Les baraquements en bois

Face à l’urgence de la situation, certains sinistrés doivent provisoirement vivre dans des baraquements précaires construits dans les premières années après la fin des conflits, avant de voir leur maison reconstruite. Dès août 1940, un Service de constructions provisoires (SCP) est créé. Rattaché à la Direction bois, il assure la fabrication d’abris démontables ou semi-démontables pour particuliers et des bâtiments publics détruits (école, église, mairie, etc).

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Grange à Verjon

Construire au plus vite

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Notice de montage d'une baraque en bois. Ce document montre la facilité de montage. Les baraques doivent pouvoir être montées par tous, d'où la simplicité des dessins.

Le SCP met au point plusieurs types de baraques utilisables en toutes circonstances, leur taille et leur structure diffèrent selon leur destination (habitation, hangar, école, bâtiment agricole). Elles sont construites selon trois fondamentaux : les techniques de montage doivent être accessibles à tous et rapides, elles doivent nécessiter des compétences techniques simples, disponibles au sein de la main d’œuvre locale et les matériaux de construction doivent être prélevés sur place dans la mesure du possible. Sinon, des panneaux mobiles en bois, prêts à être montés, sont envoyés dans les communes sinistrées. Ces panneaux peuvent provenir des dons de la Suisse, des Etats-Unis ou encore du Royaume-Uni pour prêter main forte à la France.  

En plus de ces « maisons catastrophes » construites pour l’occasion, certaines baraques en bois proviennent des anciens baraquements militaires Adrian utilisés durant la Première Guerre mondiale. Elles servaient pour les troupes comme hangars, casernes, magasins ou à l’arrière des combats pour accueillir des réfugiés.  Par ailleurs, celles des camps des chantiers de jeunesse, organisés par le gouvernement Pétain de 1940 à 1944, sont mises aussi à disposition.


Habiter dans les baraquements

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Baraque en bois dans la commune de Roissiat

Quelle que soit leur provenance, l'attribution des baraques est gérée par la Direction des réfugiés de chaque département avec accord du préfet. Les familles non solvables, les Juifs et les personnes « à l’idéologie douteuse » n’ont pas le droit d’y prétendre.  Une fois propriétaire, les sinistrés doivent remplir un « engagement d’occupation de bâtiment provisoire » qui fixe notamment le montant de la redevance d’occupation due à l’Etat. Par exemple, à Matafelon, pour un hangar de 180 m2, en bois et en tôle, la redevance annuelle est de 2 700 francs.

La vie quotidienne est précaire et rude dans ces abris d’urgence. À l’intérieur, il y a peu de pièces, peu de mobilier, pas de commodités, aucune isolation. De plus, les matériaux (bois, tôle et terre battue au sol) imposent aux habitants le respect d’un cahier des charges strict. Il leur est formellement interdit d’entreposer des produits inflammables. Le pétrole, l’alcool ou l’huile doivent être conservés en bidons ou en boîtes métalliques hermétiquement fermés et en petite quantité. Aucune installation électrique susceptible de créer un incendie ne peut être utilisée.


Des traces dans le paysage d'aujourd'hui

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Le trompe l'œil de brique sur la baraque en bois à Verjon.

Bien que fragile, il est toujours possible de voir des baraques en bois dans l’Ain et particulièrement dans le Revermont. Elles sont abandonnées, modifiées, agrandies, restaurées ou toujours habitées et font partie du paysage des villages martyrs. Les communes qui en conservent le plus sont Roissiat et Verjon. À Roissiat, ce sont trois baraques de type habitation qui sont encore visibles tandis qu’à Verjon les constructions sont plus diverses : hangar communal à foin, habitation et écurie. Cette dernière comporte un détail étonnant : le bardage a été recouvert par un trompe-l’œil en brique. Cet effet, n’est visible que sous le débord de toit, sur le reste de la construction la peinture a disparu. Nous pouvons imaginer que cela a été fait dans le but de donner un peu plus d’allure au bâtiment.



À lire sur le sujet

Utopie domestique, intérieurs de la Reconstruction, 1945-1955, Chauvin Elisabeth, Gencey Pierre, Ville du Havre : Piqpoq, 2014

La reconstruction des villes françaises de 1940 à 1954, Histoire d’une politique, Voldman Danièle, Paris : Editions l’Harmattan, 1997

Ouvrages en consultation au Centre de ressources documentaires - Service patrimoine culturel