Architectes et urbanistes reconstructeurs

Aussi appelés « hommes de l’art », les urbanistes et les architectes sont les protagonistes les plus importants de la Reconstruction. Ils sont chargés de préparer les plans de reconstruction et sont responsable de leur exécution.

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Projet de reconstruction d'une maison à Matafelon, plan de l'architecte Rémy Nicoud, 1946

Devenir acteur de la Reconsctruction

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Marc Dosse, 1966

Dans l’Ain, peuvent être cités Marc Dosse et Maurice Coste, les reconstructeurs du Revermont, Albert Cohendet qui participe à celle de Pont d’Ain, Rémy Nicoud qui intervient à Cerdon et Matafelon. En tant qu’architecte en chef de la totalité du département, François Anus a à sa charge 1660 sinistres totaux et 2697 sinistres partiels en 1945.

Pour participer à la Reconstruction, il faut être agréé par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU).  Pour obtenir le précieux papier, les architectes doivent fournir un dossier comprenant :

  • une fiche de renseignement sur leur identité,
  • leur attestation de mutuelle des architectes français,
  • leur situation militaire,
  • leurs diplômes,
  • leurs principaux travaux effectués, les travaux en cours,
  • leur attestation d’appartenance à l’Ordre des architectes (créé en 1940).

Les architectes voulant obtenir l’agrément doivent prouver qu'ils sont dignes de confiance : leur « attitude et comportement pendant les années d’occupation » sont étudiés et leur casier judiciaire vérifié. Des appréciations sont alors rédigées dans leur dossier telles que « moralité très bonne », « n’a pas été administrateur de biens juifs » ou encore « attitude et comportement très corrects ». 

 


Une répartition dans toute la France

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Plaque en l'honneur de l'architecte Albert Cohendet et des entrepreneurs Maillard et Duclos, reconstructeurs des immeubles détruits de Pont d'Ain.

Ils peuvent demander l’agrément pour un département précis. Le choix se justifie par la connaissance du territoire et le nombre de dossiers déjà en cours. Cependant, dans certaines régions, les architectes reconstructeurs ne sont pas assez nombreux. Ainsi, lors de leur demande d’agrément, ils doivent joindre une liste, avec un ordre de préférence, de trois autres départements où ils pourraient être affectés en cas de besoin. L’agrément pour un département peut être transféré. Par exemple, en 1956, après avoir majoritairement participé à la reconstruction de Pont-d’Ain, Albert Cohendet, demande le report de son agrément dans le Haut-Rhin.

Entre 1941 et 1954 : 9 000 agréments sont accordés par le MRU.

Les architectes ne travaillent pas dans les mêmes conditions en fonction de de leurs compétences et leur renommée. En 1946, le MRU met en place un système de classement. Un architecte ayant la mention « Très bien » peut prétendre au titre d’architecte en chef et peut exercer sur le territoire national. Un « bon architecte de talent » peut mener des chantiers hors du département où il exerce. Le « bon architecte courant », « architecte passable », « favorable débutant » ou « favorable collaborateur » est cantonné dans le département pour lequel il a été agréé.  


Entre renommée et rivalité

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Projet de reconstruction d'une maison à Matafelon, plan de l'architecte Rémy Nicoud, 1946

Durant toute la période de la Reconstruction, les architectes et urbanistes sont au cœur de plusieurs controverses et querelles. Participer à la reconstruction de la France est une manière de s’inscrire dans l’histoire et d’être reconnu pour avoir fait renaître de ses ruines une cité martyrisée. Nombreux sont ceux à vouloir cette renommée. Cependant les architectes régionaux se sentent parfois mis à l’écart par rapport aux architectes parisiens connus et donc plus souvent sollicités. Des tensions ont également pu exister avec les urbanistes, ne partageant pas toujours le même point de vue. À ces conflits s’ajoute des divergences sur le style d’architecture à adopter. Il faut faire un choix : rechercher l’esthétisme, la modernité, l’innovation ou répondre à l’urgence en reconstruisant à l’identique pour respecter la tradition.

Dans l’Ain, les architectes essaient tant que possible de faire du neuf avec du vieux en réutilisant les pierres des bâtiments détruits pour ériger les nouvelles constructions.