Le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme

Après les destructions causées par la guerre, la nécessité de reconstruire s’impose. Ce grand chantier s’organise autour du nouveau ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Il ne s’agit pas de refaire à l’identique mais de proposer un plan de reconstruction.

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Une France en ruine

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Baraque provisoire installée sur une ruine à Pressiat, 1945

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une partie de la France est en ruine. Dès la fin des combats, il est important de dresser le bilan des destructions pour tenter de calculer le montant des pertes, d’anticiper le besoin matériel et économique, d’établir des ordres de priorités. En 1944, les premiers chiffres tombent : en France, 460 000 immeubles sont détruits, 190 000 sont endommagés, 22 000 km de voies ferrées sont hors-services, 115 gares sont détruites ainsi que 7 500 ponts routiers.

Les années 1944, 1945 et 1946 sont les années du provisoire. Dans un premier temps, les habitants sinistrés sont logés chez des proches, ou dans leur maison ruinée en se construisant un abri de fortune à l’intérieur avec des bâches, ou dans des baraquements provisoires. Pour l’État, la priorité est de remettre en état le maximum de bâtiments réparables à peu de frais, d’engager les travaux de constructions provisoires dans les quartiers très atteints, de construire les industries vitales et les bâtiments publics d’utilité sociale (hôpitaux, école) et enfin de reconstruire les habitations de sinistrés. 


La mise en place du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme et de ses principes

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Extrait de la brochure Principes directeurs de la Reconstruction, mai 1946

Bien qu’il y ait urgence, la reconstruction ne peut débuter dès les dernières pierres tombées. Il faut d’abord déblayer les décombres, dessiner les plans, trouver des financements etc. Ces étapes intermédiaires sont gérées par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) qui lui aussi doit se mettre en place et s’organiser. Avant le MRU, il existe le Commissariat technique à la reconstruction immobilière (CRI), crée en 1940. Il est soutenu par une multitude de comités tels que le Comité national de la reconstruction (crée le 11 octobre 1940), la Sous-commission de la Reconstruction (crée le 7 février 1941), la Sous-commission d’architecture (29 mars 1942) ou encore la Commission centrale de la reconstruction (7 octobre 1942), pour ne citer qu’eux. Les procédures sont alors trop émiettées entre les différentes commissions et le besoin de créer un organisme unique se fait ressentir. Ainsi, le 16 novembre 1944 le MRU est créé par décret, avec à sa tête, Raoul Dautry.

Le maître mot du nouveau ministère en place est le plan d’ensemble, que ce soit sur le plan économique ou sur le plan urbanistique. Il impose également un programme avec des principes. Les matériaux et les techniques de préfabrication sont imposés, le bouleversement des parcellaires se fait de manière contrôlée et la répartition de l’espace urbain se veut fonctionnelle. En effet, la volonté première du MRU est de tirer avantage de la Reconstruction afin d’essayer de gommer les erreurs du passé en matière d’urbanisme. Reconstruire oui, mais mieux. Lors de l’édification des plans, le tracé des voieries, l’alignement des immeubles et la fonction de certains bâtiments sont repensés.

En résultat de cette planification nationale à grande échelle, un « style MRU » apparaît dans les villes détruites. Ce dernier sera souvent jugé de pauvre, timide, monotone ou triste en raison de l’utilisation massive du béton. Ce style architectural est tout de même interprété différemment selon les architectes, les lieux et les circonstances. Dans l’Ain, de nombreuses maisons reconstruites portent les mêmes signes distinctifs : une forme plutôt cubique et un soubassement en pierre permettant de les reconnaître dans le paysage. L’architecture de la Reconstruction doit s’apprécier dans son contexte de réalisation, tel un « témoin muet de la guerre ».