L'architecture de la Reconstruction

Reconstruits à la même époque et dans la même logique, les bâtiments présentent de nombreuses caractéristiques communes. Dans les paysages aindinois, qu’ils soient isolés, ruraux ou urbains, le style de la Reconstruction se lit sur tout type d’édifices.

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Les bâtiments agricoles

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Une ferme reconstruite dans la commune de Pressiat

Dans le Revermont, nombreuses sont les fermes qui sont parties en fumées. Lors de leur reconstruction, une nouvelle logique hygiéniste se met en place. À l’origine, dans ces bâtisses, l’espace d’habitation était directement relié à l’espace occupé par le bétail. Après-guerre, le principe de fermes traditionnelles est conservé mais les deux espaces sont cloisonnés et distincts. De plus, les architectes prévoient plus d’ouvertures dans la partie habitable. La Reconstruction est aussi l’occasion de désengorger les centres-bourgs et d’agrandir les places en réinstallant les fermes en périphérie du village pour leur offrir plus de place pour leur exploitation.

Architecturalement parlant, cela se traduit par des édifices imposants, souvent tout en longueur. La partie agricole est percée de trous permettant une ventilation naturelle et de grandes portes pour laisser passer les machines agricoles. Elles sont aussi caractérisées par leur soubassement en pierres qui ont été récupérées des ruines.


Les habitations

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Une maison reconstruite dans la commune de Chevignat

Ce soubassement se retrouve aussi sur les habitations. Là encore, la tendance est à la modernisation et à l’utile. Les sinistrés ont accès à une salle de bain moderne. Selon les témoignages des anciens, certains n’avaient pas l’habitude d’avoir une baignoire et n'en comprenaient pas forcément l’utilité. C’est ainsi que certaines d’entre elles servent d’élément de stockage pour y mettre du charbon ou des pommes de terre. De même pour les sanitaires, certaines personnes pensent qu’il n’est pas hygiénique d’aller aux toilettes à l’intérieur de la maison et ne s’en servent pas. De manière générale, les maisons de compensation ont été bien pensées. Toutes les pièces sont cloisonnées et fermées afin de pouvoir optimiser le chauffage dans chacune. Leur luminosité est réfléchie en amont des plans en tenant compte de la position du soleil. Elles sont également fonctionnelles grâces à de nombreux rangements intégrés aux murs. Par ailleurs, ces maisons, issues de la Reconstruction, comportent de nombreuses chambres. Ce choix peut paraître étonnant lorsque l’habitation est destinée à un couple sans enfants. Cela s’explique par le contexte d’après-guerre où la perte humaine est considérable et où les couples sont incités à faire des enfants. 

Côté architecture, elles sont assez semblables aux fermes reconstruites, du moins dans les villages aindinois : des maisons assez cubiques et simples avec un soubassement en pierre pouvant aller jusqu’au-dessus de la première rangée d’ouvertures, le reste de l’élévation en béton, des volets en bois et une porte d’entrée en chêne et fer forgé.

Dans les milieux plus urbains comme à Pont-d’Ain, le matériau principal des immeubles reconstruits est également le béton. Un édifice reconstruit se distingue d’un bâtiment d’origine tout en pierre. Ils sont sobres, sans fioritures et peuvent se caractériser par un alignement de fenêtres verticales à l’arrière ou sur le côté du bâtiment.


Le « style MRU »

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Maison reconstruite dans la commune de Cerdon

Le style de la Reconstruction aussi appelé « style MRU » se manifeste donc par le choix de la simplicité, sobriété, fonctionnalité mais également par l’utilisation des matériaux imposée par le MRU : le béton, le bois, des matériaux de récupération si possible, des carreaux de ciments au sol. Au fil du temps, les sinistrés ou les nouveaux habitants tentent de contrer l’aspect morose de cette architecture en y ajoutant de la couleur en repeignant leur boiserie ou leur façade.