Mémoire ouvrière
Sur les traces des pensionnaires des Soieries Bonnet
Durant plusieurs décennies, l’usine-pensionnat accueille des ouvrières originaires du Bugey, de la Bresse, de la Savoie, de la Haute-Savoie, du Jura et de Suisse. Certaines sont orphelines et sont placées à l’usine par l’Assistance publique. Autour de 1900, des ouvrières arrivent de Montceau-les-Mines, du Creusot et d’Italie du nord. Elles sont rejointes par des Polonaises dans les années 1920.
Des milliers de jeunes filles ont mêlé leur destin à celui de l’usine. Les collections de carnets nominatifs, les registres du personnel et les recensements de population de Jujurieux ont permis de retracer le passage de plus de 12 800 pensionnaires.
La vie au pensionnat
Dès 1835, les ouvrières logent à l’usine. En 1862, le bâtiment du « Ménage » est terminé pour abriter les dortoirs, salle de récréation, réfectoire et cuisines des pensionnaires. Les jeunes filles sont surveillées par les sœurs qui nourrissent leur sentiment religieux et veillent à leur bonne moralité. Une discipline stricte et sévère favorise l'accomplissement des tâches.
Au terme de leur passage à l’usine, les jeunes filles repartent avec un petit pécule et leur trousseau, patiemment confectionné après le travail.
Le système paternaliste de pensionnat industriel, dépendant d’une autorité laïque ou religieuse, connaît de nombreuses déclinaisons dans le sud-est et le nord de la France. Cité en modèle ou très vivement critiqué, l’internat de la maison Bonnet se distingue par sa capacité d’accueil et sa longévité. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le « Ménage » est démonté. Après plus de 100 ans d’existence, le pensionnat religieux est pour quelque temps relayé par un foyer dirigé par une infirmière.