de la bataille de Meximieux du 1er au 2 septembre 1944, plusieurs immeubles sont sérieusement endommagés, des ponts coupés.

Lors de la Libération de l’Ain, le 4 septembre 1944, les sinistrés sont nombreux. Certains ont tout perdu, biens et logements. À cela s’ajoutent les traumatismes liés à la guerre, la perte de proches morts au combat, décédés en camp de concentration ou en captivité, ou rentrés au printemps 1945 affaiblis avec de nombreux séquelles psychiques. Le relogement des sinistrés est une urgence. Au-delà de la reconstruction matérielle, il s’agit pour les victimes survivantes de tenter de dépasser les traumatismes vécus et se reconstruire un avenir.