Itinéraire d'un sinistré

Une fois mis à l’abri dans des baraquements provisoires ou chez des proches, les sinistrés peuvent commencer les démarches pour faire reconstruire leur maison, leur ferme, leur immeuble ou leur commerce. C’est alors le début d’un long processus administratif.

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Maisons reconstruites à Cerdon

La redistribution des terrains

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Première page du carnet présentant les statuts de l’Association des sinistrés de Matafelon

Avant toute chose, il faut être reconnu sinistré par un arrêté ministériel. Ensuite, il est nécessaire d’adhérer à une association syndicale de remembrement, qui deviendra association syndicale de reconstruction une fois le remembrement terminé.

L’étape du remembrement est cruciale pour reconstruire les communes tout en les modernisant. Pour ce faire, il est nécessaire de redécouper les terrains, d’identifier ceux qui deviendront inconstructibles et ceux destinés aux axes de communication. L’association syndicale permet aux sinistrés de connaître les décisions centrales mais surtout de se faire entendre et de donner leur avis sur le projet de remembrement. Elle est supervisée par un Commissaire au remembrement mandaté par le MRU qui a la charge de dresser le plan de remembrement comprenant le projet de relogement des sinistrés dans la zone définie ou, le cas échéant, dans une zone de compensation.

De ce fait, les sinistrés ne peuvent pas toujours reconstruire leur maison au même emplacement. La délocalisation peut être minime, de quelques mètres pour permettre l’agrandissement de la voie, ou plus importante, un déplacement en périphérie pour désengorger et laisser respirer le cœur de ville.


Réaliser son projet de reconstruction

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Plan du projet de reconstruction d'une maison à Chevignat

Par ailleurs, les habitants peuvent prétendre à des indemnisations pour reconstruire leur bien. Leur montant dépend de l’état de destruction de l’édifice. Complètement en ruine, il faut pouvoir justifier de la valeur du bien avant-guerre. Les sinistrés doivent donc monter un important dossier comprenant des documents d’informations personnelles, des descriptifs techniques de leur bien avant destruction, des justifications de leurs revendications pour leur futur bien reconstruit, des notes concernant l’utilisation de leurs indemnités, etc. Les victimes de destructions de guerre, n’ont parfois pas la force ou l’envie de reconstruire leur bien dans leur village. Dans ce cas, ils peuvent procéder à un transfert d’indemnités, c’est-à-dire d’utiliser leurs dommages de guerre pour construire leur maison ailleurs, pour faire des aménagements dans un autre bien leur appartenant ou pour acheter une maison ou un appartement ailleurs. Par exemple, un habitant de Cerdon reporte son indemnité pour acquérir un appartement à Lyon, un sinistré de Pont-d’Ain l’utilise pour aménager une salle de bain avec chauffe-eau dans un autre immeuble et une famille de Matafelon s’installe à Bourg-en-Bresse.

Lorsqu’ils font le choix de reconstruire, ils doivent faire appel à un architecte. Une fois encore, être membre d’une association syndicale de reconstruction est un avantage car elle permet d’avoir plus de marges pour choisir les professionnels de la Reconstruction. Cependant, le choix n’est pas complètement libre puisqu’il faut choisir parmi une liste d'architectes agréés par le MRU. Une fois l’accord entre architecte et sinistrés signé, l’élaboration du projet de reconstruction peut commencer. L’architecte dresse d’abord le plan de restitution de l’état ancien puis élabore le plan de projet de reconstruction, celui-ci pouvant subir des modifications en fonction des demandes des habitants.

On peut parfois retrouver dans les archives, des lettres de sinistrés s’adressant au délégué départemental du MRU, expliquant qu’ils ne sont pas d’accord avec le projet proposé, que la valeur de leur bien avant-guerre a été revu à la baisse et que par conséquent, l’immeuble envisagé n’est pas à la hauteur de l’ancien. Dans ce cas, une réévaluation est ouverte.

Dans la majorité des cas, le plan de projet de reconstruction correspond bien à l’édifice qui est encore debout aujourd’hui.